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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD : Carte Blanche - Martha Argerich

carte Blanche Martha Argerich

Yuri Bashmet, Renaud Capuçon, Lang Lang
Mischa Maisky, Gabriela Montero, Julian Rachlin
Verbier Festival
Beethoven, Schumann, Schubert, Ravel, Bartok, Lutoslawski
Deutsche Grammophon (Universal)
CD 1 : 72’44’’ CD 2 :64’41’’
Notation : etoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-rouge(5/5)

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Le 27 juillet 2007, Martha Argerich avait carte blanche pour inviter les artistes de son choix au Verbier Festival. Pour cette grande pianiste cette édition du Verbier Festival de 2007 constituait un lieu musical privilégié où de nombreux artistes venus d’Europe et des Etats-Unis avaient pu démontrer leur talent au cours de concerts prestigieux. Ce concert du 27 juillet 2007 imaginé par Martha Argerich ne dérogeait pas à la règle et réunissait des talents exceptionnels, explorant aussi bien les grandes pages du piano romantique que celles du piano d’aujourd’hui.

Contemporain du Quatuor No10 et de la Symphonie No6 « Pastorale », le Trio des esprits, op.70 no1 de Beethoven qui ouvre le premier CD débute par un Allegro vivace e con brio très énergique. Beaucoup plus ample, le Largo assai ed espressivo qui lui succède, semble largement par son étrange atmosphère mériter le titre de  Trio dit « des esprits ».Cherchant délibérément à rompre avec cette ambiance, Beethoven termine l’œuvre  par un Presto aux accents plutôt joyeux semblant ainsi effacer les brumes du second mouvement. Les interprètes de ce Trio de Beethoven, Julian  Rachlin (violon), Mischa Maisky (violoncelle) et Martha Argerich (piano), par leur vivacité, leur sensibilité apportent à ce chef- d’œuvre  beethovénien toute la fougue et toute la passion qu’il mérite. La deuxième œuvre de ce CD concernait le monde de l’enfance vu par un poète du piano : Robert Schumann. Il s’agissait des 16 pièces pour piano constituées par les Scènes d’enfants, op.15 où le merveilleux vient interférer avec de minuscules scènes contant le monde de l’enfance. Schumann écrit ce chef-d’œuvre en 1839, composant l’année suivante(1840) un étrange tryptique destiné à l’orchestre : Ouverture, Scherzo et Finale op.52. Certaines des pièces de ces Scènes d’enfants op.15 sont d’une extrême drôlerie alors que d’autres s’aventurent parfois comme « Croquemitaine » jusqu’à la frontière du fantastique. Le jeu à la fois subtil et virevoltant de Martha Argerich traduit admirablement l’écriture pianistique contrastée et changeante de Robert Schumann, en exprimant avec fougue et sensibilité tous les changements de climat que nécessitent ces pièces pour piano. Bien que faisant partie des dernières œuvres pour  piano écrites par Schubert, le Grand Rondeau en la majeur D 951 pour piano à quatre mains ne semble guère afficher de sombres pressentiments annonçant l’éminence d’une fin prochaine de son auteur. Car ce Grand Rondeau D 951 semble baigner dans une atmosphère faite  de sérénité comme si Schubert tentait de vouloir éloigner de lui toute angoisse, préférant se perdre dans de lointains et charmeurs horizons. Avec Ma Mère l’Oye, pour piano à quatre mains Maurice Ravel nous plonge dans le monde enchanté mais parfois inquiétant des contes de fées. Datant de 1908, l’œuvre sera orchestrée magistralement par le compositeur en 1911 augmentée de quelques interludes. Martha Argerich et Lang Lang apportent à ce conte  chargé de rêve et de merveilleux toute la délicatesse propre à évoquer ce monde secret propre aux contes de fées. Le deuxième CD débute par la Sonate pour arpeggione et piano D 821 de Franz Schubert qui date de 1821.C’est une œuvre écrite pour un instrument proche du violoncelle, qui ne fera qu’une brève apparition. Schubert semble y projeter toute sa nostalgie sans pourtant dramatiser son discours musical. Martha Argerich et Yuri Bashmet dont l’alto se substitue ici à l’arpeggione, donnent de cette Sonate une interprétation  à la fois passionnée et pleine de vie.
Avec la Sonate No1 de Béla Bartok datant de 1921 nous sommes en présence d’un monde sonore contrasté aux arêtes vives, celui qui anticipe déjà peut-être une œuvre  que Bartok composera en 1926 : son Concerto pour piano et orchestre No1.Martha Argerich, piano et Renaud Capuçon violon apportent à cette Sonate toute la violence expressionniste qu’elle exige. Enfin, Martha Argerich piano et Gabriela Montero, piano terminent ce CD par les Variations sur un thème de Paganini de Witold Lutoslawski, une œuvre  datant de 1941 et contemporaine de sa Symphonie No1.Tout comme Bartok, Witold Lutoslawski est également le  célèbre auteur d’un Concerto pour orchestre datant de 1954. Interprétation vibrante des deux pianistes rendant ainsi un bel hommage à un des plus grands compositeurs polonais du XXe siècle.
Très belle conclusion pour ce concert donné au  Verbier Festival 2007, permettant d’apprécier pleinement l’éclectisme des choix musicaux de Martha Argerich et la plénitude de ses interprétations.

texte de Michel Jakubowicz

Disponible en CD et téléchargement sur Amazon

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