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Alfred Schnittke, Piotr Ilyitch Tchaïkovski par l’Orchestre Philharmonique et le chœur de Radio France

fedoseyev-pleyel-faustdirigés par Vladimir Fedoseyev
vendredi 21 septembre 2012
Salle Pleyel

Le thème de Faust a depuis longtemps tenté les compositeurs et récemment Pascal Dusapin, John Adams et Philippe Fénelon avaient chacun à leur manière enrichi et apporté leur contribution à ce mythe extraordinaire. Bien sûr, ils avaient été précédés par deux compositeurs incontournables du 19e siècle, d’abord Berlioz avec sa Légende dramatique La Damnation de Faust et par l’opéra de Charles Gounod, Faust.

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Mais il faudrait aussi citer les contributions également essentielles de Boïto, Liszt et Busoni qui, eux aussi,  ont œuvré à ce mythe fantastique . Pour Alfred Schnittke (un compositeur chez qui l’art du collage en musique peut égaler celui d’un Luciano Bério), la composition de la Faust Cantate « Seid nüchtern und wachet »débute en 1983 et sera créée à la Singakademie de Vienne, par l’excellent chef d’orchestre  russe Guennadi Rojdestvenski le 19 juin 1983. Généralement les compositeurs s’inspirent du fameux texte de Goethe ; Alfred Schnittke fait exception à cette règle, préférant baser sa Cantate sur un livret s’inspirant de l’Historia von Johann Fausten, publié par Johann  Spies en 1587. Alfred Schnittke fait appel pour cette œuvre étrange et ténébreuse à un orchestre impressionnant où les percussions occupent une place prépondérante, et il n’oublie pas d’y adjoindre également un clavecin. Côté solistes Alfred Schnittke fait appel à quatre interprètes vocaux qui, chacun à leur manière, incarnent les différents acteurs de cette œuvre délibérément tournée vers le mystère et l’étrange. Pour mettre un point final à ce concert placé sous le signe de l’angoisse, et  s’avançant sur les territoires de l’inquiétude et du tourment, Vladimir Fedoseyev choisissait d’interpréter une œuvre hautement représentative du romantisme russe : la Symphonie n° 6 dite « Pathétique » de Tchaïkovski. Composée par Tchaïkovski en 1893, elle sera créée le 16 septembre 1893 sous la propre direction du compositeur  qui décède mystérieusement neuf jours plus tard ! Bien entendu cette fin brutale et plutôt inexpliquée de Tchaïkovski  apporte à cette Symphonie n°6 un surcroît d’étrangeté et d’horreur  qui,  par bien des aspects et par son aura funèbre, semble annoncer de façon prémonitoire la disparition  de l’auteur. Cette Sixième Symphonie est en fait le dernier volet d’une trilogie inaugurée avec la Quatrième Symphonie et qui prend pour sujet le Destin, cet ennemi implacable qui fait peser sur nos existences un poids terrible. Débutant par un adagio-allegro non troppo traversé de tempêtes terrifiantes la Symphonie n°6  «Pathétique » possède néanmoins un havre de relative tranquillité constitué par le deuxième mouvement en forme de valse, l’allegro con grazia. Mais bien vite ce climat presque serein fait place au troisième mouvement qui n’est autre qu’une marche hallucinante vers la folie et la mort. Quant au Quatrième mouvement indiqué Adagio Lamentoso, il est difficile de ne pas y reconnaître ce qui peut s’apparenter à une sorte de Requiem que Tchaïkovski averti par de noirs pressentiments de sa fin prochaine compose peut-être à sa propre intention ! Si Vladimir Fedoseyev nous révèle avec efficacité la Faust Cantate d’Alfred Schnittke, il nous livre une version sublime quasiment déchirante de la Symphonie n°6 de Tchaïkovski  (l’Adagio Lamentoso conclusif !) avec un terrible premier mouvement d’une rare violence ainsi qu’un troisième mouvement (Marche) d’une terrifiante noirceur et maintenu à un train d’enfer quasiment hallucinant !
Au total un concert mémorable grâce à une création consacrée à un compositeur russe beaucoup trop négligé et à une Symphonie de Tchaïkovski hissée grâce à un chef russe exceptionnel aux  plus hauts sommets.



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