La Sirène : l’animation comme métaphore poignante de la résistance (en DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

1980, dans le sud de l'Iran. Les habitants d'Abadan résistent au siège des Irakiens. Il y a là Omid, 14 ans, qui a décidé de rester sur place chez son grand-père, en attendant le retour de son grand frère du front. Mais comment résister en temps de guerre sans prendre les armes ? Omid découvre alors un bateau abandonné dans le port d'Abadan. Aurait-il enfin trouvé le moyen de sauver ceux qu'il aime ?

Titre anglais : The Siren
Support testé : DVD
Genre : animation, drame
Année : 2022
Réalisation : Sepideh Farsi
Casting : Mina Kavani, Hamidreza Djavdan, Babak Karimi, Mohsen Namjoo, Shabnam Tolouei, Saeid Shanbehzadeh, Mounir Margoum, Amar Al Bojrad, Adel Jarallah Saady, Forough Djavahery, Babak Farahani, Amir Hossein Hosseini, Ash Goldeh
Durée : 1 h 36 mn 34
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 2,39/1
Sous-titrage : français
Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 farsi, français
Bonus : interview de Sepideh Farsi au Festival d’Annecy (5 mn 22)
Éditeur : M6 Video SND

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Commentaire artistique

Premier long-métrage de fiction en animation de Sepideh Farsi, La Sirène est un projet de longue haleine : la cinéaste documentariste, née en Iran où sa présence est interdite, songe depuis 2009 à réaliser un film sur la guerre qui, entre 1980 et 1988, opposa l’Iran et l’Irak pour aboutir à la mort de 1,5 million de personnes sans que les frontières ne soient modifiées. Dans ce conflit, une des villes martyres a été Abadan, située à la frontière avec l’Irak. Pour sa position tactique et ses énormes raffineries de pétrole, elle a été convoitée par Saddam Hussein qui va l’assiéger pendant près d’une année entre novembre 1980 et septembre 1981. Libérée par les troupes iraniennes, la ville n’était plus qu’un champ de ruines. Désireuse d’évoquer cette tragédie, sans tomber dans la reconstitution de studio, Sepideh Farsi a choisi de réaliser un film d’animation exprimant la réalité historique qui éviterait la vision biaisée donnée par la propagande et qui mêlerait quelques-uns de ses souvenirs clés. Le scénario, coécrit avec Javad Djavahery, également interdit en Iran, va user du récit allégorique (avec allusions manifestes à la situation actuelle) en s’attachant au destin d’Omid. Cet ado, plongé dans la tourmente, cherche à échapper à la souricière de la cité en offrant généreusement à divers personnages de profiter de son embarcation, notamment à la jeune Pari, la fille d’une chanteuse populaire condamnée au silence. Aidé par une importante documentation (architectures, véhicules, affichage urbain, vêtements, etc.), Zaven Najjar s’est chargé de transposer la réalité des archives en une animation captivante centrée sur la résistance sous toutes ses formes et exaltée par le dammam (tambour traditionnel) d’Omid. La Sirène est une animation visuellement élaborée qui exprime les émotions par des angles singuliers de prise de vue et par des choix esthétiques réfléchis comme la limitation des couleurs et le choix d’une technique d’aspect plutôt 2D même si les personnages ont été créés en 3D. Tous ces partis pris ont abouti à une œuvre forte traduisant bien l’activisme de la réalisatrice dont le choix de l’animation, pour évoquer cette période traumatisante, se révèle extrêmement judicieux. La galerie de personnalités contrastées, les dangers incessants des bombardements, les menaces internes et externes, la réalité d’une société diversifiée et tolérante (prêtres arméniens) de cette évocation naturaliste nuancée contredisent abruptement l’image véhiculée par la propagande religieuse des Mollahs. La Sirène, mêlant le réalisme poignant d’une ville en état de siège et la poésie d’un récit métaphorique, est une animation recommandable autant pour son esthétique admirable que pour son message de résistance et de résilience toujours d’actualité.

Commentaire technique

Image : copie SD, définition correcte mais manque de piqué en raison du support DVD, image générée en 2D et 3D par ordinateur, excellent contraste, image lumineuse, noirs soutenus, basses lumières détaillées, étalonnage chaud, colorimétrie limitée volontairement à certaines couleurs (bleu, ocre, rouge), teintes nuancées

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Son : mixage 5.1 persan (farsi), voix de doublage claire et équilibrées, superbe dynamique sur les ambiances (nombreuses explosions) et sur la musique typée d’Erik Truffaz et sur les morceaux traditionnels de Saied Shanbehzadeh, spatialisation immersive impressionnante avec des effets surrounds souvent spectaculaires (tirs, explosions), LFE ponctuellement énergique ; VF 5.1, claire et dynamique mais voix moins convaincante qu’en langue persane