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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD : Franz Schubert Quatuor à cordes en ré mineur («La Jeune Fille et la Mort» D.810) par Leos Janacek et le Quatuor Debussy

schubert-janacek-quatuor-debussy

Quatuor No1 « Sonate à Kreutzer »
Evidence (Harmonia Mundi)
durée du CD : 57’10’’
notation : etoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-grise(4/5)

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Avec l’ultime 15e Quatuor en sol majeur et le Quatuor No14 « La jeune Fille et la Mort », Schubert met un point final à son parcours fantastique dans un domaine où jusqu’à présent Beethoven seul régnait en maître. Composé en 1824 sur un de ses lieder datant de 1817, ce Quatorzième Quatuor débute par un Allegro très développé qui par sa violence, ses anticipations fulgurantes annonce déjà l’ultime et dernier Quinzième Quatuor en Sol Majeur.

Schubert semble y accumuler l’angoisse et la terreur, tentant vainement de repousser l’approche de l’inéluctable trépas. Dans le second mouvement basé sur le lied La Jeune fille et la Mort, revêtant l’aspect d’une créature bienveillante et inoffensive, la Mort cherche à tout prix à s’attirer les bonnes grâces de la Jeune Fille, lui décrivant l’Empire de la Mort comme une sorte de Paradis recelant d’infinies douceurs où il fait bon  disparaître à jamais. Schubert, dans ce mouvement, atteint au sublime, dépeignant avec une douloureuse passion l’inégal combat mené par la Jeune Fille contre la Mort enjôleuse et sûre de son triomphe. Le bref Scherzo qui suit ce terrible second mouvement constitue presque une sorte de pause grâce à son trio presque totalement dénué d’angoisse. Mais avec le dernier mouvement Presto s’amorce une sorte de course infernale et démoniaque qui ne peut aboutir qu’à la victoire totale de la Mort. Avec le premier Quatuor de Leos Janacek qui date de 1923, nous entrons dans une conception radicalement nouvelle du Quatuor à cordes. En effet Leos Janacek utilise les quatre instruments du Quatuor  à cordes comme des personnages issus de ses propres opéras. Le compositeur de Katia Kabanova et de Jenufa use d’un langage violemment expressionniste, tendu, douloureux qui va s’amplifier pendant toute la durée de l’œuvre. Surnommé « Sonate à Kreutzer », ce Quatuor No1 de Janacek n’est pas du tout, loin s’en faut une louange à l’égard de Tolstoï, qui dans son roman la Sonate à Kreutzer justifie l’assassinat de la femme adultère par le mari trompé. Bien au contraire Leos Janacek  s’oppose ici de toutes ses forces à l’écrivain russe dont il devient l’accusateur. Très honorable et sensible version du Quatuor No14 de Schubert par le Quatuor Debussy qui accuse tout de même un manque de tension dans le second mouvement. Par contre le Quatuor Debussy restitue avec une sorte de passion convulsive les quatre mouvements du Premier Quatuor de Leos Janacek, égalant d’une certaine façon quelques grandes versions occidentales signées par le Quatuor Hagen, le Quatuor Diotima, le Quatuor Britten et le Quatuor Lindsay.

texte de Michel Jakubowicz

CD disponible sur Amazon

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