La Syndicaliste : un thriller politique qui fait frémir (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… Est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ?

Titre original : La Syndicaliste
Support testé : Blu-ray
Genre : thriller, drame
Année : 2022
Réalisation : Jean-Paul Salomé
Casting : Isabelle Huppert, Grégory Gadebois, Yvan Attal, François-Xavier Demaison, Pierre Deladonchamps, Marina Foïs, Alexandra Maria Lara, Gilles Cohen, Aloïse Sauvage
Durée : 2 h 02 mn 06
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 2,39/1
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 français
Bonus : entretien avec Jean-Paul Salomé (30 mn 12) - entretien avec Maureen Kearney (13 mn 17)
Bonus édition spéciale FNAC : DVD L'Affaire Maureen Kearney, mini-série réalisée par Nina Robert (2022) : 1. Dernier avertissement (52 mn 22) - 2. Une feuille d’or (52 mn 30)
Éditeur : Le Pacte

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Commentaire artistique

La Syndicaliste de Jean-Paul Salomé évoque, selon un angle cinématographique, l’affaire Maureen Kearney, une syndicaliste CFDT et lanceuse d’alerte du défunt groupe Areva. La dislocation du groupe nucléaire va être entérinée par l’état français malgré ses affirmations contraires de 2009 et aboutira en 2012 à un désastreux transfert de technologie sensible suite à une entente avec la Chine. La menace contre la souveraineté française en matière de nucléaire et les risques avérés de perte d’emploi qui finiront par se concrétiser inciteront les syndicats à alerter les politiques et les gouvernants : Maureen Kearney, en première ligne, obtint même un rendez-vous avec le président François Hollande. Or, fort opportunément pour certains (jamais identifiés), le syndicaliste, qui avait déjà fait l’objet de menaces anonymes, est victime d’une agression barbare (viol et mutilation) à domicile le 17 décembre 2012. Cette scène constituera d’ailleurs la séquence choc la plus pénible de ce thriller politique qui fait toujours frémir. Malgré la subjectivité apparente du scénario, inspiré du livre de Caroline Michel-Aguirre, la conclusion est sans appel : toute personne assez téméraire pour dénoncer les turpitudes politico-économiques, quelles quel soient, risque sa santé physique et mentale écrasée par la négation et par l’arbitraire. Le cas de Maureen Kearney est exemplaire : victime «transformée» en coupable par décision de justice, son agression devient un fait divers atroce que tout le système politico-judiciaire s’ingéniera à détacher définitivement de l’affaire Areva : manifestement les intérêts supérieurs n’ont que faire de l’existence d’un citoyen, en l’occurrence une femme et son entourage…Entre 2013 et 2018, date de l’acquittement en cour d’appel, tous les services et les fonctionnaires aux ordres se seront employés à condamner illégalement la syndicaliste avec de graves manquements à leur devoir (dont trois juges d’instruction !). C’est donc quelques six années de manipulations et de maltraitance psychique (examens médicaux) que La Syndicaliste tente de résumer en deux heures avec le soutien de l’intéressée et de comédiens brillants. Une fois de plus Isabelle Huppert prouve sa puissance d’évocation : elle est Maureen Kearney, très proche physiquement, mais aussi et surtout, de l’avis de l’entourage de la syndicaliste, l’incarnation psychologique de cette battante, non dénuée d’ambivalences, écrasée par le système. L’une des originalités du film est de citer nommément les personnages interprétés par un solide casting : Grégory Gadebois sera Gilles, le compagnon bienveillant, François-Xavier Demaison joue le syndicaliste Jean-Pierre Bachmann, Marina Fois compose une ambiguë Anne Lauvergeon. Yvan Attal et Olivier Deladonchamps n’inspireront pas la sympathie, l’un en PDG colérique, l’autre en flic sous influence. Si La Syndicaliste prend quelques libertés avec la réalité, comme l’invention d’un cadre d’EDF livrant des informations ou celle d’une policière (Aloïse Sauvage) qui révèle le cas réel similaire d’agression d’une femme d’un cadre de Veolia, le thriller respecte la plupart des faits. La reconstitution est soignée (tournage à Auffargis, La Défense, Versailles, etc.) et la tension constante et captivante : réalisé peu après l’acquittement, le film permettra au grand public d’en savoir un peu plus sur les complexités et les atrocités de cette erreur judiciaire volontaire. Maureen Kearney a approuvé le film en indiquant que la réalité était bien pire et se demande que faire, pour les victimes de viols, pas ou peu soutenues par la justice. La Syndicaliste est un thriller passionnant qui se concentre essentiellement (en une longue seconde partie) sur la personnalité de Maureen Kearney ; même si le contexte Areva est très bien esquissé dans les premières séquences, le film n’a pas prétention d’analyser les dessous politico-économiques du nucléaire français, sujet brûlant toujours d’actualité, et invite à puiser ailleurs les informations. En ce sens il se rapproche des productions américaines journalistiques qui alertent l’opinion publique sur les failles du système : comme elles, en désignant nommément une partie des responsables, La Syndicaliste concilie le suspense du thriller et les dénonciations des agents troubles de l’ombre. Palpitant.

Commentaire technique

Image : copie HD, superbe définition et piqué impressionnant pour un blu-ray (tournage en numérique avec caméra Arri Alexa Mini, Master Format 2K), gestion bien maitrisée du contraste avec des images très lumineuses aux éclairages naturels, noirs soutenus, étalonnage réaliste légèrement chaud, colorimétrie nuancée aux teintes naturelles

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Son : mixage français 5.1, dialogues au centre extrêmement clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances (commissariat, domicile, tribunal) et sur la musique symphonique dramatique de Bruno Coulais, spatialisation ouverte aux effets surrounds très immersifs et au LFE efficace