Concert du 23 janvier à la Philharmonie de Paris : Joseph Haydn - La Création, Oratorio
Orchestre de Chambre de Paris
Accentus
Thomas Zehetmair, direction
Sunhae Im, soprano
Werner Güra, ténor
Florian Boesch , baryton basse
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
vendredi 23 janvier 2015
Philharmonie de Paris - Grande Salle - 20h30
www.philharmoniedeparis.fr
Lorsque Joseph Haydn décide de composer son Oratorio La Création, il a forcément en mémoire un modèle incontournable : celui des Oratorios de Haendel (Israël en Egypte, Jephta, Le Messie, Judas Macchabée). L’œuvre est exécutée pour la première fois, sous la propre direction de Haydn dans le palais du prince Schwarzenberg à Vienne en 1798. Mais il fallut attendre le 19 mars 1799 pour assister à sa première exécution publique au Burgtheater. L’œuvre obtint un incroyable succès et eut un retentissement mondial.
Dès lors, toutes les scènes des capitales européennes portèrent en triomphe l’oratorio du compositeur autrichien. Joseph Haydn, devant l’extraordinaire succès remporté par son Oratorio composa un second Oratorio, Les Saisons qui sera exécuté en 1801.Haydn qui met en musique La Création sur un livret de Gottfried van Swieten, va composer cette œuvre gigantesque sur une période qui va de 1796 à 1798 et va jeter dans cette vaste composition d’une durée approchant presque deux heures, toute sa science musicale et toute la profondeur de son inspiration confrontées à un pareil sujet. Le résultat sera prodigieux, à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre de celui qui était considéré comme le plus grand compositeur de son temps. Composé pour trois solistes représentant les trois archanges( Gabriel, Uriel et Raphaël), La Création fait appel à un orchestre gigantesque dépassant de loin les effectifs nécessités par exemple pour ses Symphonies « londoniennes ». En effet, Haydn rassemble pour son oratorio, non seulement les cordes mais également une petite harmonie impressionnante composée de deux hautbois, deux clarinettes, trois flûtes mais aussi deux bassons et plus rare encore , un contrebasson qui vient encore renforcer les cuivres. Pour les vents, Haydn n’hésite pas à utiliser deux cors mais également deux trompettes et trois trombones ! A cet effectif déjà conséquent, Haydn ajoute les timbales et un pianoforte. Philosophiquement parlant, l’oratorio La Création de Haydn prend le contrepied des œuvres religieuses de Johann Sebastian Bach où l’homme n’est qu’humilité et déférence aveugle devant la figure immatérielle et d’autant plus redoutable qu’est Dieu. La vision de Dieu que met en musique Haydn dans son oratorio La Création, est nettement plus humaniste, rééquilibrant d’une certaine façon les rapports de l’homme face à Dieu. Ce soir du 23 janvier 2015 dans la Grande Salle de la Philharmonie, fraîchement inaugurée quelques jours plus tôt, c’était à Thomas Zehetmair de diriger le chef d’œuvre de Joseph Haydn. Thomas Zehetmair avait choisi avec soin ses trois solistes (Sunhae Im, soprano, Werner Güra, ténor et Florian Boesch, baryton basse) et montrait, dès le lever de rideau de La Création, symbolisant un terrifiant chaos orchestral, qu’il prenait avec une grande fermeté et une belle conviction, la direction des opérations menant l’œuvre jusqu’à son terme sans la moindre hésitation. Un défi relevé et couronné de succès assumé par un Orchestre de Chambre de Paris au plus haut de sa forme, chauffé à blanc par Thomas Zehetmair à la fois précis, inspiré, soucieux de veiller autant à la cohésion de l’orchestre qu’aux entrées des trois solistes vocaux. Autre élément capital qui contribue à la réussite de ce concert. Il est dû à la participation exemplaire du Chœur Accentus placé sous la direction de Christophe Grapperon, chef associé depuis 2013. Bref, un concert mémorable, que le public très attentif et envoûté salua avec enthousiasme à l’issue de l’exécution de cette Création de Haydn.
Texte de Michel Jakubowicz
LA SUITE APRÈS LA PUB
|