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Marketa Lazarová - La Vallée des abeilles : deux films médiévaux majeurs du cinéaste tchèque František Vláčil (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)

Synopsis

Marketa Lazarová : en Bohême, au XIIIème siècle, christianisme et paganisme s'affrontent. Des brigands, menés par Mikolas, aux ordres du Seigneur Bouc, attaquent une caravane de chevaliers allemands qu'ils tuent sans pitié, excepté le jeune prince Kristian, qu'ils ramènent à leur camp. C'est le début d’un affrontement violent avec Lazar, allié des allemands, seigneur voisin et voleur, qui destine sa fille, la belle Marketa, au service de Dieu

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La Vallée des abeilles : au XIIIème siècle, Ondrej, fils de petits nobles, s'enfuit de la commanderie de l'ordre des croises et rentre au château familial pour se marier. Armin, devoue a l'ordre, le poursuit pour le faire rentrer dans le droit chemin.

 

  • Titre original : Marketa Lazarová - Údolí vcel
  • Support testé : Blu-ray
  • Genre : historique, drame
  • Année : 1967, 1968
  • Réalisation : František Vláčil
  • Casting : (1) Josef Kemr, Magda Vásáryová, Nada Hejna, Jaroslav Moucka, Frantisek Velecký, Karel Vasicek, Ivan Palúch, Martin Mrazek (2) Petr Cepek, Jan Kacer, Vera Galatíková Zdenek Kryzánek, Miroslav Machácek, Josef Somr, Václav Kotva, Jana Hlavácková
  • Durée : 2 h 45 mn 45 - 1 h 39 mn 48
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 2,35/1 Noir et blanc
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : LPCM 2.0 monophonique (1) tchèque/allemand (2) tchèque
  • Bonus sur le Blu-ray de Marketa Lazarová : Digipack 2 volets avec étui avec le Blu-ray du film (165 mn 45) et le DVD du film (159 mn 07) - le livre « Frantisek Vlácil : L'Esthète des contrastes » par Christian Lucas (62 pages) - La Fille de Lazare, présentation du film par Christian Lucas (2023, 23 mn 19) - Dans la toile du temps, documentaire de František Uldrich sur František Vláčil (VOST, 1989, 21 mn 23) - diaporama d'affiches et de photos (0 mn 54)
  • Bonus sur le Blu-ray de La Vallée des abeilles : Digipack 2 volets avec étui avec le Blu-ray du film (99 mn 48) et le DVD du film (95 mn 48) - Ondrej et les abeilles, présentation du film par Christian Lucas (2023, 21 mn 53) - diaporama d'affiches et de photos (0 mn 48)
  • Éditeur : Artus Films

 

Commentaire artistique

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Marketa Lazarová (1967) et La Vallée des abeilles (1968) sont deux œuvres majeures de la filmographie du réalisateur tchèque František Vláčil. Marketa Lazarová , son troisième film, révèle internationalement ses talents de cinéaste d’exception, ce que confirmera La Vallée des abeilles, son film suivant qui se déroule également à l’époque médiévale en Bohème au 13ème siècle. Néanmoins le cinéaste demeure relativement méconnu en France et la lecture du copieux livret très bien documenté qui accompagne le Blu-ray de Marketa Lazarová s’impose à qui souhaite mieux connaitre la personnalité et l’œuvre considérable de ce maître du 7ème Art.
Marketa Lazarová , son chef-d’œuvre, est parfois qualifié de plus grand film historique de tous les temps. Même si cette affirmation (par les Tchèques) est à nuancer, l’importance et la qualité artistique de cette fresque est incontestable. L’adaptation du roman, publié en 1931 par Vladislav Vančura, qui s’inspirait très vaguement de Roméo et Juliette, nécessitera sept années de co-écriture avec František Pavlíček pour être enfin mis en production en 1964. Si la version filmée est fidèle à l’esprit du roman, les auteurs modifient quelque peu l’intrigue, puisent dans d’autres romans de Vladislav Vančura (personnage du moine Bernard) et, faute de budget, suppriment les scènes à la cour royale, ce qui laisse en suspens divers faits dont le sort d’Alexandra. Le tournage épuisant, en plein hiver dans divers sites naturels (Lánská obora, Mrtvý luh, château de Klokočín), s’étalera sur plus d’une année et le budget initial sera finalement doublé. Extrêmement méticuleux, František Vláčil storyboarde la totalité de son film et veut recréer une vie médiévale la plus authentique possible : il fait faire des costumes (Theodor Pištěk) selon les techniques de l’époque et confronte ses acteurs avec les rigueurs de la nature sauvage. Bien que difficilement compréhensible à la première vision en raison de la savante confusion entretenue par les diverses expérimentations de son réalisateur, Marketa Lazarová  raconte, en deux parties, chapitrées par des titres résumés, les frictions de deux clans, l’un païen, l’autre chrétien, et les amours tumultueuses de leurs rejetons. D’un côté, il y a donc la douce et blonde Marketa (Magda Vášáryová), fille de Lazar seigneur d’Obořiště, qui en pince pour Mikoláš (František Velecký), fils de Kozlik seigneur de Rohacek. De l’autre, la fière et brune Alexandra (Pavla Polášková), fille de Kozlik, qui a cédé au saxon Kristian, ce qui rend fou furieux son amant et frère manchot Adam (Ivan Palúch). Parmi les nombreux personnages (cf. livret avec une galerie de portraits explicative), Bernard le moine (Vladimír Menšík) va jouer un rôle non négligeable dans la seconde partie. Cette intrigue, qui se situe à une époque charnière entre paganisme et christianisme, aurait pu être plus limpide si František Vláčil n’avait pas traité sa fresque selon une vision d’artiste toute personnelle qui a affecté sa compréhension. Ce parti pris est cependant louable puisqu’il parvient à nous faire ressentir les rudesses et les tourments psychologiques qui pouvaient perturber les hommes et les femmes de l’époque. Parfaitement soutenu par la magnifique photographie en scope noir et blanc de Beda Batka et par la musique d’inspiration grégorienne avec chœurs de Zdeněk Liška, František Vláčil nous entraine dans un tourbillon visuel et sonore irrésistible : caméra mobile, cadrages étudiés, éclairages tranchés, effets sonores surprenants, décalage élaboré des voix, etc. : chaque plan de son film suscite l’analyse ! Et que de dispositifs variés pour mieux exprimer le choc de la religion dans la Bohème médiévale : narration non linaire, point de vue subjectif, symbolisme exacerbé, tout dans Marketa Lazarová sollicite les sens et entretient le trouble. Pour bien apprécier cette œuvre incomparable, il faudra se laisser submerger par l’image et par le son et ne pas espérer suivre la destinée de Marketa : la jeune fille, symbole de la pureté sur le barbarisme, n’est finalement pas le personnage central de cette fresque médiévale. Admirable.
Mis en chantier en 1967, juste après Marketa Lazarová , le nouveau film médiéval de František Vláčil, La Vallée des abeilles, était censé réutiliser les décors et les costumes du film précédent pour amortir son énorme budget. František Vláčil coécrit rapidement le scénario avec le romancier Vladimír Körner : il est question de deux chevaliers teutoniques, Ondrej (Petr Cepek), qui veut quitter l’ordre, et Armin von Heide (Jan Kačer), qui veut l’en dissuader. Mais comme les décors de Marketa Lazarová ont été détruits trop vite, La Vallée des abeilles sera filmé dans d’autres sites en ex-Tchécoslovaque et en Pologne (ruines retravaillées du monastère de Kuklov, châteaux de Karlštejn, Rabí, Malborg, Lidzbark Warmiński). La très belle photographie en scope noir et blanc est l’œuvre de František Uldrich, mais comme pour Marketa Lazarová
, le film bénéficie des costumes historiques de Theodor Pištěk et de la musique suggestive de Zdeněk Liška. Initialement František Vláčil souhaitait faire jouer les rôles d’Ondrej et d’Armin par le même acteur, Jan Kačer, ce qui symboliserait les deux psychologies d’un même personnage, mais l’idée a été abandonnée pour des raisons techniques. Toujours soucieux d’authenticité, le réalisateur a demandé que tous les accessoires (meubles, vaisselle, armes, outils) soit des copies fidèles d’objets de musée. Sans égaler la puissance visuelle de Marketa Lazarová , dont il se distingue par sa narration linéaire plus aisée à comprendre, La Vallée des abeilles explore à nouveau le thème de la religion dans un contexte médiéval encore très marqué par le paganisme : le héros est confronté au conflit qui oppose le pouvoir séculier et celui de l’église avec son bras armé et ascétique de l’ordre des chevaliers Teutoniques, un dilemme qui semble résolu au plan final. Mais le film peut aussi être décrypté comme une allégorie de la situation politique de la Tchécoslovaquie « normalisée » dès 1968 (et que l’on peut rapprocher du film Pharaon de Jerzy Kawalerowicz de 1966 comme métaphore du communisme polonais face à la puissance de l’église à la même époque). Fort de son travail sur son film précédent, le cinéaste réussit à nouveau à diriger une œuvre puissante, visuellement saisissante et intensément interprétée. Les trouvailles esthétiques et la violence des situations, dans lesquelles peu de personnages semblent dominés par la douceur excepté la belle Lenora (Věra Galatíková) et le prêtre du village (Miroslav Macháček), dressent un tableau sans fard de cette période médiévale tumultueuse, déchirée entre le temporel et le spirituel. La Vallée des abeilles moins ambitieux mais plus accessible que Marketa Lazarová, confirme le brio du style très personnel de František Vláčil, un cinéaste d’exception à découvrir avec deux belles éditions blu-ray.  

 

 

Commentaire technique

Marketa Lazarová   

Le film a été restauré en 2011 à partir du négatif 35 mm original avec la participation de la Fondation ČEZ, du Film Servis Festival Karlovy Vary et du ministère de la Culture de la République tchèque et des Archives nationales du film. La restauration a été réalisée par UPP (Universal Production Partners, direction technique d’Ivo Marák) en collaboration avec Soundsquare sous la supervision d'un groupe de directeurs de la photographie (František Uldrich, Marek Jícha, Jiří Myslík).

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Image : copie HD, très belle définition et superbe piqué sur les détails, texture argentique fine et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K 2013), copie stabilisée et nettoyée de ses scories, très bon maitrise du contraste qui restitue les éclairages tranchés et certaines plans très lumineux de la photographie de Beda Batka, noirs soutenus, blancs nuancés (neige, soleil), gris harmonieux bien étagés

Son : mixage tchèque/allemand 2.0 monophonique, voix claires, souvent fortes, quoique volontairement détachées des ambiances, bonne dynamique sur les effets sonores et sur les chœurs et la musique de Zdeněk Liška, pas de distorsion ou de souffle appuyé, légère saturation occasionnelle dans les aigus 

La Vallée des abeilles

Image : copie HD, bonne définition mais piqué variable, texture argentique discrète (tournage en 35 mm, Master Format 2K), copie propre avec quelques taches et une légère instabilité, très bon contraste non exempt de mini-variations de densité, noirs soutenus, échelle des gris très harmonieuse

Son : mixage tchèque 2.0 monophonique, voix claires et équilibrées, excellente dynamique sur les ambiances et sur la musique de Zdeněk Liška, pas de distorsion, ni de saturation

 

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Notre avis

Image : etoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : Marketa Lazarová etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5) La Vallée des abeilles etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

IMDb
Marketa Lazarová : https://www.imdb.com/title/tt0063278/
La Vallée des abeilles : https://www.imdb.com/title/tt0122770/

  

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