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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert du 19 décembre 2014 au Grand Auditorium de Radio France (Paris) : Dvorak, Brahms

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Orchestre Philharmonique de Radio France
Lionel Bringuier, direction
Daniel Müller-Schott, violoncelle
Dvorak : Concerto pour violoncelle et orchestre, op.104
Brahms : Symphonie No1 op.68
Le 19 décembre 2014 20h
Grand Auditorium
maisondelaradio.fr

LA SUITE APRÈS LA PUB

Trente ans plus tôt, Dvorak avait tenté de composer un concerto pour violoncelle, projet qu’il abandonna, laissant l’œuvre inachevée et démunie d’orchestration. Si aujourd’hui on peut admirer ce Concerto pour violoncelle op.104, c’est un peu grâce à l’insistance d’un ami de Dvorak violoncelliste, Hanus Wihan que ce Concerto sera créé le 19 mars 1896 au Queen’s Hall de Londres interprété par Leo Stern sous la propre direction du compositeur.

Dvorak au moment de la composition de ce Concerto pour violoncelle garde une intense nostalgie de sa Bohême natale, une nostalgie que l’on retrouve dans de nombreuses œuvres écrites précisément dans cette période d’exil. C’est ainsi que l’on peut rattacher  à cette période américaine  non seulement la Symphonie No9 dite « Nouveau Monde » mais également de nombreuses œuvres de musique de chambre. Parmi elles il y a évidemment le Quatuor No 12 « américain », mais le Quintette op.97 peut aussi par ses thèmes profondément slaves rappeler la lancinante nostalgie qui tenaille le compositeur tchèque supportant avec beaucoup de tristesse son éloignement de sa patrie tchèque. Le Concerto pour violoncelle op.104 débute par un imposant Allegro exigeant du violoncelle solo une énergie intense, face à un orchestre d’une grande richesse comportant une puissante section de cuivres dont un tuba. Par contre, chose singulière pour l’auteur de la Symphonie No9, on peut s’étonner de l’absence du cor anglais. Le deuxième mouvement  indiqué Adagio ma non troppo est tout simplement bouleversant, Dvorak se livrant ici à l’épanchement, à la solitude qu’engendre obligatoirement son exil dû à son éloignement insupportable.  L’Allegro moderato final se veut optimiste. En vain,  car la mélancolie et la tristesse viennent à nouveau troubler le cours de ce final qui se voudrait positif. Brahms attendra longtemps avant de se lancer dans le domaine de la Symphonie, écrasé semble t-il par l’ombre gigantesque de Beethoven. On peut supposer que la composition de ses deux Sérénades pour orchestre lui a d’une certaine façon ouvert la voie vers le chemin semé d’embûches et de périls que représente la Symphonie. Finalement c’est à Karlsruhe le 4 novembre 1876 que cette Première Symphonie sera créée sous la direction de Félix Otto Dessoff. Dès l’introduction d’un dramatisme vertigineux nous sommes saisis par l’intensité du propos, submergés par une vague torrentielle qui tient du prodige, du surhumain. L’Andante sostenuto qui lui succède se déroule dans une atmosphère plus sereine, faisant appel au premier violon qui entame avec l’orchestre un dialogue passionné. Le troisième mouvement Un poco Allegretto e grazioso surprend par sa grâce, son élégance, préparant d’une façon étrange l’irruption du final grandiose qui va suivre. Ce final intitulé Adagio. Più andante. Allegro non troppo ma con brio. Più allegro, ne peut nier l’héritage beethovénien mais s’élance aussi vers d’autres horizons par ses vastes proportions.
C’était ce soir du 19 décembre 2014 à Lionel Bringuier de diriger l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Brillant parcours que celui de ce jeune chef âgé de moins de trente ans et qui vient de prendre les rênes de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich longtemps placé sous la direction d’un chef américain talentueux David Zinman. A la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France très en forme, Lionel Bringuier nous donnait du Concerto pour violoncelle de Dvorak une version plutôt inspirée révélant par une direction incisive les nombreux contre-chants du premier mouvement. Le jeune violoncelliste Daniel Müller-Schott, d’un archet intuitif, superbe, savait faire surgir les intonations les plus secrètes de ce Concerto pour violoncelle de Dvorak. La dernière partie du concert était consacrée à la Première Symphonie de Brahms. Lionel Bringuier se retrouvait seul face à un orchestre imposant à nouveau démuni de cor anglais mais aussi de tuba, faisant appel  à de nombreux cuivres ainsi que quatre cors(souvent sollicités).Lionel Bringuier imposait sa vision de cette Première Symphonie de Brahms avec une vigueur et une tension presque explosives, ne laissant jamais le discours symphonique touffu, grandiose, de cette Symphonie sombrer dans la banalité  ou l’absence d’expressivité.

texte de Michel Jakubowicz



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