Actus Blu-Ray/DVD « Allemagne année zéro » : un chef-d’œuvre néoréaliste

Note artistique : (5/5)

Synopsis

Dans Berlin en ruines occupée à sortir du cauchemar nazi, Edmund, un jeune garçon de 15 ans, vit de rapines pour faire survivre sa famille, tout en cherchant des repères dans un monde qui n'en a plus…

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• Titre original : Germania anno zero
• Support : DVD
• Genre : drame
• Année : 1947
• Réalisateur : Roberto Rossellini
• Casting : Franz Kruger, Edmund Moeschke, Ernst Pittschau, Ingetraud Hinze, Barbara Hintz
• Durée : 1 h 10 mn 48
• Format vidéo : 4/3
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 2.0 monophonique italien
• Bonus : interview de Enrique Seknadje, maître de conférences au Département Cinéma de Paris VIII (33 mn 20)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Avec Rome ville ouverte (1945) et Paisa (1946), Allemagne année zéro constitue le troisième volet d’une sorte de trilogie consacrée à la guerre par Roberto Rossellini. Dès son premier opus, le cinéaste avait ouvert la voie au courant du cinéma italien néoréaliste : ce film, tourné à Berlin dans les ruines de la capitale allemande jusque sur le lieu du suicide d’Hitler avec une poignée d’acteurs professionnels inconnus, en est un exemple parfait. Au sortir de la guerre, la situation économique désastreuse contraint les berlinois à la misère et aux expédients les plus sordides ; Rossellini cherche à rendre compte des conditions extrêmes de la vie des habitants dans une ville anéantie en les décrivant aux yeux d'un innocent. Le jeune Edmund, dont la position sociale est quasi inexistante, doit affronter les adultes au quotidien, leurs mesquineries et leurs méchancetés dans un monde désespéré à la noirceur abyssale tout en assurant, conjointement, sa survie et celle de sa famille. La moralité n’a plus court dans cette société ambiguë, minée par l’accablement où le nazisme n’est pas totalement éradiqué ; Rosselini indique avoir justement choisi un adolescent victime du concept de « héros » cher aux nazis pour dénoncer le danger du conditionnement dont la seule échappatoire reste inévitablement tragique. Le scénario, écrit à Paris, a privilégié des séquences peu nombreuses exposant la terrible réalité de cette société privée de tout réconfort, un cadre terrifiant pour l’errance dans les décombres du jeune Edmund où il est confronté à la brutale réalité de son geste qui dépasse sa condition enfantine. En ouverture, un commentaire précisait le souhait du cinéaste d’obtenir, à travers ce film qu’il dédia à son fils Romano mort prématurément en 1946, l’indulgence pour cette société meurtrie qui devait renaitre en cette année zéro évoquée par le titre et permettre «… d’apprendre aux enfants allemands à aimer la vie de nouveau ». Chef-d’œuvre absolu du néoréalisme, cette tragédie n’a rien perdu de son intensité et de son humanisme, malgré son orientation pessimiste, tout en délivrant sa vision avec les codes réalistes d’un genre particulièrement accordé aux transformations de la société. Exceptionnel.

Commentaire technique

Copie SD assez bien définie mais souffrant d’un contraste trop accusé avec un manque de détail dans les plages blanches et un effet de halo sur les silhouettes, quelques défauts de pellicule pas très graves (rayures, tâches), granulation, quelques défauts de compression sur les plages unies ; mixage italien monophonique aux voix claires mais affecté par un grésillement de fond omniprésent, hautes fréquences limitées.