Actus Blu-Ray/DVD « Que Viva Eisenstein ! » : un portrait baroque…

Note artistique : (3/5)

Synopsis

En 1931, fraîchement éconduit par Hollywood et sommé de rentrer en URSS, le cinéaste Sergueï Eisenstein se rend à Guanajuato, au Mexique, pour y tourner son nouveau film Que Viva Mexico ! Chaperonné par son guide Palomino Cañedo et confronté aux désirs et aux peurs liés à l'amour, au sexe et à la mort, Eisenstein vit à Guanajuato dix jours passionnés qui vont contribuer à façonner le reste de sa vie…

LA SUITE APRÈS LA PUB

Titre original : Eisenstein in Guanajuato
Support : DVD
Genre : drame, biopic
Année : 2015
Réalisateur : Peter Greenaway
Casting : Elmer Bäck, Luis Alberti, Maya Zapata, Lisa Owen, Stelio Savante, Rasmus Slätis
Durée : 1 h 41 mn 24
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 2,35/1 couleur et noir et blanc
Sous-titrage : français
Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 anglais
Bonus : entretien avec Peter Greenaway (21 mn 17) - bande annonce (1 mn 43)
Éditeur : Pyramide Vidéo

Commentaire artistique

En 1931, Eisenstein, dépité par les producteurs hollywoodiens, obtient du socialiste Upton Sinclair le financement d’un film sur le Mexique qu’il parcourt avec son opérateur Édouard Tissé et son assistant Grigori Alexandrov après avoir été reçu par les intellectuels du coin, dont Diego Rivera. Pour des raisons inconnues, Sinclair stoppe les frais en 1932 et confisque les kilomètres de pellicule impressionnés, le film ne sera en partie monté qu’en 1979. Peter Greenaway, grand admirateur du cinéaste russe, décide de « fictionnaliser » ce tournage au Mexique qui marqua profondément Eisenstein. En s’appuyant sur la correspondance réelle du cinéaste avec Pera Atasheva, il imagine, à sa façon, dix journées de la vie du réalisateur soviétique dans la bourgade de Guanajuato où il va découvrir son homosexualité dans les bras de son « guide » Palomino Cañedo. La réalisation est ébouriffante, combinant le split-screen, l’archive, l’extrait de film du maître, le montage hypertrophié, la colorimétrie variable, un hommage en quelque sorte au cinéma de son illustre modèle. Cette mosaïque de références compliquée, voire inextricable, soutenue par une exubérance verbale épuisante, est censée « dresser le portrait d’un homme… totalement mis à nu ». L’acteur finlandais Elmer Back, qui l’incarne, compose un personnage excentrique très soucieux de sa sexualité naissante et apparemment dépourvu du moindre intérêt pour le cinéma ! Peter Greenaway dresse le portrait d’un bouffon voluptueux comme si le génie artistique du personnage ne pouvait s’exprimer que dans la boursouflure charnelle. Pour étayer cette conception, il ne nous épargne aucune crudité visuelle, tout déployant cet incontestable talent baroque et cinématographique dont il est coutumier. On connait la propension de Peter Greenaway à l’intellectualisme mais il est dommage que cette perception, singulièrement cérébrale, nous laisse finalement perplexe sur le réel souhait de révéler la vraie nature d’Eisenstein : le cinéaste est ici complaisamment étiqueté homosexuel et sybarite, coincé entre éros et thanatos. Qu’on partage ou non la subjectivité absolue de cette thèse, le film très personnel et formidablement documenté de Peter Greenaway ne peut laisser indifférent. Troublant.

Commentaire technique

Copie SD très bien définie, superbe contraste, colorimétrie chaleureuse, tons saturés ; mixage anglais 5.1 à la spatialisation spectaculaire, nombreux effets surrounds, dialogues clairs.

Notre avis

Image : (5/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (2/5)
Packaging : (1,5/5)

IMDb : http://www.imdb.com/title/tt1702429/