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La Fille au vautour - La Ville dorée : deux Heimatfilms emblématiques des années 40 (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Heimatfilms Artus 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Synopsis

La Fille au vautour : en 1840, dans les Alpes du Tyrol, la jeune et jolie Wally est la fille unique d'un fermier. Elle travaille comme un homme pour aider son père et passe son temps libre dans les montagnes, tentant d'apercevoir Joseph, un chasseur, qu'elle aime en secret. Un jour, elle parvient à capturer un vautour, ce qui provoque le mépris de Joseph et l'admiration de son père. Ce dernier veut alors la marier à Vinzenz, un fermier voisin. Wally refuse et, chassée par son père, se réfugie dans les montagnes où elle va vivre avec son vautour.

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La Ville dorée : destinée par son père au fermier Thomas, la jolie Anna est attirée par les lumières de Prague. Se souvenant que sa mère, venant de la ville, s'est suicidée de désespoir suite à la contrainte de devoir vivre à la campagne, elle décide de tenter sa chance dans la ville dorée. Elle va vite devenir la proie de son cousin Toni, un jeune dépravé, qui va lui faire subir déshonneur et souillure.

• Titre original : Die Geierwally - Die goldene Stadt
• Support testé : Blu-ray
• Genre : mélodrame
• Année : 1940, 1942
• Réalisation : Hans Steinhoff, Veit Harlan
• Casting : (1) Heidemarie Hatheyer, Sepp Rist, Eduard Köck, Winnie Markus, Leopold Esterle, Mimi Gstöttner-Auer, Ludwig Auer, Maria Hofen (2) Kristina Söderbaum, Eugen Klöpfer, Annie Rosar, Dagny Servaes, Paul Klinger, Emmerich Hanus, Kurt Meisel, Rudolf Prack, Liselotte Schreiner
• Durée : 1 h 42 mn 22 - 2 h 00 mn 35
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 (1) Noir et Blanc (2) Couleur (Agfacolor)
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : LPCM 2.0 monophonique allemand
• Bonus du Digipack La Fille au vautour : version intégrale dans un boîtier Digipack 2 volets avec étui contenant le Blu-ray (102 mn 22) et le DVD du film (98 mn 17) - La Belle et la Bête, présentation par Bertrand Lamargelle (2023, 12 mn 02) - diaporama d'affiches et photos (1 mn 24)
• Bonus du Digipack La Ville Dorée : version intégrale dans un boîtier Digipack 2 volets avec étui contenant le Blu-ray (120 mn 35) et le DVD du film (115 mn 46) - le livret « Le Cinéma Heimat : les origines » par Christian Lucas (62 pages) - Illusions perdues, présentation par Bertrand Lamargelle (2023, 15 mn 48) - diaporama d'affiches et photos (1 mn 18) - bande annonce originale (VOST, 2 mn 15)
• Éditeur : Artus Films

Commentaire artistique

La Fille au vautour et La Ville dorée relèvent du genre Heimatfilm. Ce terme allemand heimat, est fort bien expliqué dans le superbe livret qui accompagne le combo Blu-ray/DVD, de La Ville Doréee. Il signifie, en substance, « les racines profondes d’un individu », l’endroit où il se sent bien dont il ne peut mesurer la nécessité que lorsqu’il l’a perdu. Bref, heimat désigne, bien plus que la patrie, une réalité existentielle dont la complexité est analysée en profondeur dans ce livret très instructif qui en liste les composantes. Cette notion s’exprime à travers le récit stéréotypé d’un protagoniste heureux qui imagine qu’ailleurs (à la ville) l’existence est bien supérieure et qui déchantera d’avoir abandonné l’harmonie de ses origines. Cette conception n’est pas qu’écologique et idyllique car elle sous-entend des aspects plus négatifs comme le chauvinisme, le repli, le passéisme : il n’est guère étonnant qu’Hitler ait exalté la heimat dans ses écrits et dans sa propagande, un message que son ministre Joseph Goebbels va s’empresser, dès le début de la Seconde guerre mondiale, de relayer à travers le cinéma en produisant des films soit ouvertement antisémites, comme le sinistre Le Juif Shüss (1940), ou des heimatfims, comme La Fille au vautour (1940) et La Ville Dorée (1942).
Précédant de deux ans La Ville dorée, le mélodrame La Fille au vautour, précurseur du heimatfilm, est réalisé par Hans Steinhoff, principal cinéaste du régime nazi et auteur des films de propagande comme le fameux Le Jeune Hitlérien Quex (Hitlerjunge Quex, 1933) et le monumental Le Président Krüger (1941), production la plus coûteuse de tout le cinéma national-socialiste. L’intrigue montagnarde filmée dans les paysages typiques des Alpes de l'Ötztal, adapte le best-seller de 1875 de Wilhelmine von Hillern « Die Geierwally Eine Geschichte aus den Tiroler Alpen » déjà porté à l’écran en 1921 par Edwald André Dupont. La romancière s’est inspirée en le dramatisant de l’exploit de la peintre tyrolienne Anna Stainer-Knittel qui, à 17 ans, était descendue en rappel pour s’emparer d’un aiglon (devenu vautour dans le roman). La jeune Wally de l’intrigue est incarnée par la jeune et jolie actrice Heidemarie Hatheyer qui grâce à ce rôle devint instantanément une star. L’héroïne vit avec son père, le farouche fermier Alois Fender (Eduard Köck), qui lui intime l’ordre d'épouser Vinzenz (Leopold d’Esterie) mais elle refuse car elle aime le chasseur Josef Brandt (Sepp Rist). Elle va s'isoler dans un alpage pendant que Josef apprend qu’il a une fille illégitime Afra (Winnie Markus) qu’il ramène au village en cachant son identité. Une partie des ingrédients du heimatfilm cher aux nazis sont en germe dans La Fille au vautour : enracinement paysan archaïque, héroïne émancipée symbolisant la femme germanique forte, métaphore du vautour exprimant la dualité liberté/enfermement et histoire dans la lignée de l’idéologie nazie du concept du « sang et du sol » (Blut and Boden). Le portrait de cette jeune femme moderne qui s’oppose à l’aliénation patriarcale et veut décider par elle-même bénéficie d’une magnifique photographie naturaliste de Richard Angst qui renforce le caractère fortement dramatique de la mise en scène soutenue par une musique quasi wagnérienne de Nico Dostal. Saisissant.
Sorti à Berlin en 1942, en plein essor du régime nazi, La Ville dorée est un film archétypal du genre réalisé par Veit Harlan qui dirige à nouveau, après Le Juif Shüss, sa femme Kristina Söderbaum et l’acteur Eugen Klöpfer. Le scénario est emblématique : Anna (Kristina Söderbaum), une jeune fille de la campagne fascinée par la ville de Prague, quitte la ferme familiale et tombe amoureuse de son cousin Toni (Kurt Meisel), mais répudiée et enceinte, elle rentre à la ferme où son père Melchior (Eugen Klöpfer) fête ses fiançailles avec sa gouvernante Maruschka (Liselotte Schreiner)… Le scénario est adapté de la pièce « Der Gigant » (1937) de Richard Billinger, un auteur estimé des nazis qui croyaient voir dans ses œuvres paysannes une défense du concept idéologique nazi « du sang et du sol ». Ce malentendu est entretenu par le film qui oppose de solides paysans à des citadins amoraux et étrangers (Tchèques) dans une intrigue et des dialogues qui ne sont pas si anodins que cela : le film sera interdit pour racisme à la Libération. Veil Harlan a cependant tenté d’atténuer la propagande véhiculée par son mélodrame avec sa fin originale (écartée par Joseph Goebbels) et le soin apporté à la caractérisation de la trop candide Anna. Celle-ci, en quête d’émancipation mais desservie par sa beauté qui attire trop de prétendants disparates, est incarnée par Kristina Söderbaum, absolument époustouflante de naturel et de spontanéité. Doté d’un budget confortable, La Ville Dorée possède une mise en scène classique et efficace qui sait habilement profiter de l’usage de l’Agfacolor (c’est le premier film projeté à utiliser ce procédé) pour mettre en valeur les somptueux vêtements folkloriques, les sites naturels (Saxe, Bohème, Forêt-Noire) et la ville de Prague : bref un merveilleux écrin technique pour affirmer la heimat ! Juste avant la première du film, le ministre de la propagande Joseph Goebbels a exigé une modification de la fin au motif qu’elle était trop positive et amorale (la jeune femme survie avec son bâtard et épousera Thomas le valet de ferme). La fin déjà tournée fut remplacée par un nouveau final tragique de 6 minutes. La fin originale inédite est conservée aux archives cinématographiques nationales (Bundesarchiv-Filmaarchivs) mais sans sa bande sonore. Celle-ci a aussi été scannée en 4K dans la cadre de la restauration du film pour pouvoir se faire une idée de la vision initiale de Veit Harlan. Le film est proposé avec les deux fins, la fin modifiée (sonore) et la fin originale (muette mais avec sous-titres).
Fort bien restaurés et présentés en version intégrale, La Fille au vautour et La Ville Dorée sont deux exemples mémorables du genre cinématographique heimatfilm, très discutable sous le régime nazi, mais qui connaîtra un renouveau avec des films de divertissement plus anodins dans les années 50 (Sissi, Heidi).

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Blu ray Heimatfilms Artus

Commentaire technique

La Fille au vautour

Le film a été scanné et remastérisée en 2K en 2015 par Cine Post Productions pour la fondation Friedrich-Wilhelm Murnau à partir d’éléments conservés par la Bundesarchiv-Filmarchiv, Berlin. Avec le soutien de la FFA (Filmförderungsanstalt)

Image : très bonne définition et piqué sur les gros plans, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré 2015), image propre avec quelques défauts (rayures), excellent contraste, image très lumineuse, noirs denses, blancs nuancés, gris bien étagés

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Son : mixage allemand 2.0 monophonique, dialogues clairs et sans distorsion, souffle omniprésent, bonne dynamique sur les ambiances (fête) et sur la musique

La Ville dorée

Pour le film deux négatifs 35 mm Afgacolor ont été produits : le négatif pour la distribution nationale conservé en Allemagne de l’est et le négatif pour l’exportation conservé en Allemagne de l’Ouest et qui a été coupé et redistribué. Tous deux sont perdus. Un interpositif Eastmancolor non intégral a servi de base pour la restauration par la fondation Friedrich-Wilhelm Murnau et qui provient du négatif original destiné à la distribution nationale. Il a été complété par trois autres négatifs issus des archives cinématographiques nationales (Bundesarchiv-Filmarchiv, Berlin) qui correspondent à la même version et qui ont aussi servi pour le son. Tous ces éléments ont été remastérisée et scannés en 4K par PHAROS Munich. Aucune référence colorimétrique n’étant disponible, l’étalonnage a été effectué en comparaison avec d’autres films en Agfacolor de la même époque
Les images de la fin inédite ayant été redécouvertes sans le négatif audio, les dialogues ont été reconstruits en soutirage avec l'aide de la lecture labiale par Lars Grombelka

Image : copie HD, excellente définition, piqué sur les détails qui chute sur les transparences et les maquettes, texture argentique omniprésente et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K restauré 2022), image propre mais pas exempte de fines rayures et une breve dégradation sur le bord vertical de droite, excellent contraste, image lumineuse, noirs solides, étalonnage chaud avec une patine colorimétrique pastel typique de l’Agfacolor, palette vive aux teintes naturelles chatoyantes, tons saturés

Son : mixage allemand 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, bruit de fond constant et appuyé, bonne dynamique sur les ambiances et sur la musique de Hans-Otto Borgmann, spectre un peu limité dans les aigus

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : La Fille au vautour etoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile griseetoile grise(2,5/5) La Ville dorée etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

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IMDb
La Fille au vautour : https://www.imdb.com/title/tt0032515/
La Ville dorée : https://www.imdb.com/title/tt0034800/

 

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