Pour la France : un portrait hommage d’une grande profondeur (en DVD et VOD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Lors d'un rituel d'intégration dans la prestigieuse École Militaire de Saint-Cyr, Aïssa, 23 ans, perd la vie. Face à une Armée qui peine à reconnaître ses responsabilités, Ismaël, son grand frère, se lance dans une bataille pour la vérité. Son enquête sur le parcours de son cadet va faire ressurgir ses souvenirs, de leur enfance à Alger aux derniers moments ensemble à Taipei.
- Titre original : Pour la France
- Support testé : DVD
- Genre : drame
- Année : 2022
- Réalisation : Rachid Hami
- Casting : Karim Leklou, Shaïn Boumedine, Lubna Azabal, Samir Guesmi, Laurent Lafitte, Vivian Sung, Lyes Salem, Slimane Dazi, Laurent Capelluto, Alicia Hava, Hugo Becker, Carole Franck, Lyam Touhami, Nahyl Théodose
- Durée : 1 h 48 mn 48
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 2,39/1
- Sous-titrage : français
- Piste sonore : Dolby Digital 5.1 français
- Bonus : court métrage Aïssa de Rachid Hami avec Shaïn Boumedine (2023, 20 mn 09)
- Éditeur : Memento Films
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Commentaire artistique
Dans la soirée du 29 octobre 2012, Jallal Hami meurt noyé pendant un exercice de bizutage imposé par les saint-cyriens de seconde année : dans le cadre de la « transmission des traditions », ils ont imaginé reconstituer à Guer (Morbihan) le débarquement de Provence (15 août 1944) dans un étang ! Les nouvelles recrues équipés de tout leur barda sont poussés dans l’eau très froide au son de la musique de Wagner/Apocalypse Now : Jallal ne parvient pas s’en sortir. La stupidité et la connerie de ce bahutage (expression officielle) non autorisé vient de priver la France d’un brillant élément issu de la diversité. Cette histoire vraie est le sujet du film Pour la France réalisé par Rachid Hami, le frère de la victime, qui propose de revenir sur cette douloureuse disparition et de décrire, à l’aide de flashbacks, la personnalité intéressante de Jallal. Dans le film les frères, nommés Ismaël et Aïssa Saïdi, sont interprétés par Karim Leklou et Shaïn Boumedine (qui a aussi le rôle principal dans le court-metrage Aïssa donné en bonus). Les autres rôles cruciaux sont incarnés par Lubna Azabal (la mère Nadia), Samir Guesmi (le père Adil), Laurent Lafitte (le général Caillard) et Vivian Sung (Julie). Comme le précise Rachid Hami, il n’a pas adapté au cinéma cette tragédie personnelle et familiale dans un quelconque but revanchard : il ne prétend ni chercher des coupables, ni proposer une enquête, mais juste cerner la riche personnalité de l'immigré algérien qui « rêvait de devenir officier dans l’armée française ». Autour de la dépouille du saint-cyrien et des tractations entre les autorités militaires et la famille sur la cérémonie d’inhumation, Pour la France creuse la personnalité de la famille Saïdi : les caractères entiers de la mère et du père, les relations compliquées de la fratrie, l’épanouissement d’Aïssa à Taiwan avec sa copine. Le film insiste sur l’engagement total pour la France du jeune saint-cyrien qui mettait l’honneur au-dessus de tout et allait parvenir à s’intégrer par le biais de la prestigieuse école d’officiers. La réalisation n’est pas polémique mais montre les failles du système, quant au choix de la cérémonie, du lieu de l’inhumation et la pression de l’école à minimiser la tragédie, mais le cinéaste a cependant volontairement omis l’issu du procès de 2020-2021 (trois condamnations). La fiction romanesque est pour Rachid Hami une démarche assumée pour éviter que son film, qu’il définit comme politique, ne sombre dans le stéréotype du film de procès à charge contre l’armée. Dans le film, le cinéaste montre que rien n’est manichéen dans la vie réelle : il dépeint son personnage d’Ismaël, plus porté sur les combines et l’illégalité, comme totalement antithétique à celui de son frère et présente le général directeur de l’école comme un homme sensible profondément touché par la tragédie et soucieux de défendre l’honneur d’Aïssa. Pour la France, outre l’intimité du cinéaste avec cette histoire, a bénéficié d’une écriture remarquable : le scénario récompensé en 2020 a été coécrit par Rachid Hami et Ollivier Pourriol. Il sait faire la part du réel et de la fiction, navigant dans le temps (enfance en Algérie, adolescence en France) et l’espace (Algérie, France, Taiwan) et jouant des symboles (quête d’Antigone pour enterrer son frère, question de la foi et de la spiritualité). Les émotions, bien présentes dans cette tragédie moderne, sont intimement servies par une interprétation sensible et d’une grande justesse. Techniquement le film a été tourné en scope par Jérôme Alméras avec une volonté de distinguer visuellement les divers lieux du récit renforcés par des ambiances spécifiques (cadrages, éclairages) aux trois parties/pays et un montage alternant plans-séquences et plans découpés. Pour la France, film poignant sur la fraternité, la spiritualité et l’identité, sur la famille, la dignité et la conviction personnelle a tout d’une œuvre universelle au questionnement complexe qui force l’admiration.
Commentaire technique
Image : copie SD, bonne définition mais piqué limité à cause du support DVD (tournage avec caméra Arri Alexa LF et Sony CineAlta Venice, Master Format 4K), un Blu-ray aurait mieux convenu, contraste homogène avec du détail en basse lumière (scène d’ouverture), noirs soutenus, étalonnage subtil, colorimétrie réaliste, teintes naturelles et tons nuancés
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Son : mixage français 5.1, dialogues très clairs et centrés, excellente dynamique sur les ambiances (cérémonies, Taipei, etc.) et sur la musique de Dan Levy, spatialisation immersive aux effets surrounds très efficaces, LFE ponctuellement énergique
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : 
(4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt19891500/
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