CD : Cantica Sacra par Dominique Vellard et l'Ensemble Gilles Binchois
Compositions 2004-2013
Evidence (Harmonia Mundi)
durée : CD 1 :40’16’’ CD 2 :45’08’’
notation : 
(5/5)
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Depuis très longtemps on connaît bien l’intense activité de Dominique Vellard consacrée au répertoire vocal qui va du chant grégorien jusqu’au XVIIe siècle. Il a d’ailleurs à son actif dans ce domaine précis réalisé une bonne cinquantaine d’enregistrements dont une quarantaine ont été réalisés avec son propre ensemble Gilles Binchois.
Pourtant en dehors de ce répertoire prodigieux dans lequel il s’est investi, Dominique Vellard mène parallèlement une activité de compositeur principalement basée sur l’intérêt qu’il porte aux monodies et aux polyphonies occidentales. Mais Dominique Vellard, dans ses compositions s’inspire aussi d’autres traditions venues des quatre coins du monde, notamment celles du Maroc, de l’Inde, de l’Iran, de l’Espagne et aussi d’une contrée qui nous est encore plus familière : la Bretagne. Ce double CD nous permet donc de découvrir avec intérêt la façon dont Dominique Vellard aborde le répertoire sacré. Pour débuter le premier CD, Dominique Vellard nous propose un Requiem commençant par un Introït pour cinq voix d’hommes. L’écriture vocale pratiquée par Dominique Vollard est d’une extrême sévérité, renouant presque avec le chant grégorien. Une sévérité qui va un peu s’estomper dans la dernière partie de ce Requiem avec In paradisium écrit pour deux sopranes. Avec le Lamentatio, leçon du Jeudi Saint (pour ténor solo), qui suit ce Requiem Dominique Vellard accentue encore davantage la sévérité de son écriture. Quant au Miserere Psaume 50, qui termine ce premier CD il atténue nettement cette impression austère du Lamentatio précédent et est écrit pour 2 ténors, baryton et basse. Reprenant le titre d’une œuvre célèbre : l’unique oratorio de César Franck(Les Béatitudes) Dominique Vellard nous propose ici une pièce importante de ce second CD. Les Béatitudes de Dominique Vellard, écrites pour deux sopranes séduisent par l’intense émotion qui s’en dégage, même si le style d’écriture mis en œuvre ne renonce nullement à la sévérité et à une sorte de détachement suprême. En seconde partie de ce CD s’inscrit l’œuvre la plus longue. Il s’agit en fait du Cantique 1(pour ténor solo et basse de viole).L’œuvre débute par une intervention presque oppressante, d’une gravité extrême de la basse de viole qui vient rapidement soutenir le ténor. Ce Cantique 1 va prendre fin avec Egredimini filiae Sion, une pièce au caractère sombre et méditatif. A la suite de ce Cantique 1 en sept parties, Dominique Vellard nous propose une Fantaisie pour trois violes renouant ainsi peut-être avec une pratique instrumentale très en vogue au XVIIe siècle en Angleterre et portée à son apogée par Henry Purcell, William Lawes et John Jenkins. Marin Marais grand maître de la viole de gambe côté français a aussi bien sûr, laissé dans ce domaine un grand nombre d’œuvres, ainsi que Monsieur Demachy et Sainte-Colombe. Pour le Cantique 2 qui se déroule en trois parties, Dominique Vellard fait appel à une soprano soutenue par trois violes. La composition, récente, date de 2004-2012 et est d’une écriture moins sévère que le Cantique 1 et débute par un Quam pulchra es calme et serein, offrant aux trois violes un rôle exclusivement instrumental dans l’Intermède qui lui succède .L’Anima mea qui met fin à ce Cantique 2 ne se départ nullement d’une certaine sérénité, repoussant les ténèbres qui semblaient émaner du Cantique 1. C’est un Magnificat qui termine ce CD 2.Il est écrit pour deux ténors et deux barytons. Dominique Vellard, dans cette œuvre datant de 2012 tout en rendant hommage à l’immémorial chant grégorien y met en œuvre une écriture frôlant parfois l’atonalité, ce qui renforce encore davantage le caractère austère de ce Magnificat.
texte de Michel Jakubowicz
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