La Légende du saint buveur : Rutger Hauer dans le rôle inhabituel d’un vagabond en quête de rédemption (en Blu-ray)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
Ancien mineur originaire de Silésie, Andreas Kartak vit désormais sous les ponts de Paris, une bouteille comme seul compagnon. Un jour, un riche inconnu lui remet une importante somme d’argent. Andreas s’engage à rembourser son bienfaiteur en rapportant l’argent à l’église Sainte-Marie des Batignolles. Désireux de tenir sa promesse, le marginal est toutefois tiraillé par la tentation de s’acheter à boire…
- Titre original : La Leggenda del santo bevitore
- Support testé : Blu-ray
- Genre : drame
- Année : 1988
- Réalisation :Ermanno Olmi
- Casting : Rutger Hauer, Anthony Quayle, Sandrine Dumas, Dominique Pinon, Sophie Segalen, Jean-Maurice Chanet, Cécile Paoli, Dalila Belatreche
- Durée : 2 h 03 mn 37
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,85/1
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais - DTS-HD MA 2.0 italien, français
- Bonus : bande annonce originale (2 mn 01)
- Éditeur : Carlotta Films
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Commentaire artistique
La Légende du saint buveur a été réalisé par Ermanno Olmi, cinéaste réputé pour son chef-d’œuvre paysan L’Arbre aux sabots (1978), Palme d’Or à Cannes. La Légende du saint buveur est une curiosité dans sa filmographie car le cinéaste rompt avec ses habitudes : c’est son premier film basé sur une œuvre littéraire puisque le scénario, qu’il coécrit avec Tullio Kezich, adapte une nouvelle en partie autobiographique de Joseph Roth (1939). Autres innovations, cette intrigue contraint le réalisateur à quitter l’Italie pour venir tourner à Paris, ville dans laquelle Joseph Roth exilé situe son récit, et à diriger des acteurs professionnels. La nouvelle décrit les déboires d’un ancien mineur devenu un vagabond intempérant et endetté qui dort sous les ponts de Paris : ses rencontres et son devoir de rembourser le conduisent à se remémorer son passé et ses déambulations oscillent entre tentations alcooliques et quête de rédemption. Pour incarner ce personnage ambigu et attachant, Ermanno Olmi a pu compter sur un comédien, aussi inattendu dans ce rôle qu’excellent à l’interpréter, Rutger Hauer, qui dans la décennie des années 80 avait joué, entre autre, dans Blade Runner (1982), La Chair et le Sang (1985) et Hitcher (1986). C’est grâce à la promotion de Hitcher que le cinéaste a songé en l’engager : le film sera un excellent souvenir pour l’acteur qui a raconté comment le tournage, par le truchement d’un interprète (le cinéaste ne parle pas l’anglais), s’est effectué en partie dans l’improvisation. Se déroulant dans une capitale parisienne partiellement réinventée, située entre les années 30 et 80 (Bercy), La Légende du saint buveur est traité comme un conte puissamment métaphorique sur la rédemption du pêcheur et une évocation en profondeur des tourments existentiels. Le cheminement vers la grâce d’Andreas est encouragé par une succession de rencontres imprévues et de pseudo-miracles monétaires : Rutger Hauer, compose avec intensité ce personnage, mutique et hébété mais fascinant, écartelé entre la tentation de la boisson et la frustration née de l’obligation morale de rembourser Sainte Thérèse. Bien évoquée par la photographie automnale de Dante Spinotti et portée par la musique d’Igor Stravinsky, la fable est admirablement servie par la réalisation d’Ermanno Olmi. Le cinéaste est parvenu à trouver le ton juste pour transposer visuellement l’onirisme de la nouvelle, même si le langage cinématographique exige plus de trivialité (relations charnelles). Le jury de la Mostra de Venise ne s’y est pas trompé en lui attribuant le Lion d’or en 1988, pas plus que le jury de l’association italienne des David di Donatello qui lui a accordé quatre récompenses justifiées (meilleur film, réalisateur, photographie et montage). Un film rare à découvrir dans une copie très bien restaurée mais dépourvue des suppléments éditoriaux attendus.
Commentaire technique
Restauration par L'Immagine Ritrovata de Bologne à partir du négatif original 35 mm numérisé en résolution 4K sur un Arriscan et étalonné avec Nucoda Film Master de Digital Vision. Tous les défauts (saleté, débris, rayures) ont été supprimés, la stabilité a également été améliorée. Le mixage anglais Dolby original a été remastérisé, les pistes stéréo en anglais, italien et français proviennent des pistes sonores optiques
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Image : copie HD, excellente définition et très bon piqué sur les visages, texture argentique fine et homogène (tourné en 35 mm avec caméras Panavision Panaflex Gold, Master Format 4K restauré en 2017), copie propre pratiquement sans défaut, gestion nuancée du contraste, noirs soutenus, étalonnage réaliste, colorimétrie nuancée aux teintes subtiles et tons délicats
Son : mixage anglais 5.1 (Dolby Stéréo au cinéma), dialogues clairs, sans décalage appuyé et bien intégrés, excellente dynamique sur les ambiances et sur les extraits choisis d’Igor Stravinsky, spatialisation limitée aux effets surrounds très ponctuels (métro) et LFE rares ; version italienne 2.0 (postsynchronisée avec Francesco Carneluti qui double Rutger Hauer et Paila Pavese qui double Sophie Segalen) plus étouffée ; VF 2.0, claire et bien doublée mais moins aérée que la version anglaise 5.1 avec atténuation des ambiances
Notre avis
Image : (4,5/5)
Mixages sonores : Version anglaise (4/5) VF et version italienne (3/5)
Bonus :(1/5)
Packaging : (2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0095513/
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