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CD : Frédéric D’Oria-Nicolas - Odyssey

doria-nicolas-odyssey

Durée : 58' 11''
Fondamenta FON 1101007
(www.fondamenta.fr)
(www.fredericdorianicolas.com)
Notre avis : etoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-rougeetoile-rouge(5/5)

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Deux CDs au lieu d’un ! C’est une première mondiale, car l’un des CDs est un Mobility Mastering, destiné à être écouté dans des endroits pas forcément silencieux (voiture, baladeur, etc), l’autre un Fidelity Mastering, pour votre chaîne hi-fi ou salle d’écoute personnelle (N.D.L.R. : la production a reçu le soutien des marques françaises Devialet et Triangle Industries).
Pour reprendre l’expression de l’éminent philosophe (et chasseur de bécasses) Camille Barrot, « on ne se mouche pas avec des pattes d’anguilles » chez Fondamenta.

Le pianiste Frédéric D’Oria-Nicolas nous propose un programme de voyage autour de Franz Liszt, en commençant par l’inspirateur majuscule, Ludwig Van Beethoven et la sonate Waldstein (la 21), et en finissant par l’autre inspirateur, Richard Wagner, dans une transcription pour piano de l’ouverture de Tannhäuser réalisée par Franz Liszt lui-même. Cerise sur le gâteau, l’Adagio en doM (signalé par erreur en Am au dos du coffret et dans le texte anglais) BWV 564 de Jean-Sébastien Bach tel qu’il a été transcrit pour piano par Feruccio Busoni. Cet enregistrement a été réalisé à Metz, à l’Arsenal, en septembre 2010 et Frédéric D’Oria-Nicolas s’y montre exceptionnel, notamment par un jeu utilisant très bien la pédale forte, comme l’avait voulu Beethoven qui découvrait cette nouveauté, tout comme Liszt et, à plus forte raison Wagner. La clé de l’esprit de ce disque se trouve dans le livret sous la forme d’une double page, photo d’un homme de dos contemplant un lac, et le poème de Byron, tiré du Childe Harold’s Pilgrimage (traduit en français d’une façon un peu ampoulée). Bref, les sources du romantisme. D’où ce jeu profond, intérieur, tourmenté, pour cette sonate Waldstein crépusculaire et fiévreuse. Avec Liszt, pour sa vallée d’Oberman, tiré des Années de pèlerinage, on est en plein dans le sujet, puisque c’est inspiré du roman éponyme, par lettres, de Senancour, qu’on ne lit plus guère aujourd’hui, mais que Liszt, lui, a lu et abondamment annoté. Des pages là aussi, tourmentées où se lit le désenchantement, le mal de vivre et l’inquiétude métaphysique que rend très bien le jeu tonique de Frédéric D’Oria-Nicolas. Liszt encore et son gendre Richard Wagner, pour cette ouverture de Tannhäuser au piano qui est une réflexion méditative sur l’œuvre qui, pour Liszt, devait être vécue comme une musique dans le prolongement de la sienne, tout au moins possiblement dans son futur.

Ce luxueux album est une incontestable réussite et nous offre un interprète inspiré qui ne se contente pas de jouer, mais pense intelligemment à sa musique et à son instrument (non, ce n’est pas le cas de tous les musiciens). Il en devient habité et c’est ainsi qu’il tire, sans trahir, tout le suc d’une musique écrite il y a un siècle et demi et qui nous parle d’autant mieux.

CD disponible sur Amazon

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