Skip to main content
PUBLICITÉ
  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Livre : Philippe Entremont - Piano ma non troppo - souvenirs

Philippe Entremont Piano ma non troppo

Editions de Fallois - Paris

LA SUITE APRÈS LA PUB

Quand Philippe Entremont avec une pointe d’humour et aussi pas mal de causticité entreprend de nous conter ses souvenirs, il le fait avec élégance et sans chercher à jouer les donneurs de leçons. Les années d’apprentissage sont évoquées sans fard, se déroulant en partie sur la défaite honteuse de la France en 1940 et sous les bombardements alliés.

La partie la plus intéressante du livre de souvenirs de Philippe Entremont concerne son appréciation très lucide des grands chefs d’orchestre. Sa façon d’analyser le répertoire de Pierre Boulez- qu’il  considère comme un des plus grands chefs d’orchestre du monde- ne manque pas de pertinence lorsqu’il constate que ce dernier méprise la musique de Rachmaninov. Philippe Entremont constate donc que jamais son rêve  de jouer un Concerto de piano de Rachmaninov  sous la direction de Pierre Boulez ne deviendra une réalité. Philippe Entremont nous conte aussi sa fascination pour un chef américain mythique : Eugene Ormandy qui, comme chacun le sait, a fait de l’Orchestre de Philadelphie qu’il a dirigé de 1938 à 1979 une des plus brillantes phalanges du monde. Philippe Entremont nous raconte aussi ses rencontres capitales comme par exemple celle, inoubliable, avec Igor Stravinsky. Une rencontre qui lui permettra de jouer sous la direction du compositeur du Sacre du Printemps deux de ses œuvres  concertantes : le Capriccio et le Concerto avec orchestre d’harmonie. La relation entre les deux hommes ne se passera pas sans quelques tiraillements car Stravinsky qui, à l’époque, entreprend à la demande de CBS une intégrale de ses œuvres sous sa propre direction, pratique une direction d’orchestre assez minimaliste qui semble ne guère satisfaire ce que Philippe Entremont conçoit lui-même sur le plan orchestral. Lorsque Philippe Entremont évoque sa position double de pianiste et chef d’orchestre, il cite quelques noms célèbres comme ceux de Daniel Barenboim, Christoph Eschenbach, Mstislav Rostropovitch, Yehudi Menuhin mais oublie aussi deux noms prestigieux ayant eux aussi opté pour cette double fonction : Vladimir Ashkenazy et Mikhail Pletnev. Bien qu’ayant dirigé les grandes pages du répertoire symphonique (je me souviens d’une poétique version de la Symphonie No9 de Schubert enregistrée avec l’orchestre symphonique de Munich) Philippe Entremont cultive une certaine nostalgie : celle de l’opéra car ayant dirigé La Bohême de Puccini à Saint-Pétersbourg il ne désespère pas de réaliser un jour un projet qui lui est cher : celui de diriger un opéra de Mozart. Philippe Entremont consacre un chapitre entier à son instrument le piano et il faut bien avouer qu’il se révèle fin connaisseur de tous les types de piano allant du Bösendorfer au Yamaha et à l’incontournable Steinway. Si Philippe Entremont avoue sans ambages son admiration pour Pierre Boulez malgré son refus de diriger les Concertos pour piano de Rachmaninov, il reste dubitatif devant les longues dissertations à propos de quelques mesures que le chef roumain Sergiu Celibidache impose à ses musiciens lors d’une répétition de concert. Par contre, un autre chef suscite chez Philippe Entremont une profonde admiration : Leonard Bernstein et c’est pour lui l’occasion de relater sa rencontre imprévue avec lui sur la 5e Avenue de New York. Bernstein l’invite à venir le voir diriger le soir même Les Fêtes Romaines de Respighi. Philippe Entremont qui effectivement assiste au concert en sort ébloui par la prestation extraordinaire que le chef américain a pu offrir au public. Bien entendu le livre fourmille de grands noms du piano, Horowitz, Rubinstein, Glenn Gould et de mille autres anecdotes, mais ce livre passionnant comporte aussi un volet musical sous forme d’un CD au son parfois médiocre mais qui concerne deux Concertos essentiels du répertoire pour piano et orchestre : le Concerto No23 en La Majeur KV.488 de Mozart que joue Philippe Entremont accompagné par le Sinfonieorchester-Frankfurt dirigé par Jean  Entremont ainsi que le Concerto No1 op.23 de Tchaïkovski enregistré avec le London Symphony Orchestra dirigé par Pierre Monteux.

texte de Michel Jakubowicz

Livre disponible sur Amazon

LA SUITE APRÈS LA PUB


Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ