Blu-ray « Citizen Kane » : un chef-d’œuvre remastérisé en 4K
Note artistique : (5/5)
Note technique globale : (4/5)
Synopsis
Le milliardaire Charles Foster Kane, magnat de la presse, meurt dans sa fabuleuse propriété de Xanadu en prononçant « Rosebud » et en lâchant une boule à neige. Le reporter Thompson cherche à expliquer ce mot et le geste en rencontrant ceux qui l’ont connu ; chaque rencontre donne, en flashback, un aperçu particulier de cet étrange personnage…
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- Titre original : Citizen Kane
- Support : blu-ray coffret prestige
- Genre : drame
- Année : 1941
- Réalisateur : Orson Welles
- Casting : Orson Welles, Joseph Cotten, Dorothy Comingore, Everett Sloane, Ray Collins, George Coulouris, Agnes Moorehead, Paul Steward Raymond, Ruth Warrick, Erkine Sanford, William Alland
- Durée : 1 h 59 mn 23 (blu-ray) 1 h 54 mn 29 (DVD)
- Format vidéo : 4/3
- Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-HD MA 1.0 anglais, Dolby Dital 1.0 allemand
- Bonus : commentaires audio de Roger Ebert et Peter Bogdanovich NON sous-titrés - Première mondiale au Place Theater, le 1er mai 1941 (1 mn 08) - entretiens avec Ruth Warrick (1997, 5 mn 40) et Robert Wise (1994, 3 mn 04) - la production : story-boards (3 mn 20) et feuilles de service (0 mn 48), photographies avec commentaires de Roger Ebert (10 mn 53) - la postproduction : scènes coupées (1 mn 12), campagne publicitaire (1 mn 36), revue de presse (0 mn 48), bandes annonces (3 mn 44), soirée d’ouverture (1 mn 36) - bandes annonces (3 mn 46) - DVD du film - copie digitale UltraViolet - livre avec story-boards, anecdotes sur le film et le tournage, affiches et documents d'époque (88 pages)
- Éditeur : Warner Home Vidéo
Commentaire artistique
Référence absolue du cinéma, classé régulièrement parmi les meilleurs films de l’histoire, cité ou parodié dans un nombre incalculable de médias, le chef-d’œuvre d’Orson Welles ne peut être épuisé en une seule vision tant la richesse du langage cinématographique utilisé est innovante et continue d’être un modèle d’écriture et d’inspiration pour les cinéastes.
À la suite du phénoménal succès de sa fameuse adaptation radiophonique de « La guerre des mondes » du 30 octobre 1938, le jeune Orson Welles est engagé par la RKO pour réaliser à Hollywood, sans aucune contrainte avec le final cut, deux films ; Citizen Kane sera le premier. Malgré l’hostilité et la pression de Randolph Hearst qui voyait, à juste titre, dans le sujet traité une forte similitude avec son propre personnage, le film sortira le 1er mai 1941 ; son insuccès relatif s’explique en grande partie par cette hostilité relayée dans toute la presse qu’il contrôlait. Le scénario, qui raconte en effet la vie d’un magnat de la presse fort proche, fut co-écrit avec Herman J. Mankiewicz qui inventa l’énigmatique terme « rosebud », une clé décryptée depuis de multiples façons… C’est moins le récit qui innove que les trouvailles pour le raconter sous la forme d’une enquête médiatique pour laquelle Orson Welles remet au gout du jour le flash-back. Ce procédé, inventé en 1901, à la mode dans les années 20, était délaissé pour cause de rupture de la narration linéaire plus facile à comprendre par le public ; pour éviter cet écueil il introduisit au début du film, les News of March, un « film dans le film », sous la forme de fausses actualités parodiant les documentaires d’époque distribués au cinéma par Time Inc. Du point de vue technique, Welles use et abuse de la profondeur de champ traité en « deep-focus », une hyper netteté, de contre-plongées immodérées, de mouvements de grue et de trucages nombreux qui confèrent à la vision du film cet aspect spécifique si singulier. La réussite des recherches visuelles incombe pour beaucoup au directeur photo Gregg Toland qui va concrétiser les audaces filmiques du réalisateur dans le studio 281 de la RKO où l’essentiel du film fut tourné. Le montage sera effectué par deux futurs réalisateurs hollywoodiens, Robert Wise et Mark Robson tandis qu’Orson Welles et Linwood G. Dunn vont tenter d’accroître optiquement la qualité de certains plans. Fort de son expérience au Mercury Theatre on the Air, Welles mixera son film de manière très complexe avec des techniques propres à la radio, une première. D’ailleurs, à tous les niveaux, ce film précurseur sera un terrain de recherches et d’expérimentation : décors, maquillages époustouflants de Maurice Seiderman (qui vieillit Welles de 50 ans), musique (premier score ciné de Bernard Herrmann), etc. Comme tous les grandes œuvres, Citizen Kane a suscité la controverse sur ses qualités et son influence, n’engrangeant qu’un Oscar pour le meilleur scénario original en 1942, mais, avec cette édition techniquement irréprochable, il est urgent de revoir, ou de découvrir, cet authentique chef-d’œuvre.
À noter que cette année, dans la section Cannes Classics seront projetés les documentaires Orson Welles, autopsie d’une légende d’Élisabeth Kapnist et This is Orson Welles, de Clara et Julia Kuperberg.
Commentaire bonus
Cette édition reprend une partie des suppléments de l’édition Warner US de 2012 (70e anniversaire du film) mais exclut l’essentiel, le fameux documentaire The Battle Over Citizen Kane de 1996 de Michael Epstein et Thomas Lennon et, plus anecdotique, le film RKO 281 de Benjamin Ross en 1999. Les commentaires audio de Roger Ebert et Peter Bogdanovich seront réservés aux seuls anglophiles, Warner n’a pas jugé utile de les sous-titrer. Un très beau livret cartonné et relié offre une iconographie très complète et rare.
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Commentaire technique
Pour cette édition blu-ray, inédite en France, Warner a repris sa restauration de 2011, effectuée par Janet Wilson et Ned Price et la Warner Brothers Motion Imagery à partir d’un scan 4K de plusieurs éléments nitrate. En effet comme le négatif original du film est aujourd’hui perdu, ayant disparu dans un incendie, d’autres sources ont été utilisées : une copie 35 mm du MoMA (copie de troisième génération) et deux masters 35 mm retrouvés en Europe ; chaque source ayant des avantages techniques différents. Les meilleurs fragments de chaque furent retenus pour constituer la base du master sur lequel l’équipe a ensuite effectué un fastidieux travail de restauration consistant notamment à corriger les défauts d’alignement (effets optiques et fondus). Au final, ce nouveau master HD propose une image très définie, avec un grand respect des effets visuels, un bon contraste, fidèle au clair-obscur souhaité, une belle restitution de l’échelle des gris
Comparée aux éditions antérieures sur DVD, la nouvelle copie donne une vision très différente du film. La richesse caractéristique d’un film en noir et blanc (texture, grain de pellicule, densité) est respectée. Deux partis pris techniques d’Orson Welles et Gregg Toland (chef opérateur) sont ainsi enfin respectés avec toutes leurs nuances : la profondeur de champ et l’éclairage clair-obscur. Un renouveau visuel !
Un BD globalement excellent : la copie s’avère remarquable, très détaillée, débarrassée de ses défauts, bien contrastée, avec beaucoup de fidélité dans les nuances de gris et un étalonnage qui respecte les intentions de Welles et Toland.
- Colorimétrie : échelles de gris nuancées, noirs francs, blancs non brulés
- Étalonnage : excellent, la juxtaposition de séquences éclairées différemment devient également moins heurtée, plus fluide
- Contraste : excellent, restituant le « clair-obscur » désiré
- Compression : pas de défaut constaté
- Définition : excellent, permets d’apprécier pleinement la technique du « deep focus »
- Mixage : le mixage DTS-HD MA mono se contente de restituer au mieux l’extraordinaire mixage concocté par Welles : souffle léger, dialogues clairs, pas de distorsion majeure, un tassement dans le haut du spectre avec des aigus faiblards
Liens Web
IMDb : http://www.imdb.com/title/tt0033467/
Notre avis
Image : (5/5)
Mixages sonores : (3/5)
Bonus : (2/5)
Packaging : (4/5)
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