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DVD - Beauté de la beauté de Kijû Yoshida

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  • Durée : plus de 8 h
  • Couleurs
  • 1974 à 1978
  • Triple DVD 9
  • En version originale (japonais)
  • Sous-titrée en français
  • Format 1.33 respecté 4/3
  • www.carlottavod.com

Il s’agit d’une sélection (20 sur 94) des émissions que réalisa pour la télévision japonaise le cinéaste Kijû Yoshida, metteur en scène de « Coup d’Etat » et de « Promesse », et qui sont consacrées à la peinture. Les vingt émissions ainsi sélectionnées portent plus précisément sur des peintres occidentaux majeurs :Jérôme Bosch, Pieter Bruegel, Le Caravage, Goya, Delacroix, Manet, Cézanne et Van Gogh.

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Commentaire artistique

Extrêmement bien documentée, chaque émission, (deux ou trois pour un peintre donné), se présente avec une rigueur et un effacement constants de l’auteur, ce qui donne un ton très « japonais » à ces leçons d’esthétique qui ne paraissent pas en être. Kijû Yoshida, qui dit les commentaires, arrive de dos devant une toile, s’efface, et parle sur une musique de Toshi Ichiyanagi. La caméra cadre la toile, puis lentement procède à des travellings latéraux ou verticaux. Pas d’effets de zoom surprise, de flous et autres gags scéniques. La toile, rien que la toile. « Ce n’est pas moi qui les regarde, ce sont elles qui m’observent,» expliquait Kijû Yoshida. Ce respect absolu des œuvres n’empêche pas le commentaire d’éclairer, de façon historique, géographique, sociétale, religieuse, esthétique, chaque œuvre. Avec une précision marxienne, pourrait-on dire, car ses analyses le sont, même si l’imagination de Kijû Yoshida leur donne un ton personnel.

Le DVD 1 commence par une préface très intelligente de Mathieu Capel, spécialiste du cinéma japonais qui explique les circonstances particulières qui ont présidé à cette entreprise gigantesque (grave maladie du cinéaste).
Puis ce sont les trois émissions sur Jérôme Bosch qui traitent de ce peintre du fantastique : « L’hérésie de la Renaissance du Nord », « la Descente aux Enfers » et le « Rêve d’un royaume millénaire ».
Dans les deux émissions sur Pieter Bruegel, « Quand le peintre est témoin de la ruine de son pays », il évoque la « Mise en perspective de la foule », puis la « Beauté violée du paysage » et dépeint à merveille la tragédie de la vie de Bruegel, coincée entre deux époques.
Enfin, pour les deux émissions sur les « Crimes du peintre Caravage », il tourne deux émissions : « Le Réalisme ou l’aboutissement du crime », puis la « Fuite vers la Sicile et l’île de Malte ». Les commentaires, comme la façon de filmer, sont très posés, calmes, empreints de sérieux et de respect, jamais polémiques.

Le DVD 2 traite en trois émissions de Francisco Goya puis, en deux, d’Eugène Delacroix. Tout d’abord, c’est le peintre de cour que voulait devenir Goya, sa surdité, et son ancrage dans le peuple espagnol qu’il montre dans « L’Apparition d’un peintre de cour maléfique ». Puis, les événements politiques augmentant les ambiguïtés du peintre, c’est « Avec lui commence la chaos moderne », la deuxième émission sur Goya. Enfin, avec «Le Sommeil de la raison engendre des monstres », Kijû Yoshida conclut ce panorama sur Goya, le magicien de l’Espagne en ouvrant sur le concept de modernité tel qu’il l’entend.
Pour Delacroix, dont il ne doute pas qu’il fût le fils naturel de Talleyrand, ce qui est très plausible, il l’illustre par une référence constante à Charles Baudelaire, et l’oppose, picturalement parlant, à David le néo-classique autant qu’à Géricault le romantique. Deux parties, « Un Jeune homme venu trop tard », et « De l’Aristocratie de l’âme », très bien argumentées.

Le DVD 3 commence par le « Scandale sacré : le peintre Edouard Manet ». Commençant par « Olympia, un sentiment d’obscénité », Kijû Yoshida montre un Manet coincé entre deux époques. Illustrant avec des peintures de Fantin-Latour les artistes qui entourèrent Edouard Manet, et se référant, là aussi, constamment à Baudelaire, il brosse, avec « Le Dandysme est un soleil couchant », le portrait d’une époque où l’artiste est en contradiction permanente entre le réel et ce qu’il ressent.
C’est ensuite « Le regard un solitaire, Paul Cézanne » à qui il donne la parole dans deux parties, « Qu’elle est loin la jeunesse » et « l’Orage du Midi » montrant la quête inlassable de l’artiste, esseulé volontairement dans cette deuxième moitié du XIXème siècle, s’opposant aussi bien au réalisme de son ami Emile Zola, qu’à l’impressionnisme de son ami Camille Pissaro et ouvrant la porte, dans sa recherche sur la forme et la couleur aux expériences futures du cubisme.
Enfin, il consacre quatre émissions au peintre occidental sans doute le plus apprécié au Japon, Vincent Van Gogh. C’est d’abord, le « Prédicateur » qui, partant de la fin tragique du peintre, revient aux débuts de quelqu’un se cherchant, prédicateur protestant trop épris de justice et prenant fait et cause pour les ouvriers miséreux du Borinage. C’est ensuite, dans « Celui qui perdit son pays natal », le Van Gogh errant de Londres à Paris, revenant en Hollande et s’y cherchant, copiant ses amis peintres sans trouver sa voie propre, rencontrant Gauguin, Seurat, Signac. Vient ensuite « l’Autodestructeur », dans lequel Kijû Yoshida explique, avec beaucoup de pertinence, la folie de Van Gogh, la soirée de Noël avec Gauguin, leur dispute, l’oreille coupée puis la descente de Vincent Van Gogh vers la folie. La dernière partie, « Le Suicide », car Yoshida ne croit pas du tout à la version du meurtre par accident couvert par la victime elle-même, est poignante et nous laisse entrevoir l’inéluctabilité de la mort précoce de Vincent Van Gogh.

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Au total, ces plus de huit heures de cinéma nous offrent le point de vue d’un homme passionné d’art, grand connaisseur, qui sait tirer d’une peinture la substantificque mœlle chère à Rabelais, d’une façon posée, sans artifice, avec discrétion.
Huit heures de belles images et de discours cohérent.

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