House : un film culte psychédélique indescriptible (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Une lycéenne rend visite à sa tante malade en compagnie de six camarades de classe. Isolées dans une grande demeure perdue au milieu de nulle part, les jeunes filles assistent à d'inquiétants événements surnaturels une fois la nuit tombée.

Titre original : Hausu (ハウス)
Support testé : Blu-ray
Genre : comédie, horreur, fantastique
Année : 1977
Réalisation : Nobuhiko Ōbayashi
Casting : Kimiko Ikegami, Miki Jinbo, Kumiko Ohba, Mieko Sato, Eriko Tanaka, Masayo Miyako, Kiyohiko Ozaki
Durée : 1 h 27 mn 32
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc et Couleur
Sous-titrage : français
Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique japonais
Bonus : boîtier métal FuturePak limité - House of Time, interview inédite de Nobuhiko Obayashi par Stéphane du Mesnildot et Yves Montmayeur au festival de Tokyo 2017 (VOST, 36 mn 41) - House vu par Stéphane du Mesnildot, spécialiste du cinéma japonais (2023, 24 mn 25) - Maison truquée : les effets spéciaux de House, analyse de Fabien Mauro, auteur de « Kaiju, envahisseurs & apocalypse » (2023, 29 mn 00) - bande annonce (1 mn 24)
Éditeur : Potemkine

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Commentaire artistique

House, premier film de fiction de Nobuhiko Ōbayashi, est une comédie horrifique pour adolescents réalisé en 1977. Ce film est typique du style baroque et surréaliste du cinéaste japonais qui débuta sa carrière en dirigeant des milliers de films publicitaires et quelques œuvres expérimentales dont il va se servir pour réaliser House, mélange frénétique de techniques visuelles et d’effets en tout genre. Le scénario incongru écrit par Nobuhiko Ōbayashi aurait été en partie inspiré par une phobie de sa fille adolescente mais difficile de distinguer dans cette intrigue bizarroïde les références de ce qui pourrait relever, très vaguement, du thème classique de la maison hantée. House nous convie à suivre les péripéties horrifiques qui attendent sept adolescentes dans la demeure très particulière de la tante (Yōko Minamida) de l’une d’entre elle avec son esprit maléfique incarné par un chat blanc. Chaque jeune fille est caractérisée - tel un nain de Blanche Neige - par son apparence et son surnom qui est en VF/VO : Belle/Angel (Kimiko Ikegami), Kung-Fu/Kunfû (Miki Jinbo), Fanta/Fanta (Kumiko Ōba), Binocles/Gari (Ai Matsubara), Mach/Makku (Mieko Satō), Melody/Merodî (Eriko Tanaka) et Sweet/Suîto (Masayo Miyako). Les très jeunes actrices qui interprètent cette brochette d’ados n’étaient autres que des mannequins que le réalisateur avait dirigés dans ses films publicitaires : seule Yōko Minamida était une professionnelle à la filmographie prodigieuse (140 films). Il semble que le projet de ce film inclassable soit à attribuer au studio Toho qui souhaiter contrer le succès phénoménal du film Les Dents de la mer (1975) : dans son film House Nobuhiko Ōbayashi va donc remplacer le requin par un chat doté d’une dentition tout aussi redoutable (cf. recto coloré du FuturePak). Mais à l’inverse de Steven Spielberg qui recherchait la crédibilité, le cinéaste japonais réputé pour son sens de l’exagération dans ses pubs télé va laisser libre cours à son art créatif débridé au détriment de toute vraisemblance. C’est donc à un déluge d’image aux couleurs artificielles vives et d’effets variés (animations, collages, saccades, filtres), en particulier vidéo (une première dans le cinéma japonais) qu’il confronte le spectateur, plongé dans un malström d’actions et de sons d'un montage sans grande cohérence qui se soucie peu des raccords et des transitions. Si House débute avec une mise en scène sage et potache qui présente les divers personnages, le film devient complètement délirant une fois les filles enfermées dans cette maison possédée par démon : le mélange d’horreur, d’humour induit et de surréalisme (piano cannibale), est tout simplement un must de la bizarrerie jamais vue au cinéma et un choc pour le spectateur non averti. Malgré ses divagations et son irrationalité, House aurait, selon certaines analyses, un sens profond si on le regarde comme étant le produit d’un cinéaste dont la jeunesse a été traumatisée par le péril atomique : en effet le film fait sporadiquement allusion (y compris la tante recluse depuis la guerre) à cette menace dont ne se soucie guère la génération insouciante des ados. Mais, quelle que soit la façon de visionner House, ce film est un concentré d’originalités narratives et visuelles, oscillant entre cauchemar et surnaturel, qui s’impose comme une réappropriation créatrice psychédélique et hypertrophiée du film de genre. Le public ne s’est pas trompé malgré la critique : le film remporta un immense succès à sa sortie au Japon et son héritage ne s’est pas démenti depuis. Une expérience cinématographique hallucinante et déconcertante qui mérite d’être tentée.

Commentaire technique

Image : copie HD, définition et piqué variables selon les plans, nettement moins précis sur les effets spéciaux en vidéo, texture argentique fine (tournage en 35 mm avec caméras Panavision, Master Format 2K version restaurée à partir d’une copie 35 mm faible contraste du négatif original), bon contraste sur les images argentiques, noirs soutenus, étalonnage chaud chatoyant, colorimétrie allant du naturalisme des premières scènes aux couleurs flashy et chatoyantes des scènes finales, tons saturés sur les plans filmés avec des filtres colorés

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Son : mixage japonais 2.0 monophonique (au cinéma en 4 pistes stéréo), voix claires, pas de distorsion, excellente dynamique sur les nombreux effets sonores et la musque énergique d"Asei Kobayashi et Mikkî Yoshino, pas souffle