Skip to main content
PUBLICITÉ

Trois somptueux mélodrames de Douglas Sirk

Blu ray Trois films de Douglas Sirk

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Note technique globale : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

Synopsis

Douglas Sirk, considéré comme le maître américain du genre mélodramatique, doit sa reconnaissance aux cinéastes de la Nouvelle Vague. Cette livraison réunit trois de ses grands mélos hollywoodiens réalisés entre 1955 et 1959 avec ce style particulier magnifié par la photographie de Russell Metty. Dans chaque œuvre, le même leitmotiv : dépeindre l’effondrement de la société par le biais des normes exacerbées du mélodrame.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Tout ce que le ciel permet : Cary Scott est une jeune et riche veuve dont la vie est partagée entre l'ennui et les relations sociales qu'elle entretien avec les habitués huppés du Country-Club local. Elle s'est toujours refusé à trouver un nouvel amour par peur du qu'en-dira-t-on. Mais Ron Kirby, un jeune pépiniériste de condition modeste et s'occupant de son jardin, va raviver des sentiments longtemps refoulés, au risque de s'attirer les foudres de ses deux grands enfants et de ses amis du Club.

Écrit sur du vent : Mitch Wayne est l'ami d'enfance de Kyle Hadley, le fils noceur et alcoolique d'un magnat du pétrole. Mais tous deux tombent amoureux de la ravissante Lucy Moore. Kyle Hadley est le premier des deux à déclarer sa flamme à la jeune femme, qui accepte de l'épouser, pensant pouvoir l'aider à guérir de ses problèmes d'alcool. Mais leur bonheur s'effondre lorsque Kyle apprend qu'il est stérile, et que Lucy est enceinte.

Le Mirage de la vie : Mère célibataire et actrice débutante, Lora Meredith recueille Annie Johnson, une jeune noire sans abris vivant avec sa fille. Elles partagent un petit appartement de Coney Island en attendant le succès. Quelques années plus tard, Lora est devenue une star de Broadway, mais ses relations avec sa fille se sont compliquées, au point de devoir renoncer au seul amour de sa vie, celui pour le beau photographe Steve Archer. Quant à la fille d'Annie, elle rejette également sa mère, tentant de passer pour une blanche aux yeux du monde, ce que lui permet sa peau claire.

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre français : Tout ce que le ciel permet - Écrit sur du vent - Le Mirage de la vie
• Titre original : All That Heaven Allows - Written on the Wind - Imitation of Life
• Support : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1955, 1956, 1959
• Réalisateur : Douglas Sirk
• Casting : (1) Jane Wyman, Rock Hudson, Agnes Moorehead, Conrad Nagel, Virginia Grey, Gloria Talbott (2) Rock Hudson, Lauren Bacall, Robert Stack, Dorothy Malone, Robert Keith, Grant Williams (3) Lana Turner, Juanita Moore, John Gavin, Sandra Dee, Robert Alda, Susan Kohner, Dan O'Herlihy
• Durée : 1 h 28 mn 39 - 1 h 39 mn 31 - 2 h 04 mn 32
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : (1, 2) 2,00/1, (3) 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 mono anglais, français
• Bonus : présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (16 mn 39, 13 mn 26, 18 mn 24) - bande annonce (2 mn 48, 3 mn 03, 0 mn 51, 2 mn 36) - galerie de photos (1 mn 26, 0 mn 51, 0 mn 41) - collection Cinema Master Class - DVD du film
• Éditeur : Elephant Film

Commentaire artistique

Tout ce que le ciel permet Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Typiquement « sirkien », ce mélodrame fonctionne sur le principe de l’opposition entre une veuve fortunée et âgée et un jeune jardiner sans le sou, entre la ville et la campagne, entre la société bourgeoise et les non-conformistes. Sur le thème de la bourgeoisie puritaine à la morale étriquée confrontée à la générosité de l’idéalisme, Douglas Sirk construit un formidable mélo sans ambiguïté et pleinement assumé : sa force est de faire un sort aux conventions sociales savamment décortiquées et identifiées. La romance improbable, au centre de sa démonstration, est présentée avec une grande justesse et une émotion qui transcende les codes du genre. Le récit, subtilement interprété par le couple Jane Wyman et Rock Hudson, se sombre jamais dans la satire. Sirk obtint de l’actrice qu’elle traduise, avec une sobriété de jeu remarquable, la remise en question de la protagoniste qu’elle incarne comme sa propre source de conflit bien avant la pression sociale. Multipliant les séquences virtuoses, le cinéaste avait un sens excellent de la dramaturgie : dommage que son souhait de laisser en conclusion le spectateur dans le doute n’ait été contredit par son producteur ! La mise en scène est particulièrement signifiante avec un usage remarquable des lieux, notamment la maison de l’héroïne, des mouvements de caméras généreux et une admirable photographie en Technicolor aux couleurs chaudes et saturées associées aux sentiments exprimés. Un modèle du genre auquel Todd Haynes rendra hommage avec son exquis Loin du Paradis. Loin des poncifs du genre, les mélodrames populaires de Douglas Sirk, témoins des bouleversements sociaux, sont animés par un souffle incontestable : Tout ce que le ciel permet est un des plus beaux fleurons du maitre.

Écrit sur du vent Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

LA SUITE APRÈS LA PUB

Adapté d’un roman de Robert Wilder dont la source est une histoire authentique, ce mélodrame sera récompensé par trois Oscar, deux à Dorothy Malone et Robert Stack pour leurs seconds rôles, un pour sa chanson d’ouverture. C’était un des films défendus par Fassbinder et, bien que non affirmé à l’écran pour raison de Code Hays en vigueur, Douglas Sirk n’a jamais fait mystère que sa réalisation supposait des relations homosexuelles entre ses deux protagonistes mâles, interprétés par Rock Hudson et Robert Stack. Le film est construit comme un long flash-back : les scènes post-génériques ne trouveront leur conclusion qu’après une narration détaillée de leurs causes. Dans cette furieuse saga, il est question de fortune dans le pétrole, d’amitié, de famille déchirée, de classe sociale et du pouvoir illimité de l’argent : beaucoup d’ingrédients qui rappellent Géant sorti la même année. Douglas Sirk prolonge le style appliqué à Tout ce que le ciel permet : sens du cadrage et des espaces (demeure avec son escalier majestueux et sa bibliothèque, bar), usage du Technicolor aux tons francs (costumes, accessoires), manichéisme apparent, personnages entiers mais capables d’évolution. Considéré comme un de ses mélos flamboyants, Écrit sur du vent manie avec efficacité les déchirements d’une tragédie familiale avec les codes amplifiés du genre et plonge au cœur de personnalités empêtrées par leurs pulsions et captifs d’une spirale tragique inéluctable. Un superbe mélo dont l’interprétation admirable rend la vision toujours aussi fascinante.

Le Mirage de la vie Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Pour son ultime opus hollywoodien avant de repartir en Allemagne, Douglas Sirk réalise un chef-d’œuvre, la quintessence de son art du mélodrame, qui obtiendra un immense succès populaire. Le scénario, adapté d’un roman de Fanny Hurst, qui avait déjà été porté à l’écran, avec Claudette Colbert, par John M. Stahl en 1934, fonde une partie de sa dramaturgie sur le fossé séparant les mères et les filles. Cet aspect du récit possédait alors une forte résonnance pour la star Lana Turner qui sortait d’un scandale : sa propre fille avait tué, pour protéger sa mère, l’amant de celle-ci, le gangster Johnny Stompanato. Nul doute que cette expérience traumatisante influença l’admirable et sensible interprétation de l’actrice. À ses côtés, Juanita Moore excellera à jouer la mère courage dotée d’un optimisme à toute épreuve et d’un humanisme mystique : l’importance de son rôle est certainement l’égal, sinon supérieur, à celui de Lana Turner. Critique du racisme ordinaire, ce mélodrame met en scène une fille blanche née d’une mère noire avec toutes les conséquences psychologiques et sociales qu’on imagine ; le film sera d’ailleurs mal ressenti et contesté dans les états du sud. Mirage de la vie dresse surtout le constat d’une société en décomposition : « l’imitation » d’une vie factice ne peut être une solution dans une société névrosée où l’on n’échappe pas à son destin. Tous les protagonistes souhaitent accomplir leur destinée rêvée mais la réalité se chargera cruellement de les rappeler à l’ordre. Les codes du mélodrame (chanson d’ouverture, couleurs chaudes et franches, artificialité de l’action, maquillages et costumes ostentatoires, attitudes stéréotypées), exacerbés intentionnellement par le cinéaste, conviennent à merveille au récit où la fascination d’une existence factice souhaitée par tous les personnages n’est, en fin de compte, que le pâle reflet de la vraie vie. Brillant.

Commentaire bonus

Seule une courte présentation et quelques photographies accompagnent chaque titre : il manque un vrai documentaire sur l’œuvre de Douglas Sirk et des analyses plus en profondeur. Pour Le Mirage de la vie, comme sur le blu-ray Universal américain, on aurait aimé disposer des deux adaptations cinématographiques.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Commentaire technique

Copies aux masters restaurés image et son.

Tout ce que le ciel permet : définition variable, excellente sur certains gros plans, très moyenne sur d’autres plans larges, granulation, excellente contraste, colorimétrie chaude, tons saturés, voile blanchâtre ponctuellement ; mixage monophonique 2.0 anglais clair et équilibré sans défaut, VF moins convaincante
Écrit sur du vent : belle définition, excellent contraste, tons somptueux et chatoyants du Technicolor, léger gain de pellicule, image propre et sans défaut ; mixage monophonique 2.0 anglais dynamique, homogène, sans bruit de fond, VF acceptable
Le Mirage de la vie : si quelques plans rapprochés affichent une belle définition, l’image est globalement imprécise, trop douce et très granuleuse, bon contraste, teintes très chaude, rouges et orangés saturés, pas de défaut de pellicule ; mixage monophonique 2.0 anglais clair et équilibré, VF en retrait

• Colorimétrie : excellente, chatoyante, teintes saturées du Technicolor
• Étalonnage : bon
• Contraste : variable, globalement excellent
• Compression : pas de défaut
• Définition : variable selon les titres et les plans
• Mixages : mixage monophonique 2.0 anglais clair et sans défaut ; les VF restent en retrait avec des voix plus superficielles

Liens Web

IMDb:
Tout ce que le ciel permet : http://www.imdb.com/title/tt0047811/
Écrit sur du vent : http://www.imdb.com/title/tt0049966/
Le Mirage de la vie : http://www.imdb.com/title/tt0052918/

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile griseetoile grise(2,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

 

Combo blu-ray/DVD et DVD disponibles sur Amazon



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ