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Théâtre : Orage de August Strindberg jusqu'au 15 décembre 2013

affiche-orage-strindbergTexte français René Zahnd (Actes-Sud Editions)
mise en scène : Jacques Osinski
avec : Grétel Delattre (Gerda, femme divorcée de Monsieur), Jean-Claude Frissung (Monsieur)
Michel Kullmann (le Frère), Alice Le Strat (Louise, parente de Monsieur), Baptiste Roussillon(Starck, le patissier) et la voix d’Agathe Le Bourdonnec
Dramaturgie : Marie Potonet
Scénographie : Christophe Ouvrard
Lumières : Catherine Verheyde
Costumes Hélène Kritikos
Son : Sébastien Riou

du 15 novembre au 15 décembre 2013au Théâtre de la Tempête (Route du Champ-de -Manœuvre 75012 Paris)

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Est-ce qu’August Strindberg a cherché à écrire une pièce sur le temps immobile, où les personnages semblent à jamais figés dans un éternel présent ressemblant bizarrement à un passé encore tout proche ?On peut aussi peut-être supposer qu’August Strindberg a mis dans sa pièce Orage plusieurs éléments autobiographiques, puisque de nombreuses similarités concernent aussi bien la vie d’August Strindberg que celle du personnage nommé Monsieur dans Orage… Derrière le calme apparent d’une salle à manger vue à travers une verrière, un homme déjà âgé, solitaire, dîne dans un décor figé et vieillot. Seule une servante qui vient méthodiquement apporter les plats et desservir, rompt cette solitude quelque peu pesante qui imprègne ce lieu où à l’évidence, personne ne s’aventure. Pourtant un autre personnage lui-aussi d’un certain âge vient tambouriner sur la vitre, invitant le dîneur à venir le rejoindre pour une promenade que l’on devine pratiquée quotidiennement par ces deux personnages. Peu à peu s’engage entre les deux hommes  âgés qui se révèlent être frères, une sorte de dialogue, qui va permettre de découvrir le passé du personnage qu’August Strindberg nomme Monsieur. Un passé que Monsieur tient absolument à refouler et à bannir de son existence actuelle confinée et répétitive à l’excès. Monsieur tient en effet à sa tranquillité et le souvenir d’un divorce avec une certaine Gerda dont il a eu une fille peut s’il est évoqué accidentellement au détour d’une  conversation, ramener à la surface des souvenirs que Monsieur d’une certaine façon aimerait enterrer à jamais. Elément dérangeant qui sournoisement va s’infiltrer partout et imposer une sorte d’angoisse latente : la présence matérialisée par de fréquents éclairs d’un orage qui se prépare à éclater. On peut dire que l’orage éclate lorsque Monsieur se retrouve à nouveau face à face avec Gerda qui mue par on ne sait quelle force obscure, s’introduit à nouveau dans la maison de Monsieur. Ce qui suit après cette rencontre est d’une rare et sèche violence et Gerda s’aperçoit qu’elle n’est nullement la bienvenue et finit par disparaître à jamais dans les ténèbres, laissant  Monsieur à sa rancœur et sa haine. Le frère qui pourtant vient quotidiennement se promener avec Monsieur n ‘est pas lui non plus exempt de toute ambiguïté et l’on devine que ses relations avec l’ex-épouse révèlent chez lui une alliance de fait avec Gerda contre Monsieur…
Pièce d’atmosphère, Orage de Strindberg malgré son apparente simplicité, ne laisse guère d’indices pour cerner ce qui détermine le destin de chacun de ses protagonistes  condamnés par une sorte de fatalité à errer dans les labyrinthes que tout au long de leur existence ils ont patiemment façonnés..
Jacques Osinski qui est responsable de la mise en scène d’Orage d’August Strindberg réussit une mise en scène démunie de tout artifice et de toute convention. Par petites touches il met à nu la personnalité de ceux qui gravitent autour de cette maison, révélant leurs lâchetés et leurs faiblesses, sans pourtant trop les accabler ou les juger. Pour arriver à ce résultat Jacques Osinski a choisi deux acteurs parfaits : Jean -Claude Frissung (Monsieur) et Michel Kullmann (le Frère) qui incarnent avec une étonnante justesse leurs personnages respectifs, semblant ne faire qu’un avec ces derniers…
Le reste de la distribution d’Orage est aussi d’un très haut niveau révélant chez Jacques Osinski le soin extrême qu’il prend à diriger avec précision chaque personnage même « secondaire »..
Au total un spectacle Strindberg hautement recommandable tant par la qualité du sujet abordé que par la très grande fidélité apportée à l’esprit du grand dramaturge, par Jacques Osinski.

www.la-tempete.fr



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