Skip to main content
PUBLICITÉ

Reportage : Festival Django de Liberchies (Belgique) du 4 et 5 mai 2013

Pour cette onzième édition, qui tombait, cette fois-ci, pas loin du soixantième anniversaire du départ du Grand Manouche (décidément, le temps passe), le festival Django de Liberchies (www.djangoliberchies.be) avait rénové les conditions d’accueil du public, avec des tribunes couvertes en gradins, davantage d’espace, et une circulation plus fluide. Nous, très modestement, nous avions apporté le soleil, suivant le principe énoncé par Jean Cocteau dans « Les Mariés de la Tour Eiffel » : « puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur. » Et c’est vrai que ce soleil fut très apprécié, car on l’attendait depuis longtemps.

festival-liberchies-2013-1-JV-Memorial

LA SUITE APRÈS LA PUB

festival-liberchies-2013-2-JV-medaille

A 15h30, le samedi, c’est un groupe venu de Liverpool, Swingology (www.swingology.weebly.com) , qui ouvrait le festival avec le « Daphné » de Django et du swing manouche, débordant parfois sur des accents de nouvelle orléans, ou de musiques de films, comme La Panthère Rose » de Henry Mancini ou encore de middle jazz comme « I Can’t Give You Anything But Love ». du jazz bon enfant, roboratif.

festival-liberchies-2013-3-swingology

En attendant le Uprise Trio, à 17h, nous faisons un tour à l’Espace Django où réside la collection de Marc Danval qui s’agrandit chaque année de dons et qui devient petit à petit un véritable musée du swing manouche. L’an dernier, le guitariste Titi Bamberger était venu les bras chargé de cadeaux pour le musée Django. Cette année, il est revenu avec, cette fois, une trentaine de trente centimètres différents de Django Reinhardt qu’il offre au musée, sous le regard reconnaissant du bourgmestre, M. Christian Dupont. Puis, porté par l’énergie des guitares de Stefan Koppenaal, de Menno Van der Reigten et de Rino Van Hoohdonk, le voici qui improvise un concert. Quatre guitares qui déroulent les standards que jouait Django (« Them Their Eyes », « J’attendrai », « Nuages »). Le public est médusé. Il le sera jusque tard, le lendemain, car Titi Bamberger jouera quasiment sans discontinuer, au bar, dans la grange, partout où il pourra trouver des partenaires.

festival-liberchies-2013-4-titi

LA SUITE APRÈS LA PUB

festival-liberchies-2013-6-titi

festival-liberchies-2013-5-titi

festival-liberchies-2013-7-titi

Retour au Uprise Trio, toujours sous le soleil. Deux guitaristes, dont l’un est également trompettiste, et un contrebassiste. Ils jouent des airs de Django ou joués par Django, mais avec un air plus jazz. Durant leur prestation, comme pendant celles de chaque groupe, un peintre, ou plutôt un sérial peindeur, comme il se nomme lui-même, Vincent Fonf (www.vincentfonf.fr) , saisit au vol le portrait du groupe qui joue. Rapidité d’exécution, couleurs primaires, mais le résultat est assez ébouriffant.

festival-liberchies-2013-8-fonf

LA SUITE APRÈS LA PUB

festival-liberchies-2013-9-public

A 18h30, arrive sur scène le trio Baggerman (www.thomasbaggermantrio.com) , qui présente la particularité de comporter quatre artistes. En effet, la chanteuse Eva Scholten s’est jointe aux frères Baggerman, Thomas à la rythmique et Max à la pompe, et au contrebassiste Machiel Willemsen. Le temps a fraîchi et nous avons froid pour elle, en petite robe d’été sur la scène où un vent tourbillonnant vient rendre sa position encore plus inconfortable. Du Django, des valses manouches, de la bossa et du bebop. Heureusement, le talent, ça réchauffe.

festival-liberchies-2013-10-baggerman

A 20h, alors que la bière, la Saint-Feuillien ambrée, brune ou triple (www.st-feuillien.com) continue à couler, c’est le trio à trois temps de Christophe Astolfi, un habitué du festival de Liberchies, qui vient nous offrir tout un bouquet de valses, comme Django en a composé et joué, avec Jean Vaissade, Tony Murena ou Gus Viseur. Des valses à couper le souffle, où la guitare précise de Christophe Astolfi peut justement, par sa dextérité, faire directement concurrence aux claviers de l’accordéon pour qui elles sont écrites et le remplacer intelligemment. Pour ces valses manouches, il est accompagné par la guitare rythmique de Frédéric Guédon et la contrebasse de Benjamin Ramos..

festival-liberchies-2013-11-astolfi

Enfin, la soirée, officiellement, se terminera avec le quintet des Doigts de l’Homme (www.lesdoigtsdelhomme.com), du swing manouche revisité aux accents d’Europe Centrale, voire carrément Orientale, voire d’Amérique latine, avec présence de banjo, de charango, de ‘oud. Une prestation haute en couleurs, gâchée un peu par une sonorisation excessive et un vent désagréable. Mais, pour les amateurs, cela continuera encore un peu avec ceux qui sont venus, guitare en main, pour participer à la fête.

LA SUITE APRÈS LA PUB

festival-liberchies-2013-12-tribunes

Le lendemain, alors que l’on se lèche encore les doigts du poulet « à la flic Thérèse » qu’on vient de déguster, c’est déjà reparti. Il est 14h30 : une chanteuse, Chantal Nicaise et le quartet Ixhor (www.ixhor.eu) qui jouent et brodent sur Disney et les musiques de ses films, des Aristochats à Cendrillon. Le soleil est là, et les spectateurs se prélassent et bronzent.

festival-liberchies-2013-13-ixhor

A 16h, retour à Django avec les Sweet Sixteen Strings (www.sweetsixteenstrings.jimdo.com), deux guitares, un violon, seize cordes en tout, et une langue bien pendue, celle du guitariste Eddy Krzeptowski, pour, entre deux morceaux, nous conter des histoires authentiques ou en toc, sur Django, sa vie, ses frasques, son œuvre, ses aventures. Valses, swing, bossa, chansons, blagues, cela donne plus d’une heure de plaisir.

festival-liberchies-2013-14-sweet-s

Les Violons de Bruxelles (www.lesviolonsdebruxelles.com) prennent la suite à 17h30. Eux, c’est la formule inversée du Quintette du Hot Club de France, une contrebasse, une seule guitare mais trois violons, dont un alto. La guitare, c’est pour Renaud Dardenne (excellent, virtuose et brillant), et parmi les violons, il y a Tcha Limberger, au lyrisme incroyable et qui, parfois, chante avec toute la mélancolie du monde. Magnifique ! Avec ces Violons de Bruxelles, on aborde aux Hautes Terres du swing manouche.

festival-liberchies-2013-15-tcha

A 19h, c’est encore un trio à quatre qui prend la scène, le trio BBQ (www.letriobbq.com) venu du Québec. Trio à quatre, puisque s’est incorporée au trio originel (deux guitares, une basse) la chanteuse Katerine Desrochers. C’est gentil, sympathique, très professionnel.

festival-liberchies-2013-16-BBQ

Enfin, arrive le moment tant attendu, celui où doit jouer, avec ses deux fils, guitaristes comme lui, Romane, dont le prochain CD doit sortir ce mois-ci. Un luthier amateur est venu lui montrer son œuvre et écoute ses conseils et ses avis.

liberchies-photo-17-romane

Puis, les voici sur scène tous les trois, le Romane Family (www.romaneguitare.com) au complet. Trois guitares et trois guitaristes, dans une complicité parfaite. Pas de guitariste rythmique ni de guitariste soliste, ils le sont tous les trois, en chorus à tour de rôle ou alternant les pickings et les rythmes comme, autrefois, on faisait du crochet ou de la dentelle. Ah, les habitués du style swing manouche vont être décoiffés. Car, en fait, c’est à une démonstration de l’histoire de la guitare que l’on assiste. Le Romane Family, de standards américains revisités en compositions personnelles, passe d’une bossa à la Gilberto Gil qui serait jouée par un Jimmy Raney à une valse de Django jouée à la Wes Mongomery. Richard et Pierre Manetti, ses deux fils, vous instillent des rythmes à la Jimi Hendricks sur des boléros d’avant-guerre, improvisent avec une virtuosité que leur père leur a transmise comme si la musique se passait par les gènes. C’est beau, intelligent, et jubilatoire. Un regard, un sourire, une expression et le témoin passe de l’un à l’autre, comme dans un jeu. D’ailleurs, ne dit-on pas des « joueurs » de guitare ? Ils le prouvent tous les trois et le public leur fait un triomphe. Ce futur CD va en surprendre plus d’un et fera grogner les éternels râleurs du swing figé une fois pour toutes et auquel, on n’a pas le droit de friser une moustache. Mais Django Reinhardt, lui aussi, n’a fait que cela en son temps et l’on peut être certain que cela l’enchanterait.

festival-liberchies-2013-18-romane

Je m’aperçois que j’ai oublié de vous parler des animations de rues, des luthiers, des jeux en bois, du musée gallo-romain, des bonimenteurs, de la tarte al’ djote, des déguisements, des jeux en bois, des fabricants de bulles de savon géantes, des séances de maquillages des enfants.  Je vous raconterai tout cela l’an prochain, pour la Douzième édition du Django Liberchies.

www.djangoliberchies.be

Cet article est illustré des photos de Jean Vaudois et de Michel Bedin

festival-liberchies-2013-19luthier

festival-liberchies-2013-20-luthier



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ