Casbah : un improbable remake chantant mais un film noir attachant (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Alger. Le truand Pépé le Moko monopolise toute l'attention des forces de police qui attendent qu'il sorte des bas-fonds de la ville pour lui passer les menottes aux poignets. Un jour, son coeur chavire pour Gaby, une belle touriste parisienne sur le point de se marier avec un homme qu'elle n'aime pas. Une occasion en or pour les autorités de tendre un piège à l'insaisissable Pépé. En manipulant celle pour laquelle il en pince et en suscitant la jalousie de son ancienne compagne qui le trahit, la police le pousse à s'aventurer hors de la casbah.

Titre original : Casbah
Support testé : Blu-ray
Genre : drame, comédie musicale
Année : 1948
Réalisation : John Berry
Casting : Yvonne De Carlo, Tony Martin Peter Lorre, Märta Torén, Hugo Haas, Thomas Gomez, Douglas Dick, Katherine Dunham
Durée : 1 h 33 mn 23
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
Sous-titrage : français
Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
Bonus : combo avec le Blu-Ray du film (93 mn) et le DVD du film (90 mn) - présentation du film par François Guérif (2023, 13 mn 08) et par Patrick Brion (2023, 10 mn 54)
Éditeur : Sidonis Calysta

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Commentaire artistique

Casbah est un surprenant remake chantant de Pépé le Moko (1937) réalisé en 1948 par John Berry dans une casbah de studio (Universal Studios) reconstituée avec habileté par John DeCuir et splendidement photographiée et éclairée par Irving Glassberg. C’est peu après ce film que le cinéaste blacklisté devra s’exiler en France où il continuera sa carrière de réalisateur brillant et de comédien occasionnel. Le scénario de Leslie Bush-Fekete et Arnold Manoff suit en grande partie le film de Julien Duvivier qui adaptait un roman d’Henri La Barthe paru en 1931 et qui avait déjà été l’objet d’un remake, Fort Algiers, réalisé en 1948 par John Cromwell avec Charles Boyer et Hedy Lamarr : Casbah est donc le remake de Fort Algiers (disponible chez l’éditeur), ce qui atteste de l’intérêt d’Hollywood pour cette intrigue tragique se déroulant dans les ruelles étroites et sur les terrasses de la vieille ville d’Alger. Si les passages où Tony Martin (Pépé le Moko), acteur, chanteur et producteur du film (Marston Productions), pousse la chansonnette ne sont pas inoubliables, son talent d’acteur est indéniable, entouré par d’actrices séduisantes : la canadienne Yvonne De Carlo (Inez), la suédoise Märta Torén (Gaby) qui ne fera pas oublier Mireille Balin du film de Julien Duvivier, et la chorégraphe Katherine Dunham (Odette). Néanmoins la prestation de tous ces excellents acteurs est surpassée par celle de Peter Lorre (Slimane) dont l’aisance et la nonchalance apparente font merveille dans le rôle de l’inspecteur ambigu qui saura se servir de la romance Pépé/Gaby pour capturer le voyou hors de la casbah. Loin du mélo sentimental édulcoré que l’on aurait pu craindre, John Berry dirige un solide film noir, usant avec maestria des codes du genre : le final est absolument éblouissant de noirceur et surpasse même celui de l’original de 37 comme celui archétypal du célèbre film Casablanca (1942). Échappant aux stéréotypes des séquences musicales caractéristiques du genre, Casbah bénéficie d’une mise en scène habile qui sait combiner avec adresse la dramaturgie de l’intrigue, la qualité de jeu de tous les interprètes et le brio avec lequel John Berry filme son histoire en occupant avec génie l’espace de décors convaincants (scènes sur les toits et sur la place de la casbah). Pour un remake, Casbah est donc plutôt une bonne surprise : même s’il ne parvient jamais à égaler l’âpreté de son modèle Pépé le Moko, il mérite la vision et il ne faudra pas manquer cette édition en Blu-ray qui est une première mondiale !

Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition et piqué souvent remarquable mais variable selon les plans, texture argentique fine et discrète (tournage en 35 mm, Master Format vraisemblablement 2K), image propre affectée de quelques fines rayures verticales, image lumineuse aux éclairages bien restituées par un contraste sans faille, noirs soutenus, gamme de gris harmonieuse

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Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs sans distorsion, pas de souffle appuyé, excellente dynamique sur les ambiances, sur la musique de Walter Scharf et les chansons composées par Harold Arlen et Leo Robin