Le Grand saut : une comédie caustique qui n’a pas pris une ride (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Waring Hudsucker est le PDG de Hudsucker Industries, une entreprise florissante. Ce qui ne l'empêche pas de se suicider. Son conseil d'administration, mené par l'impitoyable Sidney Mussberger, met au point un plan pour récupérer le contrôle et empocher une somme importante : engager un parfait imbécile pour diriger la compagnie et la mener à la faillite. Mais une journaliste ambitieuse infiltre la société pour mettre à jour le complot…
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- Titre original : The Hudsucker Proxy
- Support testé : Blu-ray
- Genre : comédie dramatique
- Année : 1994
- Réalisation : Joel Coen
- Casting : Tim Robbins, Jennifer Jason Leigh, Paul Newman, Charles Durning, John Mahoney, Jim True-Frost, Bill Cobbs, Bruce Campbell
- Durée : 1 h 50 mn 48
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,85/1 Noir et Blanc et Couleur
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais - DTS-HD MA 2.0 français doublage d’origine de 1994 + nouveau doublage de 2000
- Bonus : combo avec le Blu-ray (111 mn) et le DVD du film (106 mn) - jaquette réversible - le livret collector « Le Grand Saut Un film d'(h)auteur des frères Coen » par David Mikanowski (24 pages)
- Bonus sur le Blu-ray : le film par Frederic Mercier (26 mn 16) - bande annonce (1 mn 58) - 5 bandes annonces
- Éditeur : Elephant Films
Commentaire artistique
Le Grand saut ne doit sa mise en production avec un budget très confortable que grâce à la Palme d’or à Cannes récoltée en 1991 pour Barton Fink et la volonté de Joel Silver, plutôt habitué aux blockbusters, de produire cette comédie satirique dont les frères Joel et Ethan Coen et leur complice Sam Raimi avaient concocté le scénario dès 1985. Contre la volonté du studio, Joel Silver va même laisser le final cut aux frères Coen et leur octroyer une totale liberté, y compris dans le choix des interprètes avec la seule obligation de réaliser le film en couleurs. Selon la volonté des frères, c’est donc Tim Robbins, acteur récompensé pour The Player (1992) et Short Cuts (1992) qui incarnera le quidam naïf Norville Barnes, inventeur fictif du Hula Hoop (en réalité une création d’Arthur Melin et Richard Knerr en 1958). Pour épauler l’acteur, Le Grand saut bénéficie du talent du charismatique Paul Newman (Sidney Mussberger), absolument délicieux dans un contre-emploi d'industriel amoral, et de l’extraordinaire composition de Jennifer Jason Leigh (Amy Archer) s’inspirant de Rosalind Russell. Demi-échec à sa sortie, le film mérite largement d’être reconsidéré en raison de son aspect totalement imaginatif et du brio de sa mise en scène : sa tonalité largement satirique possède une superbe esthétique qui défie le temps et un traitement burlesque (cf. scène du contrat dans le bureau de Mussburger) nourri d’allusions à des cinéastes aussi prestigieux que Frank Capra, Preston Sturges, Howard Hawks, etc. Les analyses pourront démontrer tout ce que le joyeux tandem doit à ces auteurs, à commencer par le travail de Terry Gilliam dans Brazil largement référencé dans la séquence du bureau du courrier… La profusion des idées mises en images dans Le Grand saut est si fascinante qu’elle invite à l’exégèse (cf. bonus), mais le besoin de disserter à loisir ne sera pas nécessaire pour apprécier la maestria du travail des frères Coen. Visuellement, grâce à un budget conséquent, leur film est une merveille d’esthétique sublimée par ses décors (dont de superbes maquettes de New York fantasmée), ses accessoires et ses costumes composites, mais en grande partie Art Déco (bien que le récit se passe dans les années 50), signés Dennis Gassner. Les critiques n’ont pas manqué de souligner tous les emprunts au cinéma hollywoodien de années 30/40 décelables dans ce film (La Dame du vendredi, 1940) qui se veut comme un hommage retravaillé avec habileté à un cinéma révolu mais inconsciemment vivace comme avec ces scènes pétulantes de screwball comedy (cf. Amy Archer dactylographiant son papier). Le Grand saut est clairement une comédie loufoque à ne déguster qu’au second degré : certes le film a tout du brillant exercice de style dont le ton constamment blagueur pourra rebuter, mais quelle distraction si l’on veut bien adopter l’esprit ironique des auteurs ! Le décalage volontaire qui suscite le comique irrésistible de leur réalisation est indubitablement artificiel, ce qui n'enlève rien au brio de l’évocation d’un univers cinématographique qu’ils n’ont pas connu et à la manipulation experte de concepts basiques (cercle, temps) dans une fable inattendue. Un régal d’humour caustique.
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Commentaire technique
Image : copie HD, belle définition et piqué sur les gros plans, texture argentique fine et discrète (tournage en 35 mm avec caméras Arriflex 535 et 35 BL4, Master Format 2K), image très bien nettoyée, excellente gestion du contraste avec du détail dans les basses lumières, noirs solides, étalonnage chatoyant chaud, colorimétrie naturaliste aux teintes nuancées
Son : mixage anglais 5.1 (au cinéma en Dolby SR), dialogues centrés très clairs et sans saturation, excellente dynamique sur les ambiances (société, presse) et sur la musique entrainante de Carter Burwell et les arrangements d’Aram Khatchatourian, spatialisation aux effets surrounds discrets mais parfois efficaces sur certaines scènes d’action, LFE très ponctuels ; VF avec choix entre le doublage d’origine (1994) et un doublage plus récent (2000), les deux versions sont claires et dynamiques, les voix sont équilibrées, le doublage de 2000 possède un niveau légèrement supérieur
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0110074/
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