Morgiana : fantastique baroque chez le cinéaste tchèque Juraj Herz (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
Se sentant défavorisée suite à l'héritage de leur père, Viktoria, tenancière d'une maison de débauche, décide d'empoisonner sa sœur, la belle et vertueuse Klára. Dans un jeu de miroirs hallucinatoires, Viktoria va se retrouver face à ses propres délires schizophréniques.
- Titre original : Morgiana
- Support testé : Blu-ray
- Genre : drame
- Année : 1972
- Réalisation : Juraj Herz
- Casting : Iva Janžurová, Josef Abrhám, Nina Divíšková, Petr Čepek, Josef Somr, Jiří Kodet, Jiří Lír, Ivan Palúch, Zuzana Fišárková, Marie Drahokoupilová, Jana Sedlmajerová, Karel Augusta
- Durée : 1 h 41 mn 23
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,37/1
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : LPCM 2.0 monophonique tchèque
- Bonus : Digipack avec étui avec le Blu-ray du film (101 mn 23) et le DVD du film (97 mn 20) - Le Chat aux yeux bleus, présentation du film par Christian Lucas (2023, 24 mn 46) - diaporama d'affiches et de photos (1 mn 12) - Noapte, court métrage de l'IUT de Béziers (29 mn 24)
- Éditeur : Artus Films
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Commentaire artistique
Morgiana a été réalisé par Juraj Herz, cinéaste slovaque connu pour son premier film L’Incinérateur de cadavres (1968) qu’il dirige durant le Printemps de Prague. Suite à la normalisation du pays en août 68 et malgré de continuelles démêlés avec la censure, il parvient à tourner en privilégiant le cinéma de genre, fantastique avec Morgiana (1972) et horrifique avec La Belle et la bête 1978) et Le Neuvième cœur (1979). Le scénario de Morgiana, qu’il coécrit avec Vladimir Bor, est adapté de «Jessie et Morgane» publié en 1929 par l’écrivain russe Alexandre Grine (la traduction française date de 2008). L’auteur y dépeint le portrait de jeunes sœurs antinomiques de la bourgeoisie d'affaires russe à la veille de la guerre de 14. Dans son film, Juraj Herz a l’excellente idée de faire interpréter la «gentille et jolie» Klára et la «méchante et vilaine» Viktorie par la même interprète : Iva Janžurová qui tenait déjà le rôle principal de son film précédent Les lampes à pétrole (1971). L’actrice, caractérisée pour chacun de ses deux personnages féminins par ses incroyables maquillages, ses coiffures opulentes et ses costumes fascinants, est omniprésente dans ce film à l’esthétique gothique particulière. Les effets visuels, qui contribuant à l’aspect fantastique, presque surréaliste dans ses séquences oniriques, du film, doivent beaucoup au talent du directeur de la photographie de la Nouvelle Vague Jaroslav Kučera qui use efficacement d’un objectif fish-eye pour la vision subjective du chat, multiplie les effets de miroir (permettant de voir en même temps les deux sœurs), les jeux de filtres de couleurs et les éclairages contrastés à la limite expressionnistes. Avec ce drame exacerbé de la jalousie, Juraj Herz aborde de nombreux thèmes comme la sororité, le dédoublement, la schizophrénie qu’il traite selon une vision créative peu conventionnelle, conjuguant surréalisme et fantastique. Indéniablement le cinéaste offre une vision très personnelle de l’intrigue qui s’exprime par un style baroque parfaitement adapté aux séquences d’hallucinations. Bien qu’une atmosphère envoûtante baigne Morgiana , elle résulte d’une dimension strictement psychologique et métaphorique (décadence incarnée par Klára) sans besoin de faire intervenir un quelconque spectre ou une créature surnaturelle. Le caractère horrifique du film est suggéré par des scènes allusives (empoisonnement, meurtre sur la falaise, tentative d’éliminer une servante) et par une stylisation à l’extrême des situations de danger provoquées par les nombreuses frustrations de Klára (financières et sexuelles). Morgiana est un film de genre intéressant pour ses expérimentations, même si Juraj Herz l’a toujours considéré comme un exercice peu satisfaisant. Son film est d’ailleurs devenu culte dans le domaine de la fantasmagorie intemporelle, porté par la composition musicale suggestive de Luboš Fišer. Un film qui mérite la vision pour ses expérimentations visuelles et pour la saisissante composition d’Iva Janžurová en jeune femme psychopathe.
Ne pas manquer en bonus le court-métrage Noapte, écrit par les Apprentis MMI de l'IUT de Béziers. Cette intrigue jubilatoire inspirée de Bram Stoker, qui mêle récit en huis clos et poésie fantastique, a été tournée en une semaine en 2021, avec des comédiens professionnels, par une équipe d'une trentaine d'étudiants.
Commentaire technique
Image : copie HD, bonne définition et piqué sur les nombreux gros plans de visage, texture argentique homogène et discrète (tournage en 35 mm, Master Format 2K 2023), copie propre affectée par de rares rayures verticales, excellent contraste qui profite aux éclairages tranchés de Jaroslav Kučera, noirs soutenus, étalonnage chatoyant, colorimétrie nuancée aux teintes vives
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Son : mixage 2.0 tchèque, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion mais quelques grésillements passagers, bonne dynamique sur les ambiances et sur la musique angoissante et très présente de Luboš Fišer, léger souffle
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : 
(3,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0124012/
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