Coffret Dietrich / Sternberg, Les années à Hollywood 1930 à 1935 : une collaboration artistique magistrale (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (5/5)

Synopsis

Cœurs brûlés : au début du XXe siècle, sur un paquebot en direction du Maroc, la chanteuse de cabaret Amy Jolly fait la connaissance de Le Bessière. Riche et entreprenant, il la courtise sans relâche. Mais la rencontre avec un beau légionnaire nommé Tom Brown bouleverse les certitudes de la jeune femme

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Agent X27 : en Autriche en 1915, après la mort de son mari à la guerre, une jeune femme désœuvrée doit se prostituer pour survivre. Elle est finalement engagée par son pays pour être une espionne. Sa première mission n'est pas des plus simples : la jeune autrichienne doit séduire un général russe accusé de trahison et chercher des informations compromettantes…

Shanghaï Express : à bord du Shanghaï Express, la belle et impétueuse Shanghaï Lily retrouve un vieil amant, le capitaine Donald Harvey. Leur réconciliation est perturbée par la guerre civile qui fait rage quand le train est arrêté par le dangereux Chang. Il prend en otage Harvey, mais tombe sous le charme de Lily…

Vénus blonde : mariée à un chimiste américain gravement irradié, Helen se voit contrainte de reprendre son métier de chanteuse de cabaret pour payer les soins de son époux. Sous le nom de « La vénus blonde », elle obtient chaque soir un large succès, tout particulièrement auprès d'un homme politique transi par sa beauté et prêt à financer le traitement de son mari.

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L'Impératrice rouge : en Russie, en 1744, quand Sophie Frédérique se marie à son Altesse sérénissime Pierre III Fiodorovitch, grand-duc de Russie et neveu de l'impératrice, la jeune prussienne se retrouve prisonnière d'une union sans amour. Ambitieuse et séductrice, elle se lasse vite du manque de panache de son mari, d'autant que le comte Alexei puis le capitaine Orlov tombent sous son charme. Mais lorsqu'un enfant nait, les complots qui se trament en coulisses vont éclater au grand jour.

La Femme et le pantin : dans la chaleur andalouse de Séville du début du XXème siècle, la belle et frivole Concha Perez fait tourner la tête de nombreux hommes. Le fougueux révolutionnaire Antonio Galvan et son vieil ami Don Pascual vont s'affronter pour gagner les faveurs de la jeune femme, alors que la semaine du carnaval échauffe le sang et les passions.

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Titre VF : Cœurs brulés - Agent X-27 - Shanghaï Express - Vénus blonde - L’Impératrice rouge - La Femme et le pantin
Titre original : Morocco - Dishonored - Shanghai Express - Blonde Venus - The Scarlet Empress - The Devil Is a Woman
Support testé : Blu-ray
Genre : drame, romance, guerre, aventure, histoire
Année : 1930, 1931, 1932, 1932, 1934, 1935
Réalisation : Joseph von Sternberg
Casting : Marlene Dietrich (1) Gary Cooper, Adolphe Menjou, Ullrich Haupt, Eve Southern, Francis McDonald, Paul Porcasi (2) Victor McLaglen, Gustav von Seyffertitz, Warner Oland, Lew Cody, Barry Norton (3) Clive Brook, Anna May Wong, Eugene Pallette, Lawrence Grant, Louise Closser Hale, Emile Chautard (4) Herbert Marshall, Cary Grant, Dickie Moore, Gene Morgan, Rita La Roy, Robert Emmett O'Connor, Sidney Toler, Morgan Wallace (5) John Lodge, Sam Jaffe, Louise Dresser, C. Aubrey Smith, Gavin Gordon, Olive Tell, Ruthelma Stevens (6) Lionel Atwill, Edward Everett Horton, Alison Skipworth, Cesar Romero, Don Alvarado, Tempe Pigott, Francisco Moreno
Durée : 1 h 32 mn 04 - 1 h 31 mn 24 - 1 h 22 mn 16 - 1 h 33 mn 56 - 1 h 45 mn 01 - 1 h 19 mn 37
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
Sous-titrage : français (blanc ou jaune), anglais
Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
Bonus : Mediabook limité avec six Blu-rays - livret « Histoire d’un amour » (52 pages) par Denis Rossano
Bonus sur Blu-ray de Cœurs brûlés: le film par Mathieu Macheret & Théo Esparon (27 janvier 2023, 28 mn 28) - Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (2017, 12 mn 35) - Josef von Sternberg par Jean-Pierre Dionnet (2019, 12 mn 06) - bande annonce d’époque (2 mn 34) - dans la même collection
Bonus sur Blu-ray de Agent X27: Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (2017, 12 mn 35) - entretien croisé avec Mathieu Macheret & Théo Esparon (2023, 34 mn 52) - bande annonce (1 mn 22) - dans la même collection
Bonus sur Blu-ray de Shanghaï Express: le film par Jean-Pierre Dionnet (12 mn 45) - Josef von Sternberg par Jean-Pierre Dionnet (2019, 12 mn 06) - Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (2017, 12 mn 35) - entretien croisé avec Mathieu Macheret & Théo Esparon (2019, 38 mn 18) - bande-annonce (1 mn 56) - galerie de photographies (3 mn 16) - dans la même collection
Bonus sur Blu-ray de Vénus blonde: Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (2017, 12 mn 35) - le film par Xavier Leherpeur (12 mn 29) - galerie de photographies (2 mn 01) - dans la même collection
Bonus sur Blu-ray de L'Impératrice rouge: Josef von Sternberg par Jean-Pierre Dionnet (2019, 12 mn 06) - Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (2017, 12 mn 35) - entretien croisé avec Mathieu Macheret & Théo Esparon (2019, 36 mn 56) - bande annonce (1 mn 3) - galerie de photographies (2 mn 31) - dans la même collection
Bonus sur Blu-ray de La Femme et le pantin: Josef von Sternberg par Jean-Pierre Dionnet (2019, 12 mn 06) - Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (2017, 12 mn 35) - entretien croisé avec Mathieu Macheret & Théo Esparon (2019, 31 mn 09) - bande annonce (1 mn 33) - galerie de photographies (1 mn 31) - dans la même collection
Éditeur : Elephant Films

Commentaire artistique

Ce coffret Blu-ray réunit les six films réalisés entre 1930 et 1935 par Joseph von Sternberg avec Marlene Dietrich pour vedette et déjà sortis individuellement chez l’éditeur en 2019. C’est ce metteur en scène austro-américain qui révéla la jeune actrice en la dirigeant dans L’Ange bleu (1930), un film tourné en Allemagne et produit par la UFA. La comédienne reconnaîtra alors le cinéaste comme un maestro qui saura la mettre en valeur durant toute leur collaboration hollywoodienne entre Cœurs brulés (1930) et La Femme et le pantin (1935).

Pour concurrencer la suédoise Greta Garbo, star de la MGM, Joseph von Sternberg préconise à la Paramount d’engager Marlene Dietrich qui s’embarque pour les USA où il va la sublimer dans un mélo exotique, Cœurs brulés (1930), entièrement tourné en Californie avec Gary Cooper en légionnaire. Pour ce film, dans lequel elle chante trois chansons et joue l’ambiguïté en apparaissant déjà en costume masculin, elle va expérimenter le perfectionnisme maladif du réalisateur (50 prises pour une scène !), son génie pour la technique (montage et son) et bénéficier de son talent de génie de l’esthétique baroque. Pour le rôle d’Amy Jolly, la femme fatale de l’intrigue, elle gagnera une nomination à l’Oscar et une célébrité mondiale définitive : ce film amorce le mythe de l’actrice magistralement éclairée, irrésistible et inaccessible, que le duo va peaufiner dans les films suivants.

Changeant de genre, Agent X-27 (1931) est un film d’espionnage qui s’inspire de la célèbre Mata-Hari (que Greta Garbo va incarner en fin d’année chez MGM) : l’actrice excelle à porter masque et costume, à ensorceler les hommes, en particulier le lieutenant Kranau (Victor McLaglen) et prouver l’étendue de ses expressions. Joseph von Sternberg joue habilement des surimpressions et de la surabondance et clôt son film mélodramatiquement d’une séquence mémorable d’exécution.

Shanghaï Express (1932) enthousiasme le public et la critique : photographiée par Lee Garmes (et Joseph von Sternberg selon la star), oscarisé pour ce film, Marlene Dietrich joue les aventurières durant la guerre civile chinoise dans le train Pékin-Shanghai. Elle y retrouve son ancien amour le capitaine Davey (Clive Brook), se livre au rebelle Chang (Warner Oland) qui est tué par la prostituée Hui Fei (Anna May Wong), une autre femme libre. Affinant son style très personnel, Joseph van Sternberg ne cesse d’embellir sa Chine de studio par des décors exubérants, conçus avec Hans Dreier, peuplé de figurants (résidents de L.A. parlant le cantonnais) et d’accessoires démultipliés par les fondus-enchainés. Marlene Dietrich est somptueusement habillée par Travis Banton. Shanghaï Express sera le plus grand succès international du duo.

Vénus blonde (ou Blonde Vénus, 1932), en revanche, sera un échec total, sans doute en raison de son intrigue mélo invraisemblable (en partie écrite par l’actrice) dans laquelle Marlene Dietrich joue, pour la première fois, une mère au foyer. Malgré la présence du débutant Cary Grant (Nick), du mélange des genres (naïades, comédie, drame néoréaliste, voyage…), de trois chansons fameuses et de scènes cultes, comme le striptease du gorille, Vénus blonde a bien du mal à convaincre. Seul l’esthétisme cher à Joseph von Sternberg et le jeu subtilement décalé de Marlene Dietrich, avec apparition en costume masculin blanc immaculé, incitent à voir cette tragi-comédie inégale.

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L’Impératrice rouge (1934), sorti dans le creux de la Grande Dépression, est un chef-d’œuvre baroque mal compris à l’époque et à nouveau un échec commercial peut-être en raison de son exubérance (décors, costumes, bijoux, perruques, repas, etc.). Si le scénario de Manuel Komroff est écrit d’après le journal de Catherine II, le film présente une impératrice fantasmée et des faits historiques retravaillés. Malgré les dissensions sur le plateau entre l’actrice et son réalisateur, L’Impératrice rouge atteint des sommets visuels et dramatiques. Autant Marlene Dietrich, habillée par Travis Banton, accapare le regard, autant la mise en scène de Joseph Von Sternberg brille de tous ses feux : décors somptueux et irréels d’Hans Dreier (porte gigantesque du palais), mouvements de caméras (mariage), scènes cultes (cavalcade finale), etc. atteignent des sommets. Un spectacle inoubliable, très en avance sur son époque, qui constitue l’apogée du mythe Marlene Dietrich en combinant la quintessence de l’art de Sternberg et la sublimation de la star. À l’origine taxé de mauvais goût, L’Impératrice rouge est un film aujourd’hui loué pour sa beauté, son extravagance (extraordinaires statues déformées en stuc) et son incontestable souffle épique (pourtant entièrement filmé à Hollywood).

La Femme et le pantin (1935), dernier film du duo Dietrich/Sternberg, est vaguement adapté du roman (1898) de Pierre Louÿs par John Dos Passos et Sam Winston. Film préféré de l’actrice, il ne doit son sauvetage que grâce à la copie qu’elle conservait dans un coffre, car le fait que dans l’histoire Don Pascual (Lionel Atwill, sorte de double du réalisateur) soit officier de la Garde Civile poussa l’Espagne à exiger sa destruction. Sorte de condensé des films précédents, La Femme et le pantin reprend tous les éléments du style Sternberg, exubérance, surimpressions, mise en scène baroque, décors disproportionnés (carnaval, manufacture de tabac), etc. Le film débute d’ailleurs avec une scène démesurée de carnaval dans laquelle Marlène (Concha Perez) fait une sublime apparition, habillée par Travis Banton, sur un char chargé de ballons. Parfois critiqué pour son décalage et son artificialité, La Femme et le pantin séduit par son extraordinaire esthétisme, son abstraction fascinante, entre surréalisme et fantastique, et par le jeu sophistiqué de Marlene Dietrich, plus femme fatale que jamais aux tenues et coiffures baroques. Pour les cinéphiles, une version à comparer avec celle de Jacques de Baroncelli (1929) et celle de Julien Duvivier (1959) avec Brigitte Bardot.

Commentaire technique

Cœurs brulés
Image : copie HD, définition correcte mais piqué limité par le filtre de diffusion employé au tournage et par une texture argentique bien présente (tournage en 35 mm, Master Format 2K), image stable mais affectée par de nombreux imperfections (lignes, taches), asse bon contraste mais variable selon les plans, image parfois un peu grisâtre et manquant de densité dans les noirs, gris bien étagés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, bruit de fond élevé et continu, dynamique correcte mais extrémités du spectre limité surtout dans les aigus

Agent X-27
Image : copie HD, bonne définition et piqué variable, texture argentique fine (tournage en 35 mm, Master Format 2K, copie conservée à l’UCLA), image stable et propre avec rares défauts (rayures), bon contraste avec des noirs solides et des gris bien étagés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs sans distorsion, bonne dynamique, léger bruit de fond sur toute la durée, spectre limité

Shanghaï Express
Image : copie HD, bonne définition, piqué sur les détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K), copie propre avec quelques rayures, bon contraste, noirs soutenus, blancs nuancés, gris bien étagés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, pas de distorsion, léger souffle, bonne dynamique, spectre limité

Vénus blonde
Image : copie HD, belle définition et piqué sur les détails, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K), copie propre, excellent contraste avec des noirs soutenus, des blancs nuancés et une gamme de gris harmonieuse
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs sans distorsion, bonne dynamique, spectre légèrement limité dans les aigus, bruit de fond continu mais discret

L’Impératrice rouge
Image : copie HD, bonne définition et excellent piqué sur les détails (tournage en 35 mm, Master Format 2K), copie propre, bon contraste avec des images lumineuses et des noirs solides, blancs nuancés, gris harmonieux
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, léger souffle mais pas de distorsion, bonne dynamique qui profite à la musique arrangée de morceaux connus

La Femme et le pantin
Image : copie HD, excellente définition et piqué sur les détails (tournage en 35 mm, Master Format 2K), image propre, excellent contraste avec des noirs denses, des blancs nuancés et une gamme de gris harmonieuse
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, bonne dynamique sur les ambiances de carnaval, pas de souffle appuyé et de distorsion