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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert : Kent Nagano – Susanne Elmark

Kent Nagano

Kent Nagano, direction
Orchestre Philharmonique de Radio France
Susanne Elmark, soprano
Arnold Schoenberg
Wolfgang Amadeus Mozart
Anton Bruckner
vendredi 16 mai 2014
20h -Salle Pleyel
www.sallepleyel.fr

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On peut se demander pour quel type de film Arnold Schoenberg a pu concevoir cette « Musique d'accompagnement pour une scène cinématographique ». Le cinéma allemand et autrichien de l'époque (entre 1920 et 1930) était alors fortement imprégné d'un fort courant expressionniste avec des metteurs en scène tels que Paul Wegener (auteur d'un célèbre Golem).Mais une des figures les plus marquantes de ce courant expressionniste du cinéma allemand est très certainement Friedrich Wilhelm Murnau dont les films les plus marquants sont Nosferatu, Faust et Le dernier des Hommes. Après cette œuvre sombre et inquiétante d'Arnold Schoenberg qui sera créée le 28 avril 1930 par Hans Rosbaud dirigeant l'Orchestre de la Radio de Francfort c'était au tour de Wolfgang Amadeus Mozart de s'intégrer à ce concert. Il s'agissait de trois airs de concert « Ah, lo previdi » datant de 1777, de « Misera, dove son !» de 1781 et de « Un Moto di gioia mi sento nel petto »composé en 1789 pour la reprise du rôle de Susanna des Noces de Figaro en 1789 à Vienne. C'était à la soprano Susanne Elmark de défendre avec une belle énergie ces trois airs de Mozart, très efficacement soutenue par Kent Nagano à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio France. Pour terminer ce concert, Kent Nagano proposait au public de la Salle Pleyel une Symphonie de Bruckner parfois qualifiée du nom de « Wagner ».


L'œuvre en question est la Symphonie No3 dont Kent Nagano avait fait le choix de diriger la version finale de 1889.Car ici bien entendu, cédant aux différentes pressions venues de toutes parts, Bruckner avait procédé à de multiples corrections depuis sa première version remontant à 1873.On ne saura jamais à quelles audaces d'écriture Anton Bruckner aura dû renoncer. Non seulement l'œuvre est ainsi sérieusement élaguée du point de vue de ses dimensions, mais on peut dire que cette version de 1889 dirigée par Kent Nagano n'est finalement qu'une des trois ou peut-être quatre versions rédigées par Anton Bruckner, saisi comme souvent par le démon du doute ! L'impressionnant premier mouvement qui débutait cette troisième Symphonie de Bruckner baignait tout entier dans une atmosphère mystérieuse, instaurant peu à peu un climat obsessionnel fait à la fois d'inquiétude et de menace. L'Adagio constituant le deuxième mouvement, sans renier l'influence de Schubert ouvre tout de même de vastes horizons dont le pauvre Schubert, disparu beaucoup trop tôt, avait pourtant décelé la possibilité dans le second mouvement de sa Neuvième Symphonie. Le Scherzo qui tient la troisième place dans cette Symphonie de Bruckner, anticipe déjà les vastes paysages résonnant de chasses démoniaques qui éclateront dans le Scherzo de sa Quatrième Symphonie « Romantique ». Le Finale qui termine cette Symphonie fait alterner comme souvent chez Bruckner des épisodes très calmes, poétiques, soudainement accolés à de terribles accès de violence. Kent Nagano dirigeant avec beaucoup d'ardeur et d'intuition l'Orchestre Philharmonique de Radio France, parvenait à faire de cette Symphonie relativement ignorée un édifice sonore extraordinaire et visionnaire .Une exécution exemplaire et inspirée permettant de classer sans hésitation, Kent Nagano comme un authentique chef brucknérien et qui d'ailleurs a l'air de s'orienter vers une intégrale des Symphonies du Maître de Saint-Florian effectuée avec différents orchestres.

Texte de Michel Jakubowicz

Susanne elmark

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