Orchidées de Pippo Delbono au Théâtre du Rond-Point (Paris)

orchidee-pipo-delbonotexte et mise en scène : Pippo Delbono
avec : Dolly Albertin, Gianluca  Ballarè, Bobo, Margherita Clemente
Pippo Delbono, Ilaria Distante, Simone Goggiano, Mario Intruglio, Nelson Lariccia, Gianni Parenti
Pepe Robledo, Grazia Spinella

Théâtre du Rond-Point
du 29 janvier au 16 février 2014

LA SUITE APRÈS LA PUB

Créé le 25 mai 2013 à Modène en Italie, ce spectacle orchestré et dirigé par un Pippo Delbono omniprésent, toujours légèrement provocateur,  tente constamment de nous faire sortir de notre torpeur, histoire de nous montrer le monde tel qu’il est avec son cortège d’horreurs, mais aussi avec ses lueurs d’espoir.

Un élément particulièrement dramatique conditionne une bonne partie de ce spectacle  car Pippo Delbono qui vient de perdre sa mère nous fait participer à ce deuil immense qu’il subit en filmant la dépouille mortelle de celle qui semble avoir beaucoup compté pour lui. Mais un spectacle de Pippo Delbono est un prétexte pour l’auteur à brasser de nombreux thèmes qui hantent le théâtre contemporain. C’est ainsi qu’en un raccourci saisissant il évoque Tchékhov, avec « La Cerisaie » symbolisant la destruction d’un monde enchanté, soudainement effacé par la voracité de son nouveau propriétaire, qui sitôt maître des lieux se comporte de manière abjecte en effaçant toute trace de mémoire liée à cet espace mythique « La Cerisaie ». Tchékhov n’est pas la seule référence théâtrale à laquelle Pippo Delbono rend hommage, puisqu’il évoque également brièvement Shakespeare (Roméo et Juliette, Macbeth). S’aidant pendant toute la durée du spectacle de projections d’images, Pippo Delbono nous montre que la cruauté n’est pas l’apanage exclusif de l’humanité en nous infligeant le terrifiant festin d’une mante religieuse dégustant sa proie grâce à son camouflage emprunté à l’orchidée. Pippo Delbono subitement enragé devant la vacuité du monde, s’emparant à nouveau du micro, se fait l’avocat de la révolution tout en reconnaissant que cette révolution ne mène finalement nulle part. Comme d’habitude, Pippo Delbono fait appel à son comédien fétiche :Bobo qui bien qu’obligé de se tenir dans un fauteuil roulant pendant une bonne partie du spectacle, impose avec une intensité qui force l’admiration, son personnage lunaire, jamais dénué ni de ténacité ni de vaillance. Au total, Pippo Delbono, près de deux heures durant nous traite sans ménagement, nous racontant un monde qui est le nôtre et qui tel un objet en perpétuel déséquilibre, oscille constamment entre espoir, résignation ou révolte. Ajoutons que les images projetées sont de Pippo Delbono, alors que les musiques qui atteignent parfois  un taux de décibels conséquent sont signées Enzo Avitabile.

www.theatredurondpoint.fr



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser