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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD : 1913 Au Carrefour de la Modernité

Busoni

Busoni, Debussy, Stravinski
Jean-Sébastien Dureau & Vincent Planès
Piano Pleyel à double clavier
Editions Hortus
Durée du CD : 76'40''
Notation : etoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-rouge(5/5)

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Lorsque l'on évoque Le Sacre du printemps de Stravinski, on en revient presque obligatoirement à l'évocation de l'immense scandale que provoqua ce ballet lors de sa création au Théâtre des Champs-Elysées en 1913 sous la direction de Pierre Monteux .Ici nous ne sommes pas au Théâtre des Champs-Elysées et ses spectateurs déchaînés, mais avec la version du Sacre du Printemps que Stravinski composa à la même époque pour deux pianos. Bien sûr cette version presque austère, sévère, ne possède pas l'éclat rauque et sulfureux de la version orchestrale, mais dans sa simplicité presque rugueuse, acérée, elle résume parfaitement la pensée musicale du compositeur de génie qu'était Stravinski. Avec cette version pour deux pianos, Stravinski recrée cette Russie païenne, offrant aux dieux inconnus de terribles sacrifices humains. Bien que limitée à deux pianos l'œuvre maintient jusqu'à sa brutale conclusion un déchaînement graduel de violence et de tension. Créée en 1916 à l'Hôtel de Polignac alors que la France est en guerre contre l'Allemagne depuis deux ans, En Blanc et Noir de Debussy pour deux pianos étonne par son aspect presque joyeux, décontracté qui s'impose dans la première pièce « Avec Emportement ».

Ce n'est que dans la deuxième pièce « Lent-Sombre » que l'atmosphère s'alourdit et que de sombres nuées font leur apparition, mais finalement cette impression s'estompe et une sorte de gaieté fugace fait à nouveau surface. Quant à la troisième partie « Scherzando » elle multiplie les rythmes les plus contrastés, s'achevant de manière discrète. L'auteur de l'opéra Doktor Faust et d'un étonnant et immense Concerto pour piano et orchestre, Ferrucio Busoni, figure ici dans ce CD avec sa Fantasia Contrappuntistica pour deux pianos composée entre 1910 et 1921.Bien que marquée par la modernité, l'écriture pianistique de Busoni ne renie nullement l'enseignement de Liszt dans le Preludio corale qui ouvre cette œuvre. Par contre Busoni dans les cinq dernières pièces rend un évident hommage à Johann Sebastien Bach. Cela est immédiatement perceptible dans la Fuga I qui suit le Preludio corale. Une œuvre qui permet de mieux cerner l'extraordinaire destin musical d'un compositeur placé au confluent de deux univers musicaux : l'Italie et l'Allemagne. Jean -Sébastien Dureau et Vincent Planès qui jouent ici sur un étonnant piano Pleyel à double clavier parviennent à recréer avec une intensité jamais prise en défaut ces trois univers diamétralement opposés.

Texte de Michel Jakubowicz



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