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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

CD Correspondances

CD Ravel correspondances corinne kloska piano brigitte fossey

Corinne Kloska, piano
Brigitte Fossey, comédienne
Ravel, Chopin, Scriabine
Soupir Editions
Durée du CD :70’45’’
Notation : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise

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Un CD cherchant visiblement à sortir des sentiers battus puisqu’il fait appel à la poésie entretenant avec la musique pour piano d’étranges rapprochements, nous faisant ainsi découvrir soudainement révélés, d’improbables paysages sonores.
C’est la voix de Brigitte Fossey qui entre en scène la première en nous contant avec talent une brève biographie de Chopin écrite par le grand poète allemand Henri Heine. C’est ensuite à la musique de Chopin de s’imposer avec une délicate et rêveuse Mazurka Opus 67 No2 qui déroule ses arabesques mystérieuses. L’Etude Op.8 No5 d’Alexandre Scriabine fait encore référence aux influences héritées de l’univers sonore de Frédéric Chopin mais déjà apparaissent quelques signes prouvant que le futur auteur du Poème de l’Extase et du Poème du Feu commence à acquérir son propre style. Avec la Mazurka Opus 68 No1 qui suit, Chopin nous entraîne dans  un monde de légèreté où la tristesse n’a pas sa place.

Brigitte Fossey nous lit un extrait de l’Acte Préalable d’Alexandre Scriabine, un Poème halluciné, plein d’exaltation flamboyante. L’Etude Op.42 No5, toujours de Scriabine, d’un caractère passionné, s’éloigne encore davantage du modèle tracé par Chopin, s’élançant vers d’autres mondes sonores. La Mazurka Opus 68 No4 de Chopin, qui suit, nous fait découvrir un compositeur plus secret dont la palette s’assombrirait progressivement. La Polonaise Opus 21 d’Alexandre Scriabine conserve encore quelques liens avec le monde sonore imaginé par Chopin mais paradoxalement c’est parfois à l’ombre de Franz Liszt de s’immiscer chez le compositeur de la Troisième Symphonie « Le Divin Poème ».

Brigitte Fossey nous chuchote à présent Ondine du poète Aloysius Bertrand dont Maurice Ravel s’inspire pour composer son triptyque pour piano « Gaspard de la Nuit » en 1908. La première pièce de ce triptyque (Ondine) nous transporte dans un monde aquatique où règnent d’incroyables créatures légendaires. Brigitte Fossey nous   dépeint à présent Le Gibet qui constitue la deuxième partie du poème d’Aloysius Bertrand. Les images évoquées par Brigitte Fossey sont terribles et parlent d’insectes et de pendus, évoquant aussi le tintement lugubre d’un glas funèbre venu  d’une distance considérable. C’est maintenant à la musique de Ravel d’évoquer l’univers spectral du gibet. Le compositeur de Daphnis et Chloé suit pas à pas l’univers démoniaque imaginé par Aloysius Bertrand, laissant pour longtemps résonner en nous l’écho funeste d’une cloche glaçante.

Brigitte Fossey nous récite enfin les abominables pérégrinations d’une infecte et affreuse créature : Scarbo. Ignoble et indicible horreur peut-être surgie d’un dessin d’Alfred Kubin. Maurice Ravel fait appel à  tout son génie  pour mettre en musique cette terrifiante créature issue du fond de la nuit, appelant à la rescousse toutes les ressources du piano. Corinne Kloska, au piano, est l’interprète inspirée de ces trois univers musicaux (Chopin, Scriabine, Ravel) si différents  en en révélant avec force chaque détail avec un instinct musical étonnant de maîtrise et de perfection.

Texte de Michel Jakubowicz

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CD disponible en ligne