|
Voici une proposition aussi curieuse qu'inédite : présenter deux œuvres de musique de chambre de Richard Strauss associées à des transcriptions chambristes de deux autres pièces orchestrales. L'idée en revient au collectif de musiciens de l'Orchestre de Paris, Le OFF, formation à géométrie variable, qui a choisi de se spécialiser dans une approche considérant musique de chambre et répertoire orchestral comme un tout indissociable. Au-delà de sa singularité, le programme est défendu avec une indéniable maestria.
Pour son nouveau récital, la soprano star Anna Netrebko joue l'éclectisme en alignant une dizaine de personnages, empruntés à sept compositeurs qu'elle chante dans quatre langues. Elle créé la surprise avec une tétralogie de figures du répertoire allemand, une première dans son catalogue de disques solos. Nul doute que l'évolution considérable actuelle de sa voix et les moyens techniques phénoménaux qui sont les siens lui permettent d'en endosser le challenge. Mais au-delà de son formidable achèvement, cette collection laisse perplexe eu égard à son schéma même : un assemblage disparate de rôles dont on peut penser que certains ne seront pas abordés à la scène, nonobstant l'aura prestigieuse de la direction d'orchestre de Riccardo Chailly.
Voici la captation de l'Elektra de Richard Strauss dans la production donnée au Festival de Salzbourg à l'été 2020, un des rares opéras présentés en raison de la crise sanitaire. Et une réalisation en tous points exceptionnelle d'une œuvre réputée difficile à représenter. C'est que la mise en scène en décortique la trame au plus profond et qu'a été réunie une distribution exemplaire dirigée par un des meilleurs chefs straussiens du moment. Le DVD porte haut la force inouïe de ce spectacle, autre grande réussite du festival autrichien. Indispensable.
Sandrine Piau offre un album abordant un répertoire dans lequel on ne l'attendait peut-être pas. Où pourtant elle dit revenir à ses premières amours musicales d'étudiante, le romantisme allemand tardif. Dans ces pages maniant le clair-obscur d'un écrin orchestral extrêmement raffiné, la voix évolue avec une évidente aisance et l'interprétation émeut par sa sincérité.
Pour leur deuxième disque sous label Alpha, le Philharmonique de Radio France et son chef Mikko Franck abordent Richard Strauss et sa rutilante orchestration. Un test pour juger de la santé d'un orchestre. Parfaitement réussi tant les trois œuvres jouées, fort dissemblables, respirent la perfection instrumentale comme le souffle de l'inspiration de leur auteur.
Pour son nouveau récital au disque, Matthias Goerne a choisi de chanter le crépuscule dans un panel de pièces du romantisme finissant, qui prenant comme point de départ Wagner, conduit à Richard Strauss et au méconnu Hans Pfitzner. Faisant équipe avec le pianiste coréen Seong-Jin Cho, il nous emmène dans des contrées baignées de mélancolie que l'expressivité de sa voix ambrée colore de tons effectivement évocateurs du soleil couchant.
Ce DVD est la captation live de la production de Salomé donnée au Festival de Salzbourg 2018 dans la mise en scène de Romeo Castellucci et dirigée par Franz Welser-Möst. Il capture le formidable impact dramatique d'un spectacle qui fit date dans l'histoire du festival autrichien et dontnous avons rendu compte élogieusement ici. Il révèle aussi des détails qui méritent d'être soulignés, complétant la première analyse. Voici une version indispensable pour qui veut approfondir la signification d'une œuvre essentielle du répertoire lyrique du XXème siècle.
Richard Strauss et Robert Schumann au programme du concert de l’Orchestre National de France dirigé par Juraj Valčuha.
Yannick Nézet-Séguin
Évènement au Théâtre des Champs-Elysées que la version de concert de La Femme sans ombre de Richard Strauss. Cet opéra, parmi les plus difficiles du répertoire, connaît une exécution mémorable. Grâce à une distribution de haute lignée et à une direction hautement électrisée due au chef canadien Yannick Nézet-Séguin. Certes, l'aspect scénique manque, mais du moins a-t-on l'occasion, et le plaisir, de se concentrer sur la musique luxuriante telle que l'a conçue Richard Strauss.
Ce nouvel album que Diana Damrau consacre aux Lieder de Richard Strauss nous plonge dans un monde d'extrême séduction vocale. Il rapproche un florilège de pièces avec accompagnement de piano des Quatre derniers Lieder qu'adorne une luxuriante parure orchestrale. Ce chant du cygne de l'auteur du Chevalier à la rosecompte parmi les plus beaux morceaux du répertoire. Partout dans ce récital s'exprime une vraie affinité avec l'idiome straussien.
Lieder de Richard Strauss, et de Hugo Wolf, Alban Berg, Johannes Brahms, Alexander von Zemlinsky et Erich Wolfgang Korngold
Claudia Moulin, soprano, Grégory Moulin, piano
1CD Odradek : ODRCD 338 (Distribution : UVM)
Durée du CD : 56'23
Note technique : (4/5)
Pour leur premier récital, la soprano luxembourgeoise Claudia Moulin et son partenaire à la scène comme à la ville Grégory Moulin proposent de mettre en regard un bouquet de Lieder de Richard Strauss avec ceux de musiciens contemporains, de Brahms à Berg, de Zemlinsky à Korngold. Et ainsi de focaliser sur des liens et correspondances, voire des clins d'œil aussi bien textuels que musicaux. Démarche aussi originale qu'enrichissante.
Abonnez-vous à notre newsletter
ON-mag fait partie de Coopetic Medias SIC-SA à capital variable, immatriculée au RC Paris, n° 80457246900018
Informations légales, contacts, rédaction, publicité, cookies, signaler un abus