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Boesman et Lena au Théâtre de la Tempête jusqu'au 12 avril

boesman et lena-2

d’Athol Fugard
texte français Isabelle Famchon
adaptation et mise en scène : Philippe Adrien
avec : Christian Julien (Boesman),  Nathalie Vairac (Léna), Tadié Tuéné (Outa)

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du 13 mars au 12 avril 2015
Théâtre de la Tempête - Cartoucherie
Route du Champ-de-Manœuvre - 75012 Paris
www.la-tempete.fr

Un homme et une femme cheminent dans la nuit, visiblement épuisés par une longue marche, encombrés de lourds objets, ils finissent par parvenir  enfin à leur destination. L’endroit en question n’est qu’un sinistre lieu boueux où même un chien refuserait de s’attarder. C’est pourtant là qu’ils s’installent, tentant tant bien que mal de passer une nuit inconfortable, dans la précarité la plus abjecte.

Ils ont en fait été contraints de fuir, menacés par le « Boss » blanc qui leur a intimé l’ordre de déguerpir au plus vite de sa propriété  sous peine de goûter de son fusil…Bricolant vaguement une cabane de fortune, l’homme (Boesman) ne répond que brièvement aux récriminations de sa compagne(Léna) mais peu à peu celle-ci, furieuse d’avoir été contrainte à cette fuite brutale et humiliante, accentue davantage ses reproches, le provoquant sans cesse. Des bribes de leur passé commun remontent à la surface, la mort de leur enfant à l’âge de six mois est évoquée par Léna qui lui déballe sans cesse et de façon ininterrompue toutes ses souffrances, tous ses maux endurés, sans compter les coups reçus de sa main et qu’elle n’a pas oubliés. Bien que ne cessant de construire sa cabane, Boesman finit par être exaspéré par les  paroles amères assénées sans répit par sa compagne et va finir, excédé par devenir menaçant et lui promettre une bonne raclée si elle persiste
à le provoquer. Mais un évènement insolite vient provisoirement mettre un terme à leur querelle qui a pris des proportions inquiétantes. Car un troisième personnage surgi des profondeurs de la nuit africaine vient de faire son apparition. Est- ce un esprit maléfique, un fantôme malveillant animé de mauvaises intentions à leur égard ? La réaction de Boesman à l’arrivée de ce pauvre hère venu du fond de la nuit et quêtant un hypothétique secours est sans équivoque : il veut immédiatement et sans ménagement le chasser et le renvoyer sans autre forme de procès d’où il vient. La réaction de Léna est bien différente et elle va tenter d’apporter à cette pauvre créature tout ce qui lui est  possible de lui  procurer : chaleur, réconfort et nourriture. Mais Boesman et elle-même sont démunis de tout à part une bouteille de gnôle à laquelle Boesman tient plus que tout au monde. Chacun va donc essayer de survivre à cette terrible et inhospitalière nuit africaine, soumis à des conditions précaires et inhumaines. Au terme enfin atteint de cette nuit interminable, Léna prendra la seule décision qui importe pour elle : se séparer de Boesman même au prix d’une solitude comportant son potentiel évident de dangers de toutes sortes. Car elle ne peut plus supporter les brutalités que lui fait subir Boesman et pour cela elle est décidée à accomplir ce saut dans l’inconnu. A travers le procès du colonialisme vu à travers  le destin de Boesman et Léna, il y a aussi la dénonciation de la misère et  du sort abominable infligé aux Noirs par la minorité blanche. Philippe Adrien qui met en scène cette pièce d’Athol Fugard, trouve le ton juste pour conter avec beaucoup d’humanité et de sensibilité une séquence essentielle de l’existence de ce couple formé par Boesman et Léna se déchirant dans un combat sans merci au cœur de la nuit africaine. Saluons la performance de deux grands comédiens : Christian Julien dans le rôle de Boesman et Nathalie Vairac dans celui de Léna. Tadié Tuéné, interprétant avec talent également, le rôle d’Outa.

texte de Michel Jakubowicz

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