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  • Michel Jakubowicz
  • Musique

Concert du 8 janvier 2016 à l'Auditorium de Radio France

Hrusa Jakub chef orchestre

Direction : Jakub Hrusa - Orchestre Philharmonique de Radio France
Bohuslav Martinu : Double Concerto pour deux orchestres à cordespiano et timbales, H 271
Albert Roussel : Bacchus et Ariane, suite No2 (Acte II)
Bohuslav Martinu : La Bagarre (Vrava),H 155
Albert Roussel : Symphonie No3 en sol mineur opus 42
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LA SUITE APRÈS LA PUB

Pierre Boulez vient, hélas,  de nous quitter et en prélude à ce concert, Domaines (1968) pourclarinette seule était interprété ce soir par Nicolas Baldeyrou le clarinettiste solo de  l’Orchestre Philharmonique de Radio France à la mémoire du compositeur et chef d’orchestre. Le Double Concerto pour deux orchestres à cordes, piano et timbales de Martinu qui ouvrait ce concert s’inspirait d’une forme majeure de la musique pour orchestre du XVIIIe siècle : le Concerto grosso. Vivaldi, Haendel, Corelli, Muffat mais aussi Boyce s’étaient magnifiquement illustrés dans cette forme. Un genre que l’on pensait caduque et révolu qui pourtant refaisait surface au XXe siècle grâce à des compositeurs comme Krenek, Kaminsky, Schnittke et Bloch. En se tournant vers cette forme musicale héritée du passé, Martinu compose non seulement ce Double Concerto pour orchestre à cordes mais également un Concerto grosso  et un Duo concertant. Ce Double Concerto pour orchestre à cordes sera créé par le célèbre chef d’orchestre Paul Sacher, le 9 février 1940 alors que s’amoncellent sur toute l’Europe de menaçants nuages porteurs de bruits de guerre. Si le premier mouvement de l’œuvre un Poco allegro ne révèle pas immédiatement les angoisses du compositeur, il en va tout autrement du Largo à  l’ambiance tragique qui, peut-être, anticipe Lidice, dédié au village martyr de Tchécoslovaquie. Le troisième mouvement, un Allegro, se veut néanmoins optimiste mais laisse à nouveau l’ambiance tragique du Largo  réapparaître. La deuxième œuvre au programme était constituée de la Suite No2 du Ballet Bacchus et Ariane d’Albert Roussel. Le genre Ballet avait fort bien réussi à Albert Roussel qui dès 1913 avait donné son célèbre Festin de l’araignée .Cette deuxième Suite d’orchestre de Bacchus et Ariane  dont la création a lieu à Paris en 1931,réunit un orchestre très fourni, ménageant notamment pour les cuivres un rôle considérable. Se déroulant dans un cadre mythologique où règnent dryades, dieux et créatures mythiques, Bacchus et Aria  débute dans une sorte d’atmosphère diaphane et va se terminer par une furieuse bacchanale matérialisée par des rythmes forcenés bien caractéristiques du style d’Albert Roussel pratiqué également dans ses quatre Symphonies. En seconde partie c’était à une œuvre inclassable de Martinu de figurer au programme. Le titre de ce curieux objet symphonique s’intitule La Bagarre et sera créé à Boston en 1927 sous la direction de Serge Koussevitzky. Bien que d’une durée assez brève ne dépassant pas les dix minutes, cette sorte de Poème symphonique fait appel à un orchestre fourni : une petite harmonie très complète et un arsenal de cuivres imposant (3 trompettes, trois trombones, un tuba) percussions et cordes. Le sujet s’inspire à posteriori d’un évènement dans le domaine de l’aviation : la traversée de l’Atlantique en 1927 par Lindberg. L’œuvre très dynamique s’inspire volontiers de plusieurs sources  comme le jazz ainsi que les musiques populaires. Pour clore ce concert le chef tchèque Jakub Hrusa décidait d’inscrire à son programme la Symphonie No3 d’Albert Roussel. Cette Symphonie (la plus célèbre de l’auteur du Festin de l’araignée) fait partie des chefs-d’œuvre commandés aux plus fameux compositeurs de l’époque pour fêter le cinquantième anniversaire de l’Orchestre Symphonique de Boston. Relevons parmi les noms des compositeurs sollicités ceux de Honegger, Prokofiev, Respighi, Hindemith, Stravinsky, Hanson. C’est Serge Koussevitzky qui créera cette Troisième Symphonie d’Albert Roussel le 24 octobre 1930 à Boston. Singulier mélange de transparence et de virtuosité dans l’écriture réservée à la petite harmonie, cette Symphonie No3 emprunte les mêmes voies que le final du ballet Bacchus et Ariane conduisant au vertige et à la folie rythmique la plus déchaînée. Jakub Hrusa, le chef tchèque appelé à diriger en 2016 l’Orchestre symphonique de Bamberg, nous invitait à voyager entre deux univers symphoniques bien différents : celui d’Albert Roussel et celui de Bohuslav Martinu. Un pari relevé avec aisance par un chef exigeant et précis qui bénéficiant de l’appui de l’Orchestre Philharmonique de Radio France parvenait  à faire sien chacun de ces mondes musicaux aux couleurs sonores éclatantes.

Texte de Michel Jakubowicz



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