Interdit aux chiens et aux italiens : une quête familiale attendrissante en «stop motion» (en DVD et VOD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Début du XXe siècle, dans le nord de l'Italie, à Ughettera, berceau de la famille Ughetto. La vie dans cette région étant devenue très difficile, les Ughetto rêvent de tout recommencer à l'étranger. Selon la légende, Luigi Ughetto traverse alors les Alpes et entame une nouvelle vie en France, changeant à jamais le destin de sa famille tant aimée. Son petit-fils retrace ici leur histoire.
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- Titre original : Interdit aux chiens et aux italiens
- Support testé : DVD
- Genre : animation, drame, historique
- Année : 2022
- Réalisation : Alain Ughetto
- Casting : (voix) Alain Ughetto, Ariane Ascaride, Stefano Paganini, Diego Giulani, Christophe Gatto, Laurent Pasquier, Bruno Fontaine, Angelo Rinna, Laura Devoti, Aude Carpentieri
- Durée : 1 h 07 mn 14
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,85/1
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 français
- Bonus : Making of (19 mn 13) - entretien avec le réalisateur pour son film primé par la Fondation Gan au Festival d'Annecy 2022 (4 mn 50)
- Éditeur : Blaq out
Commentaire artistique
Animation mémorielle attachante, Interdit aux chiens et aux italiens évoque, sur un ton nostalgique non dénué de drôlerie, les origines familiales du réalisateur, coscénariste et acteur (voix, main), Alain Urghetto. Il a conçu son film comme un dialogue fictif qu’il partage avec Cesira, sa grand-mère décédée. Les échanges avec son ancêtre vont évoquer par bribes les origines agricoles italiennes de la famille Urghetto, les aléas de sa destinée au gré des naissances, des décès et des évènements historiques, avant l’installation définitive en France du clan. Le film est fondé sur l’existence d’un village piémontais nommé Urghetta, terre natale des Urghetto dans les années 1870 mais aujourd’hui en ruines, posant la question cruciale de ce qui était arrivé à la famille par la suite. Pour y répondre, le cinéaste indique (cf. bonus) s’être largement inspiré de l’ouvrage de Nuto Revellei, « Le monde des vaincus » qui témoigne de la vie difficile des paysans de cette région. Pour recréer cette histoire familiale, qui recoupe sporadiquement la grande Histoire, Interdit aux chiens et aux italiens a été en grande partie réalisé en stop motion, une technique d’animation artisanale (cf. Making of) qui répondait idéalement à la tradition familiale manuelle de bricolage. Le film insiste d’ailleurs beaucoup sur la valeur et la réalité du travail (construction d’une route, de barrages, etc.). Il aura fallu neuf ans d’effort pour achever la production de ce film aussi plaisant qu’instructif qui nous fait découvrir, sur un ton ludique, l’histoire des Urghetto qui se déroule entre les naissances de Luigi le grand-père et Cesira son épouse, dans les années 1870, et la disparition en 2009 de l’un de leurs fils, Vincent, le père du réalisateur. Divers évènements majeurs qui affectent les membres de cette famille, sont évoqués : creusement du tunnel du Simplon, guerre en Somalie et en Libye, Grande Guerre, montée du fascisme, Seconde Guerre mondiale. C’est dans ce contexte, que la famille se scinde entre ceux qui restent au pays et ceux qui partent, comme Luigi, Cesira et leurs enfants, emportés dans le grand courant de l’émigration piémontaise et plus généralement italienne des années 1875-1914. C’est à cette époque que croît l’italophobie : le titre du film fait allusion à l’inhumanité de l’accueil des migrants italiens dans divers pays, une thématique qui reste, hélas, plus que jamais d’actualité. Si le récit familial, raconté avec esprit et bienveillance, est captivant, son adaptation en animation est fascinante. Pour mesurer les efforts des équipes de productions, le Making of donne un aperçu intéressant des talents déployés : quelle patience il aura fallu pour fabriquer et animer les multiples figurines, les habiller, les entourer de meubles miniatures ! Le film est agrémenté de splendides décors (montagne acérée, exploitation du charbon, campagne verdoyante) à base de légumes (brocoli, courge) et de carton (murs, planches) et d’un ensemble d’objets minutieusement réalisés : outils, train à vapeur, avions de guerre, vache jouet, etc., avec une mention spéciale aux reconstitutions des caravanes du Tour de France à travers diverses époques. Soutenue par la musique mélancolique de Nicola Piovani, la réalisation n’a rien à envier à un film avec acteurs alternant les scènes épiques (barrage, bombardement) et les séquences plus intimistes de la famille dans ses maisons ou de Cerisa confectionnant la traditionnelle polenta. Entre nostalgie et affection, Interdit aux chiens et aux italiens est un hommage profondément humaniste à cette histoire familiale inconnue qui, selon son auteur, s’est «transmise de main en main» et dont les valeurs universelles s’adressent à un public de tout âge. Une chronique familiale aussi plaisante à regarder que poignante à suivre : une réussite.
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Commentaire technique
Image : copie SD, assez bonne définition mais piqué sur les détails limité par le support, très bonne gestion du contraste, image lumineuse aux noirs soutenus, étalonnage chatoyant, colorimétrie pimpante aux teintes nuancées
Son : mixage franco-italien 5.1, doublage voix très clair et équilibré, superbe dynamique sur les nombreux bruitages et sur la musique enlevée de Nicola Piovani, spatialisation ample aux effets surrounds immersifs, LFE efficace
Notre avis
Image : 
(3,5/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt12826598/
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