La Clé - Miranda : deux films sulfureux de Tinto Brass (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : La Clé (3/5) - Miranda (2,5/5)
Synopsis
La Clé : En 1940 à Venise, deux journaux intimes relatent la face cachée de la vie amoureuse d'un couple. Leur lecture réciproque est soupçonnée et à la fois souhaitée par le mari et la femme. Ce stratagème permet une communication intime qu'une confrontation directe rendrait difficile
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Miranda : au début des années cinquante, une jeune femme, provocante et sensuelle, attend le retour de son mari, porte disparu à la guerre. Elle est courtisée par de nombreux hommes de passage dans son auberge : un chauffeur, un Américain, un élu local, un ancien fasciste… Lequel d’entre eux la satisfera à la fois en tant qu’amant et comme mari ? L’heure du choix a sonné…
- Titre original : La Chiave - Miranda
- Support testé : Blu-ray
- Genre : érotique, comédie
- Année : 1983, 1985
- Réalisation : Tinto Brass
- Casting : (1) Stefania Sandrelli, Frank Finlay, Franco Branciaroli, Barbara Cupisti, Armando Marra, Maria Grazia Bon, Gino Cavalieri, Piero Bortoluzzi (2) Serena Grandi, Andrea Occhipinti, Franco Interlenghi, Andy J. Forest, Franco Branciaroli, Malisa Longo, Laura Sassi, Isabelle Illiers
- Durée : 1 h 50 mn 49 - 1 h 34 mn 06
- Format vidéo : 16/9 (1,78/1)
- Format ciné : 1,66/1 - 1,85/1
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores sur les Blu-rays : DTS-HD MA 2.0 monophonique italien, français
- Bonus : combos avec le Blu-ray et le DVD du film
- Bonus sur le Blu-ray de La Clé : Mediabook avec livret de 60 pages « Tinto Brass, toutes les couleurs de l'érotisme » - présentation par François Guérif (2023, 10 mn 20) - scène coupée (4 mn 44) - Le journal secret, interview de Tinto Brass (28 mn 42) - bande annonce (2 mn 59)
- Bonus sur le Blu-ray de Miranda: présentation par François Guérif (2023, 12 mn 40) - Les secrets de la belle aubergiste, interview de Tinto Brass (12 mn 44) - conversations avec Tinto Brass (25 mn 18) - bande annonce (3 mn 01)
- Éditeur : Sidonis Calysta
Commentaire artistique
Si le nom de Tinto Brass est associé le plus souvent avec le cinéma érotique à scandale démarré avec Salon Kitty (1976), prolongé malgré lui par Caligula (1979) qui va lui échapper (rajouts de scènes porno par Bob Guccione et Giancarlo Lui) et surtout confirmé avec La Clé (1983) et Miranda (1985), ce serait une vision très réductrice de sa carrière. En effet, Tinto Brass a eu à son actif le talent de diriger de nombreux films intéressants dans de nombreux autres genres : drame, science-fiction, western-spaghetti, giallo, etc. Mais ce sont surtout ses films licencieux qui ont marqué les mémoires dont La Clé demeure le plus emblématique. Si, bien évidemment, la plastique impeccable de Stefania Sandrelli est pour beaucoup dans le succès de ce film, il convient de souligner que ce drame est adapté du roman japonais « Kagi » publié en 1956 par Jun'ichirō Tanizaki, auteur exceptionnel qui frôla le Nobel à plusieurs reprises. Ce double journal intime explore les complexités de la vie conjugale et sexuelle d’un professeur en déclin et de sa femme insatisfaite. En 1959, Kon Ichikawa avait réalisé sa version L’Etrange obession, prix du jury à Cannes, et le roman inspirera plusieurs autres versions en 1974, 1983 et 1997. Tinto Brass finira par obtenir les droits d’adaptation de la veuve de l’écrivain. S’il n’a souhaité que Stefania Sandrelli dans le rôle de Teresa, le cinéaste finira par engager le britannique Frank Finlay, qui débuta dans le Free Cinema en 1962, pour jouer le mari Nino. Le futur acteur fétiche du cinéaste (cinq films ensemble), Franco Branciaroli incarne Laszlo et la fille adulte du couple Lisa est jouée par l’italienne Barbara Cupisti surtout connue pour ses rôles à la télévision et dans les séries B. Avec La Clé, Tinto Brass changea de registre et devint un modèle pour un cinéma érotique qualitatif brassant les composantes basiques du voyeurisme et de gimmick récurrents (miroir, urine). Le récit est transposé à Venise, cité métaphore de la décrépitude sociale, en pleine montée du fascisme qui semble tenter la prude Lisa et qui est dépeint comme une menace latente et irrémédiable. Le style original de La Clé résulte de la réalisation créative de Tinto Brass et de la photographie inventive de Silvano Ippoliti qui a su mettre en valeur les courbes généreuses de l’actrice Stefania Sandrelli, 37 ans. Avec La Clé, Tinto Brass prouva que le cinéma érotique pouvait déboucher sur des œuvres ayant du sens capable de se démarquer franchement des productions purement commerciales. Le cinéaste prolongera cette expérience avec Miranda (1985) qui est adapté très librement de la comédie « La Locandiera » (La Belle Aubergiste, 1753) de Carlo Goldoni et déjà porté au cinéma en 1944 et 1980. Encore plus audacieux que La Clé, ce nouveau film bénéfice de la présence de Serena Grandi (Miranda) qui fait forte impression par ses mensurations. En aubergiste peu avare de ses charmes, sa photogénie crève l’écran : ce sera le début d’une carrière bien remplie dans le cinéma érotique. Les rencontres charnelles de Miranda sont filmées en Lombardie et à Ancône toujours par Silvano Ippoliti et Tinto Brass donne à Franco Branciaroli le rôle de Toni, le domestique amoureux. Sur un ton nettement plus trivial que La Clé, la comédie érotique Miranda a bien du mal à éviter la superficialité et le voyeurisme frontal ponctué de scènes manquant souvent d’inspiration. Un film plus paresseux et moins inventif destinés seulement aux amateurs du genre.
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Commentaire technique
La Clé
Image : copie HD, bonne définition et piqué honorable sur les gros plans, texture argentique fine et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K), perte d’image avec un recadrage en 1,78/1 pour un film tourné en 1,66/1, image lumineuse mais manquant parfois de contraste, noirs pas assez profonds, étalonnage et colorimétrie naturalistes, teintes vives et tons saturés
Son : mixage italien 2.0 monophonique (postsynchronisé), dialogues clairs sans saturation mais très présents, bonne dynamique sur les ambiances vénitiennes et la musique espiègle d’Ennio Morricone, quelques craquements ; VF 2.0 monophonique, claire, bonne dynamique, doublage mal intégré aux ambiances
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Miranda
Image : copie HD, bonne définition mais piqué limité par une texture argentique prononcée (tournage en 35 mm, Master Format 2K), stable et propre, bon contraste, image lumineuse et noirs soutenus, étalonnage chaud, colorimétrie naturaliste aux teintes nuancées
Son : mixage italien 2.0 monophonique (postsynchronisé), doublage équilibré et très clair, bonne dynamique sur les sons d’ambiances, pas de distorsion ou de saturation ; VF 2.0 monophonique, claire, dynamique, doublage artificiel
Notre avis
Image : La Clé (3,5/5) - Miranda (4/5)
Mixages sonores : (3,5/5)
Bonus : La Clé (3,5/5) - Miranda (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb
La Clé : https://www.imdb.com/title/tt0085328/
Miranda : https://www.imdb.com/title/tt0089598
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