Jazz à Montauban 2011 (part. 2) : avec Nikki Yanofsky et le quintette Dary/Montier/Milanta/Cordelette/Maingourd

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Le jeudi 7 juillet 2011

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Encore une soirée exceptionnelle, ce jeudi, pour la trentième édition du festival de jazz de Montauban et du Tarn-et-Garonne (www.jazzmontauban.com). Les organisateurs doivent avoir des relations non avouables avec la météo, car le temps qui était resté couvert pendant la journée, y compris pendant les répétitions, s’est lâché brusquement (une solide averse de cinq minutes) avant de redevenit normal pour le concert. Histoire de rafraîchir l’atmosphère, sans plus.

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La première partie du concert, consacrée à la mémoire de Coleman Hawkins, voyait cinq « pointures » monter sur scène. Deux saxophoniste ténors, Nicolas Montier et Nicolas Dary, le pianiste Philippe Milanta, le batteur Vincent Cordelette, le tout placé sous la direction du contrebassiste Pierre Maingourd. Autant dire cinq solistes parmi les meilleurs, qui jouent ensemble le répertoire du saxophoniste ténor favori du Montalbanais Hugues Panassié, le pape du jazz, qui fit connaître le jazz à la France dans les années trente. Et c’est à une restitution très convaincante de Coleman Hawkins, bien que nettement modernisée, que procèdent ces cinq musiciens de haute volée. Le Haricot, The Bean, aurait été enchanté d’entendre son « Hollywood Stampede » s’élever dans le Jardin des Plantes, où, sans doute, il fut déjà écouté naguère. Les deux saxes se passent le relais, interprètent seuls ou jouent ensemble, dialoguent avec le piano, avec la basse, avec la batterie, dans une complicité totale et avec un swing que ne pourrait pas désavouer  le pape Hugues qui n’était cependant pas fervent de nouveauté. Car cette relecture de Coleman Hawkins, bien que nouvelle à plus d’un titre, est rattachée à la tradition du swing classique, fonctionne comme lui-même le faisait dans ses propres paraphrases et est baignée d’un sens merveilleux de la beauté. Témoin, un « Stardust » à faire fondre la plus coincée des nonnes. Le public populaire de Montauban, bien que peu habitué à ce style de musique, semble hautement apprécier. Nous, cela nous enchante.

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La seconde partie nous offre une chanteuse dont vous n’avez pas fini d’entendre parler : la chanteuse canadienne Nikki Yanofsky. Ce petit bout de femme, un mètre cinquante, trente-cinq kilos toute mouillée, tout juste dix-sept ans, possède une voix puissante, une science de la scène et du micro confondante et un métier que bien des professionnelles de haut vol peuvent lui envier. Avec deux standards, elle met le public dans sa poche, attaque bille en tête « Mr Paganini » et vous le plie en deux temps trois mouvements. Un swing d’enfer, une pulse incroyable. Elle scatte comme Ella Fitzgerald, monte et descend les arpèges comme en se jouant. Son quartet, derrière elle, claviers, batterie, basse et guitare, joue les utilités, soulignant ici, brodant là, mais sans jamais empiéter sur son territoire. Le jazz qu’elle chante, comme les variétés (Beatles et autres) reste très écrit et Nikki Yanofsky se garde bien d’improviser, mais on sent que ses capacités sont immenses et que, pour peu qu’elle continue dans le jazz (ce qui n’est pas acquis, car on sait que l’argent, c’est ailleurs qu’il réside), elle peut y construire une carrière historique. « You’ve changed », de Billie, reprend des couleurs, « Someone to Watch Over Me » également, de même que « On the Sunny Side » ou la comptine de notre enfance « Old McDonald Has a Farm » revue à vitesse supersonique. Cette Nikki Yanofsky semble fragile, menue, gracieuse, naturelle, sans artifice ni maquillage. Le contraste, justement, entre sa taille minuscule et cette voix puissante et déliée (jamais elle ne crie) est proprement stupéfiant. Cette petite, décidément, est une très grande. Le festival Jazz à Montauban lui remet son « Coup de cœur 2011 » devant un public enthousiaste. Ce n’est que justice.



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