Mad God : une expérience visuelle et sonore absolue (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

L'Assassin surgit des abysses dans une cloche de plongée et s'enfonce au cœur d'un univers infernal peuplé de créatures mutantes et de scientifiques fous. Bientôt capturé, il devient la victime du monde qu'il est chargé de détruire…

Titre original : Mad God
Support testé : Blu-ray
Genre : animation, fantastique
Année : 2021
Réalisation : Phil Tippett
Casting : Alex Cox, Niketa Roman, Satish Ratakonda Harper Taylor, Brynn Taylor, Hans Brekke, Brett Foxwell, Jake Freytag
Durée : 1 h 23 mn 49
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,85/1
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais,
Bonus : Digipack exclusif édition limitée avec le Blu-ray du film (84 mn) et le DVD du film (81 mn) - fac-similé du livret de présentation du film édité lors de la campagne Kickstarter (anglais, 60 pages) - une collection de 10 photos - l'affiche du film (53,4 x 38 cm)
Bonus en HD VOST : interview de Phil Tippett (4 mn 38) - Mad God influences & inspirations, entretien avec Phil Tippett (6 mn 33) - Making of de Mad God par Maya Tippett (10 mn 19) - Pire que le démon, entretien avec Phil Tippett par Maya Tippett (12 mn 33) - Academy of Art University & Mad God, partenariat entre Tippett Studio et les étudiants de l'Academy of Art University de San Francisco (5 mn 14) - Dans les coulisses de Mad God, la préparation des scènes finales (12 mn 32) - Un rêve éveillé : La Création de Mad God par Gilles Penso et Alexandre Poncet (2023 , VF, 30 mn 22) - bande annonce 2023 ( 1 mn 21)
Éditeur : Carlotta Films

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Commentaire artistique

Dans la collection édition prestige, limitée à 2000 exemplaires avec goodies, le volume n° 26 est consacré à Mad God, film d’animation hors norme que Phil Tippett réalisa en 2021 mais dont la production titanesque débuta en 2007 sur une idée formulée dès les années 90 au moment où il travaillait sur Robocop 2. Aidé par des membres du studio et financé par une campagne de financement participatif, le cinéaste va mener à bien son projet qui est présenté dans son intégralité à Locarno et à Paris en 2021. Le film a été presqu’entièrement réalisé en stop-motion avec recourt très ponctuel à d’autres techniques et à des acteurs dans de rares séquences live. L’animation du film s’est déroulée sur de très nombreuses années et a été effectuée souvent en fin de semaine par 15 à 20 étudiants à peine familiarisés avec la technique : la séquence d’ouverture avec une montagne de soldats mort a, par exemple, nécessité le travail de six personnes pendant trois ans ! Il aura fallu trente ans de travail pour achever Mad God, un spectacle furieux et indescriptible dont la narration absconse est limitée à quelques personnages : l’assassin (Hans Brekke, Jake Freytag, David Lauer), le chirurgien (Satish Ratakonda, Arne Hain), la nourrice (Niketa Roman), l’alchimiste (Tom Gibbons) et le dernier des humains (Alex Cox). Ils sont plongés dans une civilisation mécanique et monstrueuse sur le déclin dont il semblerait qu’ils ne peuvent parvenir à s’échapper. Si l’intrigue est plus qu’énigmatique, le résultat visuel et sonore est ébouriffant : dans un univers semi-mécanique et semi-organique, des personnages peu identifiables cherchent à progresser tout en évitant les pièges qui risquent de les anéantir et qui prennent la forme de machines inexorables et de créatures sanguinaires protéiformes. Difficile de se forger une interprétation à partir de ce « récit » qui débute avec un assassin dans une cloche qui est descendue dans les entrailles de la civilisation, puis qui se poursuit avec l’épisode du chirurgien et de la nourrice qui accouche un monstre d’une créature tentaculaire. Dans un dernier temps, un autre assassin exécute une mission à partir d’une carte cachée par le dernier humain. Hermétique et cauchemardesque, Mad Dog est plus une expérience cinématographique qu’une fiction rationnelle dont le maître-mot est la folie égoïste : chaque créature monstrueuse n’aspire qu’à sa survie dans un univers frénétique dépourvu de tout code et de toute éthique mais où chaque entité est soumise égalitairement à la loi générale. Sans pratiquement aucune parole intelligible, Mad God fait évoluer ses créatures dans un décor apocalyptique tentaculaire et un enchevêtrement inextricable de restes de machines qui évoquent les ruines chaotiques d’une civilisation mécanique en dégénérescence. Difficile de ne pas être fasciné par ces scènes explorées ou traversées par des créatures sans cesse en mouvement se dévorant les unes les autres ! L’absence de cohérence dans la progression narrative s’explique par le lent murissement du projet et son interminable exécution artisanale. Mais la métaphysique qui imprègne Mad God, citant le Dieu courroucé du Lévitique châtiant les hommes pour leurs péchés, hisse cette animation dantesque au rang d’œuvre d’auteur, ambitieuse et créative. Inclassable, culte, glauque, singulier : aucun qualificatif ne peut définir globalement ce film expérimental dont le symbolisme psychanalytique et l'étrangeté ne peuvent être ressentis que par son visionnage. Indescriptible.

Commentaire technique

Image : copie HD, bonne définition et piqué sur les textures (tournage numérique et 35 mm avec Canon Rebel t2i et Red Raven, Master Format 2K), excellent contraste avec du détail bien que tout le film se déroule sous éclairage artificiel, noirs soutenus, étalonnage chaud, colorimétrie chatoyante favorisant certaines couleurs (rouge, jaune), tons saturés

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Son : mixage anglais 5.1, dialogues volontairement inintelligibles et effets sonores spectaculaires, dynamique remarquable sur les ambiances toujours surprenantes des scènes mélangeant effets mécaniques et créatures étranges ainsi que sur la partition de Dan Wool, spatialisation constamment immersive aux effets surrounds totalement enveloppants (exemple : la scène d’ouverture), LFE ultra efficace pour des graves envahissantes