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Coffret Hammer Tome 1, 1966-1969 L'Âge d'or : six pépites d’horreur gothique flamboyant (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5) 

Synopsis :

Dracula, prince des ténèbres : quatre touristes se retrouvent coincés à la tombée de la nuit dans le mystérieux village de Karlsbad, lieu sinistre et isolé où flotte un parfum de mort. Leur périple les mène à un château abandonné où un destin cauchemardesque les attend. Une force maléfique les y a attirés, une bête assoiffée de sang et de résurrection connue sous le nom de Comte Dracula, prince des Ténèbres.

 

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Raspoutine, le moine fou : gare à son regard meurtrier, à son toucher mystique, vous ne serez plus jamais libre de son emprise maléfique ! Avant la révolution russe à St Pétersbourg, le sinistre moine Raspoutine démontre qu’il a le pouvoir surnaturel de tranquilliser les fous et guérir les malades. Mais à quel prix ? Aidé de ses pouvoirs d’hypnotiseur, Raspoutine entame une quête de pouvoir et de richesse dépravée et sans scrupules…

 

Frankenstein créa la femme : au cœur de leur laboratoire secret, le baron Frankenstein et le docteur Hertz travaillent sur une expérience secrète : capturer l’âme d’un mort pour le transférer dans un autre corps. Un jour, leur assistant, Hans, est accusé à tort d’un meurtre et finit exécuté sur la place publique, au grand regret de sa petite amie Christina, qui se suicide. Profitant de l’occasion, le baron va transférer l’âme d’Hans dans le corps de sa bien-aimée, loin de se douter qu’une fois revenu à la vie le jeune garçon sera avide de vengeance…

 

La Femme reptile : une épidémie meurtrière se répand dans le village de Clagmoor Heath, au fin fond des Cornouailles. Quand l’obscurité arrive, les victimes sont retrouvées la bave aux lèvres, avec des plaies saillantes au cou. Harry Spalding entame un périple à Clagmoor pour enquêter sur la mort mystérieuse de son frère. Peu aidé des villageois superstitieux, il se lance dans une quête macabre qui le mène au sinistre Dr Franklyn et à sa fille étrange, d’une éclatante beauté…

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L’Invasion des morts-vivants : dans un village des Cornouailles au XIXème siècle, une présence maléfique rôde à l’heure du diable, un fléau mystérieux qui tue inlassablement. Incapable de trouver la cause de ce phénomène, le docteur Peter Tompson demande de l’aide à son ancien professeur Sir James Forbes. Ils vont découvrir un univers de magie noire et une légion d’esclaves maudits assoiffés de chair et de sang !

 

Dans les griffes de la momie : en 1920, à Mezzera, Égypte, un lieu entouré de mystère et de magie ancienne. Une expédition archéologique est sur le point de virer au carnage, elle doit faire face à une violence meurtrière à laquelle très peu vont échapper. L’archéologue Sir Basil Walden et son équipe sont en route pour retrouver la tombe perdue du pharaon Kah-to-Bey. Ayant ignoré les avertissements concernant une malédiction de mort, l’expédition découvre la sépulture du pharaon, avec des conséquences terribles. Un esprit vengeur a été libéré, et il a soif de chair et de vengeance…

 

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Les Vierges de Satan : le débonnaire duc de Richleau a été chargé de prendre soin du fils de son ami défunt, Simon Aron. Le duc découvre que le jeune homme a rejoint un culte satanique dirigé par le diabolique Mocata, qui a l’intention de faire de Simon l’un des disciples du Diable. Pour détruire le duc et ses amis, Mocata n’hésite pas à faire appel à l’Ange de la Mort en personne…

 

 

  • Titre français ; Dracula, prince des ténèbres - Raspoutine, le moine fou - Frankenstein créa la femme - La Femme reptile - L’Invasion des morts-vivants - Dans les griffes de la momie - Les Vierges de Satan
  • Titre original : Dracula Prince of Darkness - Rasputin : The Mad Monk - Frankenstein Created Woman - The Reptile - The Plague of the Zombies - The Mummy's Shroud - The Devil Rides Out
  • Support testé : Blu-ray
  • Genre : horreur gothique
  • Année : 1966, 1966, 1967, 1966, 1966, 1966, 1968
  • Réalisation : Terence Fisher (1, 3, 7), Don Sharp (2), John Gilling (4, 5, 6)
  • Casting : (1) Christopher Lee, Barbara Shelley, Andrew Keir, Francis Matthews, Suzan Farmer, Charles « Bud » Tingwell, Thorley Walters, Philip Latham (2) Christopher Lee, Barbara Shelley, Richard Pasco, Dinsdale Landen, Renée Asherson, Derek Francis, Joss Ackland (3) Peter Cushing, Susan Denberg, Robert Morris, Duncan Lamont, Peter Blythe, Barry Warren, Derek Fowlds (4) Noel Willman, Jennifer Daniel, Ray Barrett, Jacqueline Pearce, Michael Ripper, John Laurie, Marne Maitland, David Baron, Charles Lloyd Pack, Harold Goldblatt, George Woodbridge, (5) André Morell, Diane Clare, Brook Williams, Jacqueline Pearce, John Carson, Alexander Davion, Michael Ripper (6) André Morell, John Phillips, David Buck, Elizabeth Sellars, Maggie Kimberly, Tim Barrett, Richard Warner, Roger Delgado, Catherine Lacey, Dickie Owen (7), Christopher Lee, Charles Gray, Nike Arrighi, Leon Greene, Patrick Mower, Sarah Lawson, Paul Eddington, Rosalyn Landor, Russell Waters
  • Durée : 1 h 30 mn 18 - 1 h 32 mn 20 - 1 h 32 mn 06 - 1 h 30 mn 27 - 1 h 30 mn 15 - 1 h 30 mn 44 - 1 h 35 mn 50
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 2,35/1 (1) Techniscope (format du négatif : 2,33/1 (2) - 2,35/1 CinemaScope (format du négatif : 2,55/1 : présent sur le Blu-ray américain) - 1,66/1 (3-7)
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : Dolby Digital 2.0 monophonique anglais
  • Bonus : coffret avec les 7 Blu-rays et les 7 DVD - cartes (14 x 19 cm) des 7 affiches originales - livret avec documents, illustrations, photos et affiches (52 pages)
  • Bonus sur le Blu-ray de Dracula, prince des ténèbres: La Géométrie dans l'horrible par Nicolas Stanzick (54 mn 13) - Sex and no sun par Mélanie Boissonneau (8 mn 59) - sur la restauration (3 mn 56) - bande annonce originale (2 mn 57)
  • Bonus sur le Blu-ray de Raspoutine, le moine fou : L'épouvante historique par Nicolas Stanzick (30 mn 20) - Folie furieuse et satin rose par Mélanie Boissonneau (8 mn 27) - bande annonce originale (2 mn 54)
  • Bonus sur le Blu-ray de Frankenstein créa la femme : Et Terence réinventa Fisher par Nicolas Stanzick (43 mn 48) - Qu'on leur coupe la tête par Mélanie Boissonneau (13 mn 55) - bande annonce originale (VO, 0 mn 35)
  • Bonus sur le Blu-ray de La Femme reptile : Quand pointe le gothique contestataire par Nicolas Stanzick (24 mn 08) - Devine qui vient dîner par Mélanie Boissonneau (11 mn 11) - la restauration (2 mn 15) - bande annonce originale (2 mn 22)
  • Bonus sur le Blu-ray de L'Invasion des morts-vivants : Les Prémices du zombie moderne par Nicolas Stanzick (35 mn 56) - Prédateur for ever... par Mélanie Boissonneau (9 mn 59) - bande annonce originale (1 mn 49) - la restauration (3 mn 16)
  • Bonus sur le Blu-ray de Dans les griffes de la momie : Beautés d’un bis désenchanté par Nicolas Stanzick (26 mn 29) - A tombeaux ouverts par Mélanie Boissonneau (9 mn 05) - bande annonce originale (2 mn 40)
  • Bonus sur le Blu-ray de Les Vierges de Satan : Partie d'échec avec le Diable par Nicolas Stanzick (56 mn 07) - Le Salon rétromobile présente... par Mélanie Boissonneau (7 mn 09) - bande annonce originale (2 mn 23)
  • Éditeur : Tamasa

 

Commentaire artistique

Ce coffret réunit sept films produits par la Hammer entre 1966 et 1969 accompagnés de cartes postales et d’un livret de 52 pages. Tous les films en Blu-ray de cette édition numérotée et limitée à 2 000 exemplaires ont été restaurés. Par rapport aux éditions américaines (Shout ! Factory) dont les bonus sont plus copieux, incluant souvent un Making of et des interviews (techniciens, acteurs), le coffret hexagonal privilégie les exposés plus statiques de deux spécialistes : l’un sur l’histoire de la Hammer et l’autre sur l’analyse détaillée d’une séquence clé de chaque film. Techniquement les Blu-rays français sont en outre privés de la piste sonore DTS-HD MA sans perte et de la VF d’époque.  

La Hammer Film Productions est un studio britannique fondé en 1934 par William Hinds et Enrique Carreras, puis, après sa faillite en 1937, leurs fils, Anthony et Michael, le ressuscitent. Il faut cependant attendre l’après-guerre, en 1955 pour que le nom Hammer devienne le synonyme par excellence de l’horreur gothique. Son âge d’or perdure entre la réalisation du film Le Monstre (1955) de Val Guest et la fin des années 60 lorsque la concurrence hollywoodienne (Rosemary’s Baby, 1967) et indépendante (La Nuit des morts-vivants, 1968) accentuent le déclin du studio. Les grands classiques de la Hammer sont produits dans les années 50 et comptent, entre autre, de petits bijoux signés Terence Fisher (Frankenstein s’est échappé, 1957, Le Cauchemar de Dracula, 1958, La Malédiction des pharaons, 1959) qui traitaient à la manière gothique les Universal Monsters. Cependant en 1962 Le Fantôme de l’Opéra est un fiasco qui éloigne le cinéaste du studio : il ne le rejoindra qu’en 1966 pour réaliser Dracula, prince des ténèbres, un film qui amorce une seconde phase moins ambitieuse de la Hammer mais pas dénuée de pépites.

Dans les années 60, le studio Hammer et son associé américain, la Seven Arts Productions, décident de produire, par souci d’économie, des couples de films principaux accompagnés par une série de petits films de série. Ainsi en 1966 sont tournés, presque simultanément, en Scope couleur : Dracula, prince des ténèbres de Terence Fisher et Raspoutine, le moine fou de Don Sharp. La star des deux productions sera Christopher Lee, les décors seront les mêmes, les films partageront la même équipe technique et un casting presqu’identique (excepté Andrew Keir, le père Sandor du premier film) comprenant Barbara Shelley, Francis Matthews et Suzan Farmer.

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Lorsque Terence Fisher dirige Dracula, prince des ténèbres, il retrouve la grand Christopher Lee mais, suite à un diffèrent (pas très clair) avec le scénariste Jimmy Sangster, la star interprètera le comte vampire sans prononcer la moindre réplique. Empruntant son prologue à la fin de son célèbre Cauchemar de Dracula (1958), le cinéaste doit composer avec une intrigue qui substitue tous les protagonistes imaginés par Bram Stoker à l’exception du comte : exit le Dr. Van Helsing et Jonathan Harker remplacés par un couple de touristes égarés tandis que Ludwig est manifestement le R. M. Renfield du roman. Le cinéaste ne se prive pas de pointer les pruderies de l’époque victorienne symbolisées par l’attitude d’Helene Kent avant qu’elle ne soit possédée par le vampire : un rôle fort et subtilement incarné par Barbara Shelley. Si les codes du genre, basés sur l’érotisme et sur la mort, sont respectés, le film à l’esthétique suggestive chère au réalisateur comporte des séquences d’anthologie inédites : la résurrection du comte aspergé du sang d’une victime pendue en croix, tête en bas, signe de l’Antéchrist, le comte offrant son sang à sa disciple (cf. bonus) et un final avec sa mort aquatique. Cette nouvelle édition HD fait l’impasse de la VF et des archives Hammer (présents sur le DVD de 2005) et de la version américaine du film qui de distingue par un étalonnage différent (Blu-ray américain). 

Raspoutine, le moine fou libère la parole de Christopher Lee qui livre une composition saisissante du personnage même si l’acteur est chagriné que le film prenne de grandes libertés avec l’Histoire (expressément mentionné comme fiction par le studio). En effet il fait l’impasse sur des faits majeurs comme l’existence du tsar, la Première Guerre mondiale, la Révolution russe ! Pour l’anecdote, l’acteur encore enfant avait eu le privilège de rencontrer les assassins et l’un des filles de Raspoutine.  Le scénario de John Elder n’a en fait retenu que les aspects dignes d’un film d’horreur compatibles avec les moyens limités octroyés par la production (le budget a été réduit en cours de tournage) : c’est-à-dire la philosophie (réelle) du moine prônant la luxure comme rédemption et ses pouvoirs de thaumaturge. Malgré ces limites, l’interprétation de Raspoutine par Christopher Lee est admirable et indubitablement l’une de ses grandes prestations (avec Dracula et Kharis la momie). Si, diverses modifications du scénario et du montage, ont affaibli le film original, Raspoutine, le moine fou possède un souffle indéniable avec une horreur plus diffuse que frontale (il y a très peu de plans franchement gore) liée à la personnalité sulfureuse du personnage. Sur le blu-ray, le film est présenté seulement en 2,35/1, ce qui modifie les cadrages plus centrés de l’image originale en 2,55/1 (cf. Blu-ray américain mais moins bien défini qu'en 2,35/1).

Frankenstein créa la femme a été d’abord conçu comme une suite à La Vengeance de Frankenstein (1958) de Terence Fisher mais son demi-succès repoussera la production en 1966. Contrairement au personnage imaginé par Mary Shelley, l’intrigue d’Anthony Hinds prévoit que le docteur ressuscite une créature féminine idéale en lui injectant l’âme de son amant ! Ici pas de transfert et d’assemblage d’organes mais une expérience en vogue au XVIIe siècle chez les alchimistes comme Konrad Dippel (un véritable alchimiste né au château de Frankenstein et modèle de Mary Shelley). Présenté, pour la promotion, de manière sexy dans les bras de Peter Cushing (Frankenstein), le corps de la jolie Susan Deberg (Christina) abrite donc l’âme masculine d’Hans (Robert Morris), une idée sexuellement libertine de scénariste qui s’accorde avec l’aspect très cruel du film dont le scénario ne ménage pas les scènes violentes (guillotine, trio de fils d’aristo). Comme souvent chez Terence Fisher, la noblesse dépravée et hautaine, capable des pires sadismes, incarne la fracture sociale. Si l’on peut regretter la discrétion des apparitions de Victor Frankenstein dans cette version à connotation vaguement métaphysique, on appréciera le rôle antithétique et empathique du Dr. Hertz subtilement incarné par Thorley Walters. Film mineur de Terence Fisher, Frankenstein créa la femme, qui développe une narration inégale, reste un enchantement visuel malgré un tournage étriqué en studio. C’est d’ailleurs l'avant-dernière production de la Hammer aux studios Bray (Berkshire). 

Toujours en 1966, John Gilling tourne simultanément La Femme reptile et L’Invasion des morts-vivants dans pratiquement les mêmes décors, notamment celui du village construit au studio Bray, et partagent la présence de l’actrice Jacqueline Pearce et de l’acteur Michael Ripper. Même les scenarios sont proches en situant leur intrigue à Cornwall, une communauté villageoise retirée de Cornouailles qui symbolise la présence de l’étranger sur le sol anglais.  

La Femme reptile de John Gilling, dont le scénario peu vraisemblable avait été écrit par Anthony Hinds en 1963, constitue une tentative du studio de sortir des sentiers battus : pas d’architecture gothique mais une délocalisation de l’intrigue dans un environnement campagnard banal et une héroïne féminine plus étoffée et énigmatique interprétée avec intensité par Jacqueline Pearce (Anna). Avec une réelle efficacité, John Gilling sait susciter le mystère et l’angoisse qui envahissent cette petite bourgade brusquement secouée de morts horribles. Dommage que, dans une narration qui manque de rigueur, l’irruption des séquences violentes ne soit pas mieux introduite et que les scènes paroxystiques finales, avec découverte du pot-aux-rose (assez prévisible), manquent de suspense. Le casting défend le mieux possible des caractères relativement stéréotypés et les habitués de l'univers du studio retrouveront tout ce qui fait le charme de ses productions (décors et costumes soignés, éclairages suggestifs, musique survoltée). Le film, innovant certes mais incohérent, n’aura pas un grand succès.       

L’Invasion des morts-vivants de John Gilling est le premier et le seul film du studio à aborder le genre film de zombies : le succès public et critique saluera un film dont l’intrigue, bien écrite par Peter Bryan, privilégie l’atmosphère angoissante aux scènes gore. Si l’existence des zombies nécessitera plusieurs séquences pour que le docteur James Forbes, très bien incarné par André Morell, et son élève Peter Tompson (Brooks William) en aient conscience, le film ménage un joli suspense impliquant deux jolies actrices, Jacqueline Perace (Alice) et Diane Clare (Sylvia) et un vilain de service, Clive Hamilton joué par John Carson. Tous les ingrédients propres aux films Hammer sont savamment structurés jusqu’à la scène apocalyptique finale. Une fois encore l’esthétique est flamboyante et les effets spéciaux réussis. En décrivant toute la morgue qu’ont les hobereaux locaux envers leurs concitoyens et comment ils réduisent les zombies à devenir un sous-prolétariat, une vision toute «fisherienne» de la société, L’Invasion des morts-vivants préfigure le célèbre film de zombies de George A. Romero réalisé deux ans plus tard. Une belle réussite à découvrir sans attendre ! 

Dans les griffes de la momie, titre VF stupide car une momie n’a pas de griffes (en VO : The Mummy’s Shroud soit « Le Suaire de la momie » qui dans l’intrigue fait revenir la momie à la vie), est le troisième de la saga « momie vengeresse » du studio après l’excellent La Malédiction des pharaons (1959), puis Les Maléfices de la momie (1964). Scénarisé et réalisé par John Gilling, c’est l’ultime film tourné au studio historique Bray de la Hammer : Bernard Robinson y reconstitue une Égypte des années 20 avec un musée du Caire improbable et une Égypte antique approximative, recyclant beaucoup d’accessoire du film de 1959 copiés du mobilier de Toutânkhamon. Une carrière de sable locale (Wapsey’s Wood de Gerrard’s Cross) servira d’extérieur pour simuler le désert égyptien… Le scénario, bouclé en cinq jours, ne brille pas son originalité, brodant sur l’intrigue initiale du film The Mummy (1932) inspiré de la soi-disant malédiction colportée par les journalistes à partir de 1922 (découverte de la tombe de Toutânkhamon). Bien que toute l’intrigue se déroule cette fois-ci en Égypte, la structure est identique avec un prologue antique où l’on découvre que Prem (la future momie incarnée par le cascadeur Eddie Powell) doit protéger pour l’éternité la sépulture du jeune roi Kah-To-Bey, un patronyme peu pharaonique. Leur tombe est découverte par des égyptologues et Prem, ressuscité par la lecture d’un texte sacré, va éliminer l’équipe aidé par le bédouin Hasmid (Roger Delgado) et la cartomancienne Haïti (Catherine Lacey). Une jolie blonde épigraphiste jouée par Maggie Kimberly (mais sans la chemise de nuit suggestive vue sur les photos de la promotion) et la décomposition finale de la momie (par ailleurs très peu effrayante) égayent ce récit peu palpitant dans lequel le vilain n’est pas celui qu’on croit. John Gilling a été visiblement pénalisé par un budget dérisoire (tournage en studio excepté la scène du désert et deux stock-shots) et le considérait comme le plus médiocre de sa filmographie. Le film bénéficie cependant d’excellents acteurs : André Morell, John Phillips, Elizabeth Sellars et l’on savoure l’interprétation jubilatoire et expressive de Michael Ripper. Distrayant, mais dispensable, Dans les griffes de la momie est surtout mémorable pour la splendide photographie chatoyante d’Arthur Grant.   

Les Vierges de Satan, sorti en 1968, est un des derniers films réalisés par Terence Fisher et l’ultime production conjointe Hammer / Seven Arts. Outre la direction inspirée du maitre incontesté de l’horreur gothique chez Hammer, le film bénéficie d’atouts artistiques remarquables : un roman célèbre, un scénariste de renom et une star du genre. C’est en effet à Richard Matheson que l’on doit l’adaptation du roman « The Devil Rides Out » (1934, mais publié en France en 1984) de l’auteur britannique spécialisé dans l’occultisme Dennis Wheatley. Avec son talent coutumier, Richard Matheson a su élégamment structurer son scénario en élaguant les fumisteries du roman comme ce complot sataniste basé sur un talisman de Seth (pénis momifié) qui n’aurait pas passé la censure. Pour Terence Fisher le film est surtout l’occasion de retrouver un de ses acteurs fétiches (avec Peter Cushing), Christopher Lee qui, pour une fois, n’incarne pas le Mal et livre une composition intense et mémorable en duc de Richleau, fin connaisseur du satanisme. L’acteur, qui avait insisté pour que la Hammer produise un film tiré d’un ouvrage de Dennis Weathley, a d’ailleurs affirmé que Les Vierges de Satan était son film Hammer préféré et il s’est abondamment documenté sur la sorcellerie et la magie noire pour y participer. L’intrigue lui octroie la lourde tâche d’empêcher son protégé Simon Aron (Patrick Mower) de basculer dans le satanisme au cours de messes noires célébrées par Mocata, joué avec classe par Charles Gray (personnage inspiré d’Aleister Crowley), qui parvient à hypnotiser Marie (Sarah Lawson), la nièce de Richleau. L’affaire se complique quand une jeune initiée Tanith (Nike Arrighi) décédée possède l’esprit de Marie et que Simon risque de perdre son âme…si rien ne vient briser l’emprise maléfique. Les Vierges de Satan, un des meilleurs films de Terence Fisher, est devenu un film culte pour sa construction exemplaire, sa part d’onirisme fantastique, ses excellents acteurs et ses effets spéciaux, quoique datés, encore efficaces. Le cinéaste exploite à merveille ce qui caractérise son style : une esthétique flamboyante, un soin du détail (parc automobile des années 30) et une exploitation dramatique du  thème éternel de la lutte du Bien et du Mal, ici splendidement traité de manière proportionnée malgré la critique qui regrettera son paternalisme et sa spiritualité simpliste. En dépit de son titre VF accrocheur, Les Vierges de Satan est un film très réservé en matière d’érotisme et qui reste également très tempéré en matière de scènes gore. Sorti l’année de Rosemary’s Baby, il contribua, tout aussi efficacement, à l’essor du surnaturel satanique au cinéma : une vision s’impose.

 

 

Commentaire technique

Dracula, prince des ténèbres
Image : copie HD, assez bonne définition et piqué variable sur les détails sauf sur le prologue et les vues floues du château de Dracula, texture argentique fine (tournage en 35 mm, Master Format 4K 2018 à partir de l'interpositif original), copie propre, contraste rénové pour une image lumineuse restituant les éclairages francs d’époque, étalonnage chaud, colorimétrie chatoyante aux teintes vives et tons saturés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique non lossless, dialogues clairs, pas de distorsion, bonne dynamique sur les ambiances mais qui privilégie surtout le musique stridente et typée de James Bernard ; pas de VF…

Raspoutine, le moine fou
Image : copie HD, excellente définition et très bon piqué sur les détails, texture argentique très fine (tournage en 35 mm, Master format 2K 2020), image bien nettoyée et stable, super gestion du contraste, image lumineuse avec du détail dans les ombres, noirs francs, étalonnage chatoyant, colorimétrie aux teintes naturalistes vives (rouge) et ton saturés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique non lossless, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, bonne dynamique sur les ambiances et la musique énergique de Don Hanks

Frankenstein créa la femme
Image : copie HD, bonne définition et excellent piqué sur les détails, texture argentique fine (tournage en 35 mm, Master format 2K 2019), copie propre, superbe contraste restituant les éclairages tranchés et les noirs denses, étalonnage chatoyant chaud, colorimétrie vive aux teintes franches
Son : mixage anglais 2.0 monophonique non lossless, dialogues équilibrés, l’actrice d’origine germano-autrichienne Susan Denberg est correctement doublée par Nikki Van der Zyl, pas de souffle ou de distorsion, bonne dynamique sur les ambiances et la musique typée de James Bernard

La Femme reptile
Image : copie HD, après un générique faiblard, la définition devient excellente et le piqué remarquable sur les gros plans, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master format 2K restauré 2019), format 1,66/1 mais tourné en 1,37/1, copie stable et très propre, superbe contraste aux éclairages tranchés et noirs soutenus, étalonnage flamboyant à la colorimétrie chatoyante et tons saturés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique non lossless, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, belle dynamique sur les actions et sur la musique suggestive composée par Don Banks

L’Invasion des morts-vivants
Image : copie HD, excellente définition et beau piqué sur les gros plans de visage, texture argentique fine (tournage en 35 mm, Master format 2K de 2019), copie stable et propre, superbe gestion du contraste avec une image à la luminosité variable restituant bien les éclairages appuyés, noirs profonds, étalonnage réaliste chatoyant, colorimétrie vive aux teintes éclatantes
Son : mixage anglais 2.0 monophonique non lossless, dialogues clairs, bonne dynamique sur les ambiances, sur la musique énergique de James Bernard et sur les percussions, pas de souffle, ni de distorsion

Dans les griffes de la momie
Image : copie HD, bonne définition et piqué sur les détails (objets et peintures pharaoniques), texture argentique régulière et homogène (tournage en 35 mm, Master format 2K 2020), copie propre, contraste restituant parfaitement les éclairages tranchés d’Arthur Grant, étalonnage chatoyant, colorimétrie chaude et nuancée aux teintes vives
Son : mixage anglais 2.0 monophonique non lossless, dialogues clairs un peu métalliques avec un très léger souffle, belle dynamique sur les ambiances et sur la musique énergique de Don Banks

Les Vierges de Satan
Image : copie HD, bonne définition et excellent piqué qui diminue sur les plans avec transparences (conduite automobile), texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master format 2K 2019), copie propre, bon contraste avec quelques variations d’intensité, noirs très denses, étalonnage chaud, colorimétrie chatoyante naturaliste aux teintes vives (rouge, vert, mauve) et tons saturés
Son : mixage anglais 2.0 monophonique non lossless, dialogues clairs, peu de profondeur mais une bonne dynamique sur les ambiances et sur la musique tonitruante de James Bernard, léger souffle

 

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5) 

IMDb
Dracula, prince des ténèbres : https://www.imdb.com/title/tt0059127/
Raspoutine, le moine fou : https://www.imdb.com/title/tt0059635/
Frankenstein créa la femme : https://www.imdb.com/title/tt0061683/
La Femme reptile : https://www.imdb.com/title/tt0060893/
L’Invasion des morts-vivants : https://www.imdb.com/title/tt0060841/
Dans les griffes de la momie : https://www.imdb.com/title/tt0062006/
Les Vierges de Satan : https://www.imdb.com/title/tt0062885/

Coffret disponible chez l’éditeur : Coffret Hammer Tome 1 1966-1969

 

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