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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert à la Maison de la Radio : Mozart et Bruckner sous la direction de Myung-Whun Chung avec le pianiste Roger Muraro

muraro roger chung mgjean-francois leclercq

Orchestre Philharmonique de Radio France
Myung-Whun Chung, direction
Roger Muraro, piano
Wolfgang Amadeus Mozart :  Concerto pour piano et orchestre No20 K.466
Anton Bruckner : Symphonie No7,A 109 (édition Leopold Novak)
vendredi 30 janvier 2015, 20h
Maison de la Radio (Paris), Auditorium
www.maisondelaradio.fr

LA SUITE APRÈS LA PUB

C’est Mozart lui-même qui créera son Concerto pour piano No20 en ré mineur, le 11 février 1785 à Vienne, au Casino Zur Mehlgrube. Composé dans la sombre tonalité de ré mineur, ce Concerto débute par un Allegro qui surprend par sa violence et l’angoisse prenante qu’il distille.

Le Deuxième mouvement (Romance) constitue d’une certaine façon une sorte d’accalmie, même si aucune trace de gaieté quelconque n’y apparaît. Avec le Rondo, Allegro assai, on pourrait supposer que Mozart va comme cela lui arrive fréquemment dans certains Concertos pour piano précédents, renouer avec une sorte de gaieté enfin retrouvée. Il n’en est rien, car bientôt réapparaît un climat d’où toute trace d’insouciance semble à jamais bannie. Roger Muraro qui est le soliste de ce Concerto de Mozart est surtout connu pour ses magistrales interprétations de l’œuvre pour piano d’Olivier Messiaen. Aussi attendait-on avec impatience de quelle façon il allait aborder ce chef-d’œuvre de Mozart. Le résultat est très nettement convaincant, Roger Muraro se révélant comme un très grand mozartien, attaché à intérioriser et à sublimer le message mozartien propre à ce Concerto No20.Détail capital concernant l’exécution de ce Concerto, Roger Muraro y joue ses propres cadences. Myung-Whun Chung qui accompagne Roger Muraro avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France (réduit ici aux proportions d’un orchestre du XVIIIe siècle), intensifie par sa direction fiévreuse, le dramatisme de ce Concerto No20 de Mozart. En seconde partie de ce concert, Myung-Whun Chung décidait de conclure par la Symphonie No7 d’Anton Bruckner. La plupart des symphonies de Bruckner subirent de nombreuses révisions de la part de son auteur, doutant de son talent et écoutant trop souvent de malveillants conseils. Pourtant la Symphonie No 7échappera à cette obsession permanente de Bruckner consistant à toujours réviser ses ouvrages symphoniques. L’œuvre composée  entre septembre 1881 et septembre 1883 ne subira en effet, dans un premier temps, que d’infimes retouches et sera exécutée pour la première fois à Leipzig le 30 décembre 1884 sous la direction du
chef d’orchestre Arthur Nikisch. Finalement, Bruckner, malgré l’accueil enthousiaste du public va tout de même procéder à une révision en 1885. C’est au grand chef wagnérien Hans Richter que l’on devra la première exécution à Vienne de la Symphonie No7 de Bruckner. Malgré les critiques acerbes d’Hanslick, l’œuvre deviendra rapidement la Symphonie la plus célèbre de Bruckner. L’orchestre réuni pour l’exécution de cette Symphonie No7 fait appel à un effectif impressionnant comprenant les cordes et timbales  ainsi qu’ une petite harmonie très fournie excluant la clarinette basse, le contrebasson et le cor anglais. L’effectif exigé par Bruckner pour les cuivres est énorme puisque il comprend une vingtaine d’instruments (cors, trompettes, tuba basse, tubas « Wagner », trombones).Le premier mouvement affirme une force massive, rocailleuse, où les cordes et les cuivres créent un climat chargé d’émotion et de puissance. Bruckner affirme tout au long de ce premier mouvement d’une durée dépassant les 21 minutes, une cohésion subtile, permettant à cet Allegro moderato de s’épanouir vers d’incroyables sommets. Le second mouvement  prend un aspect dramatique car Bruckner en fait une sorte d’ode funèbre à la mémoire de Wagner qui vient de décéder. Dans le  Scherzo qui constitue le troisième mouvement, Bruckner installe un climat à la fois fantastique et épique. Caractéristiques que l’on peut également distinguer dans le Scherzo des symphonies précédentes (4, 5, 6) .Dans le quatrième mouvement, Finale, Bruckner prouve qu’il sait surprendre son auditoire en sortant de son calme habituel et être capable de déchaîner soudainement de terribles orages de cuivres . L’œuvre  va finalement se conclure dans une sorte de plénitude triomphale, ramenant avec une force et un élan irrésistibles le thème initial de cette Septième Symphonie.
Myung-Whun Chung qui conduit ce soir-là l’Orchestre Philharmonique de Radio France, dirige l’œuvre sans avoir recours à une partition, ce qui ne l’empêche nullement de porter cette Symphonie de Bruckner à un haut degré d’incandescence, obtenant de la part du public (très nombreux dans ce nouvel Auditorium) une superbe ovation à l’issue de cette exécution magistrale.

texte de Michel Jakubowicz



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