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René Clair l'enchanteur : quatre comédies exquises à l’aube du cinéma parlant (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5) 

Synopsis

Sous les toits de Paris : dans un quartier populaire de Paris, Albert, un chanteur des rues, habite dans une chambre sous les toits. Il rencontre la belle Roumaine Pola…

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Le Million : alors que les commerçants le pressent de régler ses dettes, un jeune peintre apprend qu'il a gagné à la loterie et réalise qu'il a égaré son veston et le billet…

À nous la liberté : Louis et Émile s'évadent de prison. Ils se retrouvent quelques années plus tard. Louis est devenu patron d'usine tandis qu'Émile est resté vagabond.

Quatorze juillet : les lampions du bal appellent à la fête. C'est aujourd'hui le 14 juillet. Jean, chauffeur de taxi, et Anna, une jeune fleuriste, s'avouent leur amour.

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  • Titre original : Sous les toits de Paris - Le Million - À nous la liberté - Quatorze Juillet
  • Support testé : Blu-ray
  • Genre : comédie dramatique, comédie, musical
  • Année : 1930, 1931, 1931, 1933
  • Réalisation : René Clair
  • Casting : (1) Albert Préjean, Pola Illéry, Edmond T. Gréville, Bill Bocket, Paul Ollivier, Gaston Modot (2) Annabella, René Lefèvre, Jean-Louis Allibert, Constantin Siroesco, Raymond Cordy, Vanda Gréville, Odette Talazac, Pedro Elviro, Jane Pierson, André Michaud, Armand Bernard (3) Henri Marchand, Raymond Cordy, France Rolla, Jacques Shelly, Germaine Aussey, Léon Lorin, André Michaud, William Burke, Vincent Hyspa Eugène Stuber (4) Annabella, George Rigaud, Pola Illéry, Raymond Cordy, Raymond Aimos, Thomy Bourdelle
  • Durée : 1 h 36 mn 42 - 1 h 22 mn 25 - 1 h 22 mn 15 mn - 1 h 32 mn 26
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 1,20/1 Noir et Blanc
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : Dolby Digital 2.0 monophonique français - LPCM 2.0 monophonique français pour Le Million
  • Bonus : coffret combo avec les Blu-rays et les DVD des 4 films - livret (64 pages) avec texte « Et la parole fut… » de Raymond Chirat, entretien avec René Clair, texte sur le décorateur « Lazare Meerson, un (retro) visionnaire » par Noël Herpe, fiche des films
  • Bonus sur le Blu-ray Sous les toits de Paris : bande annonce de 1930 (3 mn 24) - prologue, scène coupée (5 mn 07) - film annonce René Clair L'enchanteur (1 mn 35)
  • Bonus sur le Blu-ray Le Million : bande annonce de 1931 (5 mn 16) - L'art sonore de la comédie par Noël Herpe (2023, 46 mn 32) - film annonce René Clair L'enchanteur (1 mn 35)
  • Bonus sur le Blu-ray À nous la liberté : prologue, présentation du film inédite (6 mn 20) - 2 scènes coupées inédites (6 mn 35) - film annonce René Clair L'enchanteur (1 mn 35)
  • Bonus sur le Blu-ray Quatorze juillet : Une restauration complexe par Céline Charrenton (21 mn 08) - bande annonce 1933 (5 mn 37) - film annonce René Clair L'enchanteur (1 mn 35)
  • Éditeur : Tamasa

 

Commentaire artistique

D’abord comédien, René Clair débute sa carrière de réalisateur en 1923 (Paris qui dort, sorti en 1925) et acquiert la notoriété dès 1924 avec Entr’acte, film dadaïste commandé par Francis Picabia pour son ballet Relâche. Dès lors René Clair devient un cinéaste du muet réputé pour ses films fantastiques et ses comédies. Avec l’essor du cinéma parlant sa notoriété grandit dès son premier film sonore Sous les toits de Paris (1930) et même si le cinéaste se plaint des lourdeurs de la nouvelle technique, les contraintes induites vont le conduire à innover dans l’art de la réalisation. C’est avec ce film qu’il démarre une collaboration avec deux artistes de talent : le directeur de la photographie George Perinal et le chef décorateur Lazare Meerson (aidé d’Alexandre Trauner) qui vont être au générique des quatre films de ce coffret Blu-ray indispensable aux cinéphiles. C’est au premier que l’on doit ces travellings spectaculaires qui ouvrent les quatre longs métrages et au second que reviennent ces reconstitutions spectaculaires, au studio d’Epinay, de quartiers et de rues parisiennes plus vraies que nature. Comme analysé avec justesse dans le livret bonus, la révolution du parlant incite René Clair à reconsidérer sa mise en scène en fonction du son par simplification de l’intrigue et par limitation des dialogues, tout en ménageant des effets sonores et en évitant l’écueil du théâtre filmé. Le cinéaste a pu profiter dans ce domaine de l’expérience de son frère ainé Henri Chomette réalisateur du premier film sonore français Le Requin (1929) et qui travaille ensuite à Berlin sur des versions sonores françaises et allemandes.
Sous les toits de Paris (1930) reflète la transition difficile vers le cinéma parlant : le scénario et les dialogues de René Clair sont extrêmement limités, certaines séquences parlées se déroulent dans la pénombre et la musique d’Armand Gailhard envahit le récit. La chanson «Sous les toits de Paris» (musique : Raoul Moretti, paroles : René Nazelles/René Clair) va devenir un tube international. L’intrigue se borne à un trio amoureux qui vit sous les toits : Albert (Albert Préjean), chanteur des rues, Pola (Pola Illery), une midinette roumaine, et Fred (Gaston Modot), le malfrat. À noter qu’un des clients du restaurant est tenu par Paul Ollivier, un acteur fétiche qui jouera dans les quatre films du cinéaste. Outre la musique et le naturalisme poétique d’un Paris disparu reconstruit en studio, Sous les toits de Paris use du langage universel hérité du muet : nombre d’échanges ne sont pas entendus mais la gestuelle est suffisamment explicite. Dans ce film, qui influencera Charlie Chaplin sur le point de tourner Les Lumières de la ville, les solutions innovantes de la réalisation de René Clair concernant l’équilibre entre l’image et le son en sont encore au stade du balbutiement…
Ce qui n’est plus le cas avec Le Million (avril 1931) adapté d’un vaudeville de Georges Berr et Marcel Guillemaud. Pour son film René Clair a remplacé une bonne part des dialogues de la pièce par des chansons écrites par Georges van Parys et Philippe Parès. L’auteur avait prévenu que dans son film l’intrigue ne laisserait pas «le pas à la chanson» et que les effets comiques résulteraient «de ressources de l’ancien cinéma et celles du parlant». Véritable comédie musicale, Le Million est un film toujours en mouvement, quasi chorégraphique, rythmé de courses poursuites (toits, opéra) devançant celles des Marx Brothers. Le récit est ponctué de trouvailles admirables comme la partie de rugby (avec sons d’un match en synchronisme) avec une veste en guise de ballon, la scène des amoureux se rabibochant sur la scène de l’opéra derrière le ténor et la cantatrice ou ce plan surréaliste au commissariat avec ses personnages farfelus ! Si le film débute aussi par un travelling dans une rue parisienne, il va innover dans l’abstraction en gommant tous les arrière-plans des décors intérieurs à l’aide d’une gaze blanchâtre tendue qui nivelle les éclairages. René Clair a su composer avec une intrigue des plus minces, mais toujours traitée avec bienveillance, racontant la recherche d’un billet de loterie gagnant par Michel (René Lefebvre), un artiste peintre poursuivi par ses créanciers et amoureux de sa voisine la ballerine Béatrice (Annabella). Incontestablement, le cinéaste a su peaufiner son style, malgré les contraintes du système sonore, au point de devenir malgré lui un modèle.
Il le prouve en enchaînant avec À nous la liberté (décembre 1931) qui est sans doute le film le plus remarquable de ce coffret. Annonçant Les Temps modernes (1933) de Charlie Chaplin qui s’en est inspiré (il y a même eu un procès entre sociétés de production auquel René Clair n’a pas voulu se mêler), ce film devient culte pour les jeunes des années 30 en raison de son contenu critique, en chansons, des méfaits du capitalisme et de l’industrialisation, facteurs d’aliénation sociale. Il est question de deux bagnards, Émile (Henri Marchand) un doux-rêveur, et Louis (Raymond Cordy) : le second parvient à s’évader et devient un industriel redouté faisant construite des tourne-disques à la chaine. Le premier libéré devient un de ses employés et tombe amoureux la dactylo Jeanne (France Rolla). Dans ce film, le burlesque envahit tout le déroulement de l’intrigue qui est largement soutenue par la chanson leitmotiv de Georges Auric. Usant de perspective forcée, Lazare Meerson invente une usine immaculée aux lignes épurées géométriques, parfait écrin pour un angoissant délire visuel de ce temple de la productivité. Écrit par René Clair, À nous la liberté est une comédie élégante et rythmée qui propose une vision de gauche de la condition ouvrière (et carcérale) plus distrayante que politique. En ce sens ce film est une réussite à savourer sans attendre pour ses idées de mise en scène, ses cadrages et mouvements de caméra sophistiqués, ses effets sonores signifiants et le jeu délicieux de ses acteurs. Chef-d’œuvre
En 1933, René Clair retrouve Annabella (Anna), Pola Illery (Pola), Raymond Cordy (Raymond) et Paul Olivier (Mr. Imaque) pour tourner Quatorze Juillet dont il a écrit le scénario et les dialogues. Le cinéaste considérait ce film comme le meilleur produit par Tobis. L’intrigue tourne autour de la fête nationale sur une petite place parisienne fantasmée avec ses immeubles environnants créés par le talentueux Lazare Meerson. Ces décors, dans la veine «réaliste poétique», sont les témoins des amours compliqués du chauffeur de taxi Jean (Georges Rigaud) partagé entre deux jeunes femmes attirantes, l’une blonde, l’autre brune. Visiblement René Clair cherche à recréer en studio tout ce qui faisait le charme des bals de quartiers et des relations de voisinage. Sa mise en scène multiplie les détails savoureux, les personnages pittoresques en toile de fond et les situations comiques expressives. Pour une fois les dialogues sont plus fournis même s’ils sont souvent suppléés par le jeu des acteurs (scène sous le porche durant l’orage, mimiques du poivrot, mort de la mère, pickpockets). En raison de son importance dans la dramaturgie, la musique est à nouveau parfaitement intégrée, notamment avec le leitmotiv de la célèbre valse écrite par Maurice Jaubert, Jean Grémillon et René Clair : «À Paris dans chaque faubourg». Quatorze Juillet est une comédie romantique adroitement construite et rigoureusement filmée qui témoigne de l’amabilité coutumière du cinéaste pour tous ses personnages.

 

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Commentaire technique

Les films ont été restaurés pour TF1 Studio en 2019-2020 en 4K par Hiventy à partir d’un scan par immersion. Ils ont été restaurés au format 1,20/1 respecté à partir des négatifs originaux nitrate complétés, pour les éléments abimés ou manquants, par des copie de sécurité «marron» (contretype du négatif destiné à tirer les copies d’exploitation). Les mixages sonores ont été restaurés à partir soit d’un négatif de sécurité (Sous les toits de Paris, Le Million), soit du négatif nitrate d’origine (À nous la liberté, Quatorze juillet)

Sous les toits de Paris
Restauré en 4K à partir du négatif image nitrate et d’un négatif son français safety complété par un marron safety
Image : copie HD, assez bonne définition, variable selon les plans, et piqué correct malgré une texture argentique très épaisse (tourné en 35 mm, Master Format 4K 2019), image relativement stable et bien nettoyée bien que des lignes verticales subsistent, contraste inégal avec des variations d’intensité, noirs assez soutenus, gris assez harmonieux
Son : mixage français 2.0 monophonique non lossless, dialogues (rares et prise directe) assez clairs mais aux niveaux variables, souffle régulier, pas de distorsion, dynamique honorable, spectre sonore très limité dans les aigus et dans les basses

Le Million
Restauré en 4K à partir du négatif image nitrate, d’un marron nitrate et d’un négatif son français safety
Image : copie HD, très bonne définition avec du piqué sur les détails, texture argentique variable selon la source mais toujours discrète (tourné en 35 mm, Master Format 4K 2020) image propre (en dépit de rares défauts subsistants) et stable, bon contraste restituant les arrière-plans volontairement vaporeux, certains plans manquent parfois de densité, noirs assez soutenus, gris bien étagés
Son : mixage français LPCM 2.0 monophonique, dialogues équilibrés, voix parfois un peu plaquées, pas de distorsion et extrémités du spectre sonore moins limitées, souffle discret

À nous la liberté
Restauré en 4K à partir du négatif image nitrate et d’un négatif son français nitrate
Image : copie HD, bonne définition et piqué souvent excellent compte tenu de l’âge du film, texture argentique homogène plus perceptible dans les images provenant du contretype (tourné en 35 mm, Master Format 4K 2020), image bien stabilisée et propre, sauf rares mini imperfections, bon contraste avec des noirs francs, blancs un peu surexposés, gris variables pas très homogènes
Son : mixage français 2.0 monophonique non lossless, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion ni de souffle trop appuyé, belle dynamique sur les nombreux passages musicaux, quelques variations de niveau, spectre limité dans les aigus

Quatorze Juillet
Restauré en 4K à partir du négatif image nitrate et du négatif son français nitrate complété par un marron et un contretype safety (cf. bonus)
Image : copie HD, assez bonne définition compte tenu des divers éléments utilisés (une seule bobine du négatif nitrate original subsiste) et piqué moyen selon les plans, texture argentique omniprésente (tourné en 35 mm, Master Format 4K 2019), copie propre avec quelques rayures, assez bon contraste avec des plans de densité variable, noirs assez fermes, blancs pas toujours nuancés, échelle des gris manquant d’homogénéité
Son : mixage français 2.0 monophonique non lossless, dialogues clairs avec des irrégularités de niveau, dynamique correcte, souffle appuyé, fluctuation dans les aigus, spectre limité aux extrémités

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Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

 

IMDb
Sous les toits de Paris : https://www.imdb.com/title/tt0021409/
Le Million : https://www.imdb.com/title/tt0022150/
À nous la liberté : https://www.imdb.com/title/tt0022599/
Quatorze Juillet : https://www.imdb.com/title/tt0024480/

 

Coffret disponible chez l’éditeur 

 

Coffret Blu-ray/DVD disponible sur Amazon



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