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  • Michel Bedin
  • Musique

Tulle : Festival Nuits de nacre 2011

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24ème édition. Le cinquième élément
du 15 au 18 septembre 2011

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La vingt-quatrième édition du festival des Nuits de nacre de Tulle (Corrèze) a pris pour intitulé Les cinq éléments. Nom judicieux, car il regroupe la Terre et les Nuits de nacre y sont solidement ancrées, avec toujours une place importante pour les musiques du terroir et du folklore, l’Eau, avec cette année une scène en ponton sur la Corrèze, des chants de marins et la ville transformée en guinguette, le Feu, avec des tangos, des bandonéons, du flamenco et de la salsa, de l’Air, bien sûr, comme celui qui fait vibrer les anches et le fameux Cinquième élément qui pourrait bien être la passion et l’amour. Car des chansons d’amour, il y en a eu plein la ville de l’accordéon qu’est la ville de Tulle, et dans ce festival un  peu magique que sont les Nuits de nacre, rendez-vous pour tous les accordéonistes et les amateurs d’accordéon.

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L’Artiste « Fil rouge » de cette année était l’accordéoniste argentin Chango Spasiuk, grand chaman du chamamé, une scottish importée par des immigrés allemands de la Volga qui arrivaient sur les territoires jésuites des Guaranis, entre Brésil et Paraguay. Avec lui, bien sûr, l’autre grand du chamamé, Raul Barboza.

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A Tulle, pendant ces trois jours, en fait, on peut dire cinq, si l’on ajoute le mercredi où Solange Bazely fit une conférence sur Tango et cinéma, ainsi que le dimanche où, en plus du marché des producteurs de pays, on pouvait assister au duo accordéon-clarinette de Mélanie Brégant et de Florent Charpentier.
Les grands concerts, sous chapiteau ou au théâtre, ont été ceux de la chanteuse Juliette, de l’harmoniciste Greg Zlap entre blues, jazz et rock, la carte blanche à Marcel Azzolla, et le Cinquième élément, c’est-à-dire la rencontre de Chango Spasiuk avec le quatuor d’accordéons (Lionel Suarez, Jean-Luc Amestoy, Vincent Peironi et Didier Ithursarry).

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Il y avait salle comble au Chapiteau Albert Hamann, pour le concert de Juliette. Quand je dis comble, c’est comble, il y avait même du public assis par terre devant, ou debout sur les côtés (bonjour, les vertèbres). Juliette, c’est une merveille d’intelligence et de sensibilité, d’humour et de talent. Qu’elle chante ses propres textes (« Rue Roger Salengro ») ou ceux des autres, Gainsbourg par exemple (« Les Dessous chics), elle est parfaite, discutant avec le public ou avec ses musiciens, semant un joyeux souk sur scène et dans la salle. Le public, hilare et ému, car elle a le don de faire rire et d’émouvoir, lui fait un triomphe.

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Idem pour la soirée Azzolla, le lendemain au même endroit. Marcel Azzolla, qui est désormais un habitué des lieux, tant il a déjà été invité, est venu avec une brochette de musiciens prestigieux, la pianiste Lina Bossatti, les frères  Luc, Sylvain (g) et Gérard (acc), Marcel Loeffler (acc), Daniel Mille (acc), Sanseverino (bjo, chant et déconnade), Ludovic Beier (acc), Diego Imbert (b), Dédé Ceccarelli (dm) et Olivier Ker-Ourio (hca). Du lourd de chez lourd, comme dirait mon voisin. Sensibilité et jazz au rendez-vous, avec la bonne humeur et la beauté. Le jazz, c’est, par exemple, l’accordéoniste Marcel Loeffler, qui joue un « Stella by starlight », avec un swing parfait. La sensibilité, c’est aussi bien Ludovic Beier qu’Olivier Ker-Ourio, qui joue « l’hymne national réunionnais », sur son harmonica. La bonne humeur, c’est ce fantasque de Sanseverino qui, guitare-banjo en main et chapeau sur la tête, nous emmène dans les embouteillages ou nous raconte par le menu une de ses chansons-cataracte d’allitérations, avant de l’interpréter. Cette « grande gueule », à la rapidité d’élocution impressionnante, déconne à pleins tubes quand il n’a rien à faire, va embêter la pianiste, etc. C’est le ludion de l’orchestre, jamais en place. La bonne humeur, c’est aussi Gérard Luc qui commence avec un medley débutant par « The Man I Love » et finissant par « Somebody Loves Me », puis enchaînant avec « Saltayre », un fandango basque. La beauté, c’est évidemment Daniel Mille, accordéoniste qui émouvrait un agent de change, tout comme le couple Lina Bossatti–Marcel Azzolla dont la complicité est évidente et qui se complètent à merveille, chacun étant à l’écoute de l’autre en permanence. Ajoutez Sylvain Luc, guitariste de génie, pour combler les trous ou inventer des contre-chants, simplement comme il respire, et une section rythmique de rêve : Diego Imbert et Dédé Ceccarelli. Un « Bluesette » pour rendre hommage à Toots Thielemans et un final avec « Swing Valse » de Gus Viseur et « Indifférence » de Tony Murena où ils se retrouvent tous ensemble. Ce fut une soirée magique.

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Le quatuor et le cinquième élément, le lendemain au théâtre, avaient du mal à faire la concurrence avec la séance jazz et émotion de la veille, alors ils ont joué seulement sur l’émotion, et il y ont réussi. Lionel Suarez, Jean-Luc Amestoy, Vincent Peironi et Didier Ithursarry, l’un après l’autre, seuls, en duo, en trio, en quatuor, changeant et se retrouvant, pour, finalement, jouer enfin en duo, trio, quatuor ou quintette avec Chango Spaniuk, c’était un concert d’une tendresse extrême, chaque formation éphémère étant différente de la précédente. Un rappel qui n’en finissait pas, acclamé par un public enthousiaste. Point final sur « Libertango ».

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Mais le festival de Tulle, c’est aussi la quantité industrielle de concerts gratuits, sur la place, dans les bals, dans les cafés. C’est ainsi que nous avons découvert Imaz’elia, un groupe tsigano-andalou oriental, Les Castafiores, groupe de chanson française bancale et déjantée, Place de Arts, un groupe de ska-musette (eh oui, ça existe), Muz’nouche, un groupe de chansons anarcho-déclavetées avec le chanteur Valery Debrowski qui officiait l’an dernier en Dénicheur (voir article en tapant sur le moteur de recherche). Mais aussi Paye ton schtreimel, groupe klezmer, le chanteur Coko (voir article), LéOparleur, groupe world-punk, La Ruelle en chantier, un quartet de chanson popu, Rue d’la Soif, un groupe rock, La Menina sin nombre, un trio de zikmu balkanique, Tribal Jâze, un autre trio qui ne craint pas les décibels, etc. Car le nombre de scènes est innombrable. Sans compter les bals, Bal à Bistan, orchestres Fabien Veyriras, Jean-Claude Labouchet, ni les groupes que je n’ai pas pu voir.

Il y avait aussi Jenifer qui chantait, mais j’ai passé l’âge : j’ai plus de quatorze ans.

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Tulle, c’est aussi le Pôle Accordéons, avec la reconstitution de la célèbre boutique de Martin Cayla, la gentiane Salers qui fait de si jolis cocktails, ses commerçants parties prenantes du festival, comme la maison de musique O’Tarenta (guitares à essayer au premier). Mais le plus simple, pour vous, c’est d’y aller vous-mêmes.

texte de Michel Laroche



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