Théâtre : GEORGES FEYDEAU - Chat en poche

affichechatenpochemise en scène Anne-Marie Lazarini
avec : Jacques Bondoux (Pacarel), Cédric Colas (Dufausset), Giulia Deline (Julie), David Fernandez, (Lanoix), Frédérique Lazarini (Marthe), Sylvie Pascaud (Amandine), Dimitri Radochévitch (Landernau)

à partir du 4 mars 2014
au Théâtre Artistic Athévains
45 bis rue Richard Lenoir - 75011 Paris

LA SUITE APRÈS LA PUB

Georges Feydeau n’a que vingt-six ans lorsqu’il écrit Chat en poche. Il a déjà pourtant à son actif sa première grande pièce datant de 1883 : Tailleur pour dames, qui sera jouée pour la première fois à Paris au Théâtre de la Renaissance et recevra de la part du public un très bon accueil, ainsi qu’un soutien inespéré de Labiche, qui d’une certaine façon lui ouvre la voie vers d’autres succès futurs.

Georges Feydeau après un démarrage foudroyant dans le milieu impitoyable du Théâtre parisien de l’époque, connaîtra lui aussi ce qu’on peut appeler des sortes de fiascos concernant Les Fiancés de Loches, L’Affaire Edouard, Le Mariage de Barillon ainsi que Chat en poche. Mais, tenace, et sachant surmonter ses échecs, Georges Feydeau voit à nouveau le triomphe lui sourire en 1892 avec Monsieur chasse ! Ensuite ce ne seront que d’autres succès comme Le Dindon, Un fil à la patte, La Puce à l’oreille, La Dame de chez Maxim, L’Hôtel du libre échange et bien sûr, Occupe toi d’Amélie. Pour revenir à Chat en poche, nous sommes en présence  d’un type de pièce dont Georges Feydeau finira par s’éloigner considérablement .En effet  dans cette pièce apparaissent des éléments  qui finiront progressivement par disparaître dans ses futures pièces. Ces éléments se rapportent à l’absurde, le quiproquo, l’étrange. Eléments qui semblent venir en droite ligne de Labiche. Dès le début de Chat en poche toute la mécanique de l’absurde, qui parfois nous entraîne dans un univers proche du cocasse et de l’hallucination, se met en route provoquant une confusion totale chez les différents protagonistes de la pièce. Le ténor embauché à prix d’or par le maître de maison Pacarel, n’en est pas un, mais qu’importe, il chantera tout en ne sachant pas une note, l’opéra que Monsieur Pacarel lui intimera l’ordre de chanter. Quant aux ravages causés dans les cœurs des dames de cette bonne société, ils seront terribles puisque chacune d’entre elles s’estime ardemment courtisée par notre prétendu ténor. Prisonniers de leurs passions soudainement déclenchées par l’apparition de ce faux ténor ahuri, étonné de sa bonne fortune qui soudainement lui est offerte sous forme d’un salaire faramineux octroyé imprudemment par Pacarel, les personnages de Chat en poche vont se précipiter aveuglement vers leur destin et vers…leur déception. A travers ce tourbillon de folie, Georges Feydeau égratigne la société de son temps, y ridiculisant sa prétention culturelle(les amateurs d’opéras) sa course ininterrompue vers l’ascension sociale…Anne-Marie Lazarini qui met en scène Chat en poche, semble avoir bien décortiqué les mécanismes de l’horlogerie complexe de cette pièce de Georges Feydeau , en emportant la pièce dans une sorte de vertige fou, enchaînant les scènes avec une belle virtuosité et beaucoup d’esprit. Pour parvenir à ce résultat enviable elle disposait d’une très belle équipe de comédiens, qui chacun dans leur rôle respectif, parviennent à restituer le style débridé, corrosif, délirant de cette seconde pièce de Georges Feydeau.

texte de Michel Jakubowicz



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