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Théâtre : "Le Portrait de Dorian Gray" au Lucernaire (Paris)

AFFICHE Dorian Gray Lucernaire

D’après l’unique roman d’Oscar Wilde
Adaptation et mise en scène de Thomas Le Douarec
Avec : Arnaud Denis ou Valentin de Carbonnières, Lucile Marquis ou Caroline Devismes, Fabrice Scott et Thomas Le Douarec

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Théâtre classique Lucernaire
du 20 janvier au 3 avril 2016 (à 20 h du mardi au samedi et dimanche à 17 h)
53 rue Notre-Dame-des-Champs - 75006 Paris
www.lucernaire.fr

Obsessionnel et presque omniprésent dans la littérature fantastique, le thème du double maléfique, perfide, prêt au moindre faux-pas à vous jeter dans d’improbables précipices est présent dans la nouvelle fantastique d’Edgar Allan Poe : William Wilson. Le traitement de ce thème troublant par Oscar Wilde frappe par sa modernité, ancrant cet élément irrationnel, dans la réalité de cette fin du XIXe siècle date à laquelle Oscar Wilde écrit ce roman.

Oscar Wilde décrit avec une acuité cruelle le parcours chaotique du débauché cynique et pervers Dorian Gray qui, après avoir passé imprudemment un pacte avec le diable, va dévaler sans trêve la route qui va le mener au précipice final. Ce débauché cynique, corrompu jusqu’à l’âme, semant sa route de cadavres, va croire à une immunité le plaçant au-dessus de l’humanité. Cette certitude lui est assurée par un tableau retenant prisonnière sa propre image peinte par son ami le peintre Basil Hallward. En effet, le tableau représentant Dorian Gray va absorber tous les crimes et autres abjections perpétrés par Dorian Gray et lui conserver l’apparence d’une jeunesse éternelle. Mais peu à peu Dorian Gray va admettre une réalité terrifiante : lorsqu’il observe le tableau avec une certaine précision il est bien obligé d’admettre qu’insensiblement son portrait commence à subir d’imperceptibles modifications alors que son propre visage conserve son éternel aspect de jeune homme ignorant les atteintes du temps. Le réalisateur américain Albert Lewin avait signé un insurpassable chef-d’œuvre  d’après le roman d’Oscar Wilde en 1945 : The Picture of Dorian Gray, donnant à ce dernier une stature de dandy au cynisme noir et effrayant. Thomas Le Douarec qui met en scène et interprète également  Lord Henry Wotton prend le parti de rester fidèle au texte initial d’Oscar Wilde et l’on cherchera vainement une quelconque trahison opérée à l’égard du texte de l’écrivain anglais. C’est ainsi qu’en ne cherchant nullement à « moderniser » Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, Thomas Le Douarec obtient un résultat réellement satisfaisant, transportant les spectateurs réunis ce soir dans cette salle du Lucernaire dans un espace-temps objectivement proche de cette Angleterre (Londres ?) dans laquelle, insidieusement, nous
sommes entraînés sans ménagement. La distribution de cette représentation du 25 février 2016 réunissait Thomas Le Douarec qui campait avec aisance un autre cynique personnage : Lord Henry Wotton. L’ami de Dorian Gray, le peintre, était interprété avec une belle conviction par Fabrice Scott alors que l’ignoble et cruel dandy (Dorian Gray) était impeccablement joué par Arnaud Denis. Le personnage de la fragile et sensible actrice était magnifiquement campé par Lucile Marquis. Au total une incursion parfaitement menée dans les dédales de la folie et du 
crime où finit par se perdre celui qui se croyait au-dessus de tout châtiment, de tout jugement. Elément qui ajoute un supplément d’âme à ce spectacle : l’excellence des costumes réalisés par José Gomez. Un seul bémol : la présence indésirable d’une chanson anglo-saxonne s’invitant dans ce spectacle de manière inopportune au milieu d’une illustration sonore par ailleurs très réussie.

Thomas Le Douarec avec ce spectacle recrée par une sorte de magie, l’atmosphère qui permet au personnage fascinant et maudit de Dorian Gray de conserver sa célébrité et bien sûr, celle de son auteur.

Texte de Michel Jakubowicz

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