Actus Blu-Ray/DVD « Crosswind La Croisée des vents » : une expérience inoubliable, une œuvre d'art

Note artistique : (5/5)

Synopsis

Le 14 juin 1941, les familles estoniennes sont chassées de leurs foyers, sur ordre de Staline. Erna, une jeune mère de famille, est envoyée en Sibérie avec sa petite fille, loin de son mari. Durant 15 ans, elle lui écrira pour lui raconter la peur, la faim, la solitude, sans jamais perdre l’espoir de le retrouver. Le film met en scène ses lettres d’une façon inédite…

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Titre original : Risttuules
Support : blu-ray
Genre : drame, guerre
Année : 2014
Réalisateur : Martti Helde
Casting : Laura Peterson, Tarmo Song, Mirt Preegel, Ingrid Isotamm, Einar Hillep
Durée : 1 h 17 mn 14
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 2,20/1 noir et blanc
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 estonien, français
Bonus : Making of (24 mn 14) - Superbia (16 mn 24, réalisation Martti Helde) - bande annonce (2 mn 02) - DVD du film - 12 photos collector - livret-interview du réalisateur (16 pages)
Éditeur : ARP

Commentaire artistique

Martti Helde, jeune cinéaste estonien précoce, consacre un film à l’évocation douloureuse des déportations staliniennes d’Estoniens et, indirectement, au souvenir de son grand-père qui fut un de ces déportés. C’est en documentant son futur premier long métrage qu’il découvre les lettres d’Erna, une estonienne déportée : les missives à son mari, partiellement conservées, deviendront la base du scénario. À leur lecture, Martti Helde décide de la forme extraordinaire de son film : puisque Erna décrit sa déportation comme un temps suspendu, le film en donnera un reflet formel exact. « Je vais figer le temps » dixit le réalisateur : une idée simple, paradoxalement contradictoire au principe cinématographique du mouvement, mais très compliquée à mettre en œuvre. Plus qu’un exercice de style, ce choix artistique exprime intrinsèquement la relation d’Erna de sa vie dans le camp sibérien ; le réalisateur va donc filmer des acteurs immobilisés, comme pétrifiés dans leur action, seule la caméra est alors en mouvement ! Il faut saluer le travail du chef opérateur Erik Põllumaa et de son opérateur steadicam Siim-Kaarel Saluri. L’impression obtenue est singulière, d’abord surprenante, ensuite fascinante : comme son auteur l’avoue, le spectateur n’a plus aucune échappatoire, il subit le film. La beauté de chaque plan, époustouflant, a été conquise au prix d’efforts incroyables. Le film aura nécessité plus de trois années de tournage, 700 figurants et une préparation de longue haleine, jusqu’à six mois pour un plan de huit minutes. On reste ébahi par l’apparence de tous ces interprètes statufiés comme s’ils étaient photographiés sachant qu’aucun effet spécial numérique n’a été utilisé et que les changements de décors et de postures s’opéraient à vue dans un même plan (cf., bonus). Les acteurs et figurants ont été invités à appliquer la méthode Alexander facilitant l’immobilisation du corps. La principale difficulté de ces longs plans-séquence qui risquaient de lasser le spectateur a été résolue par le renouvèlement constant du point de vue : malgré la lenteur de l’exploration de chaque scène par la caméra, la curiosité maintient la tension de ce drame qu’on peut considérer, à juste titre, comme une œuvre d’art. Indubitablement le cinéaste est un esthète talentueux, à suivre.

Commentaire technique

Copie HD de toute beauté, définition extrême, superbe contraste, excellente échelle de gris, noirs profonds ; mixage estonien 5.1 dont la spatialisation est exceptionnelle : le film est peu bavard (voix off) et toute sa dimension visuelle est soutenue par cette extraordinaire bande sonore jouant sur l’espace surround et sur la dynamique.

Notre avis

Image : (5/5)
Mixages sonores : (5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)