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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

(Concert) Peter Eötvös , Speaking Drums…

eotvos

Concerto pour percussions (2012-2013)
Concerto grosso pour violoncelle et orchestre (2010- 2011)
DoRéMi, concerto pour violon et orchestre N°2 (2012)
PIERRE BOULEZ
Notations 1,7, 4, 3 et 2
Orchestre Philharmonique de Radio France
Direction : Peter Eötvös
Violon Midori, Percussions Martin Grubinger, Violoncelle Jean-Guihen Queyras
Samedi 22 novembre 2014, 20h
Auditorium de Radio France
maisondelaradio.fr

LA SUITE APRÈS LA PUB

Pour les soixante-dix ans de Peter Eötvös, Radio France avait donné carte blanche au compositeur et chef d'orchestre hongrois Peter Eötvös. Une carte blanche que Peter Eötvös avait inaugurée avec l'Ensemble Intercontemporain le vendredi 21 novembre dans un programme entièrement consacré à ses propres œuvres. Ce soir du 22 novembre, Peter Eötvös proposait au public de l'Auditorium non seulement trois de ses œuvres récentes mais également cinq des Notations pour orchestre de Pierre Boulez. Pour ouvrir ce concert presque exclusivement consacré à ses œuvres, Peter Eötvös débutait avec ce Concerto pour percussions « Speaking Drums » datant de 2012-2013 qui possède la particularité de mêler percussions et voix, demandant de la part du soliste(en l'occurrence Martin Grubinger) une très grande virtuosité alliée à une précision infaillible. Véritable Concerto pour percussions et orchestre, l'œuvre subjugue par son dynamisme et sa recherche de rythmes presque sauvages que le percussionniste doit impérativement maîtriser. Peter Eötvös qui semble avoir étudié avec une grande acuité les percussions à Miskolc qui se situe dans le nord-est de la Hongrie, fait montre dans cette œuvre à la virtuosité étourdissante d'un savoir-faire étonnant établissant entre l'orchestre et le soliste une connivence impressionnante.

En seconde partie, Peter Eötvös renouait avec un genre que nombre de compositeurs européens avaient pratiqué dès la fin du XVIIe siècle : le Concerto grosso. Bien entendu lorsqu'on évoque le Concerto grosso c'est d'abord à Corelli, Vivaldi, Haendel que l'on pense, eux qui ont donné ses lettres de noblesse à ce genre si noble .Pourtant la liste des compositeurs qui se sont également illustrés dans ce genre si en vogue durant cette période comprend aussi d'autres compositeurs de talent. Parmi ceux-ci comment ne pas signaler Muffat, Torelli sans oublier Alessandro Scarlatti et tant d'autres...Mais décidément le genre Concerto grosso a survécu jusqu'à nos jours puisqu'on trouve ce type d'œuvre chez des compositeurs comme Schnittke, Krenek, Martinu, Kaminsky et Bloch( le célèbre auteur de Schelomo, rhapsodie hébraïque pour violoncelle et orchestre).C'est le 16 juin 2011 que ce Concerto grosso pour violoncelle et orchestre de Peter Eötvös est créé avec Miklos Perenyi au violoncelle, le compositeur dirigeant lui-même l'Orchestre Philharmonique de Berlin. Ce soir du 22 novembre, à l'Auditorium de Radio France, c'était au violoncelliste Jean-Guihen Queyras de défendre avec une belle prestance l'œuvre du compositeur hongrois, celui-ci assumant la direction orchestrale de l'œuvre. Ce Concerto pour violoncelle de Peter Eötvös se compose de trois mouvements fondus en un seul où le violoncelle solo maintient tout au long de l'œuvre un constant dialogue non seulement avec l'orchestre mais également avec les huit violoncelles de ce même orchestre. Créé le 18 janvier 2013 le Concerto pour violon et orchestre DoRéMi de Peter Eötvös est une sorte de machine sonore à voyager dans le temps (on peut y entendre une comptine et une vieille mélodie).Mais ce Concerto rend aussi hommage à un grand compositeur hongrois : György Kurtag qui ne cachait guère sa vénération à Bartok. Très sensible interprétation de la violoniste Midori qui apporte à l'œuvre une indéniable clarté. La dernière partie du concert permettait d'entendre les Notations 1,7,4, 3 et 2 de Pierre Boulez dont l'exécution nécessitait un effectif orchestral considérable. Non seulement ces Notations faisaient appel à un vaste orchestre doté d'une imposante percussion incluant les timbales mais exigeaient également dix contrebasses et trois harpes ! Bien que parfois influencées par Schoenberg, ces Cinq Notations de Pierre Boulez peuvent aussi être perçues comme de lointaines descendantes de certaines œuvres pour orchestre d'Anton Webern qui intégra dans ses œuvres le modèle incontournable de la « Klangfarben-Melodie » auquel il ne renonça jamais. Peter Eötvös, qui ce soir du 22 novembre dirigeait l'Orchestre Philharmonique de Radio France, par sa direction rigoureuse savait non seulement nous faire découvrir ses propres œuvres avec beaucoup d'acuité mais donnait des 5 Notations de Pierre Boulez une version totalement neuve, véritablement revisitée de l'intérieur. Confronté à ce programme musical strictement contemporain, l'Auditorium ne décevait nullement, délivrant un son d'une netteté tranchante, maintenant avec succès un équilibre parfait entre percussions (pourtant abondantes), cuivres et cordes.

texte de Michel Jakubowiz



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