Le Diable boiteux : l’Histoire comme plaidoyer par Sacha Guitry (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
De la fin du XVIIIème au début du XIXème, Talleyrand, homme d'État français et rusé diplomate sert six régimes successifs, parfois opposés… Avec brio, Sacha Guitry dresse le portrait de ce maître de la trahison et du changement d'allégeance, jusqu'à son triomphe final.
- Titre original : Le Diable boiteux
- Support testé : Blu-ray
- Genre : historique, drame
- Année : 1948
- Réalisation : Sacha Guitry
- Casting : Sacha Guitry, Lana Marconi, Émile Drain, Henry Laverne, Maurice Teynac, Philippe Richard, Georges Spanelly, Renée Devillers, Jeanne Fusier-Gir, Maurice Escande, Jean Debucourt, Howard Vernon, Pauline Carton, Jean Piat, Bernard Dhéran
- Durée : 2 h 10 mn 14
- Format vidéo : 16/9
- Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
- Sous-titrage : français
- Pistes sonores : DTS-MA HD 2.0 monophonique français
- Bonus : combo avec le Blu-ray du film (130 mn), le DVD du film (124 mn) et le DVD de bonus
- Bonus sur le DVD de suppléments : Le Diable boiteux par Noël Herpe, écrivain, historien du cinéma (2023, 24 mn 42) - Le Diable boiteux par Axelle Ropert réalisatrice et critique au 51eme Festival de La Rochelle Cinéma (2023, 54 mn 59) - Fin alternative (2 mn 08) - film annonce (3 mn 05) - De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain, moyen métrage de Sacha Guitry (1944, 55 mn 53) avec introduction par Noël Herpe (9 mn 36)
- Éditeur : Rimini Éditions
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Commentaire artistique
Au début de l’année 1948, Sacha Guitry fait jouer sa pièce en trois actes « Talleyrand ou Le Diable boiteux » qu’il a écrit suite au refus par la censure de son scénario d’un film sur le personnage. En septembre 1948 il finit par réaliser Le Diable boiteux à partir de sa pièce. On comprend sa mieux sa fascination du diplomate lorsqu’on découvre dans son film les nombreuses allusions à sa propre situation : au sortir de la guerre, Sacha Guitry subit la suspicion pour son attitude pendant l’Occupation, passe deux mois en prison avant d’être relaxé mais cela va le marquer à vie. Il écrit deux ouvrages sur cette période et utilise son biopic sur Talleyrand pour donner son opinion sur la calomnie. En effet, dans Le Diable boiteux , l’auteur, réputé pour ses mots d’esprit, raconte, à sa manière et incarnant lui-même l’homme politique, la destinée chaotique du duc Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord qui se confond avec celle de l’auteur. Le prince de Talleyrand a exercé les charges d’évêque d’Autun, de député et de diplomate, de ministre des Relations extérieures du Directoire et de l’Empire, de ministre des Affaires étrangères de Louis XVIII, de président du Conseil sous la Seconde Restauration, etc. Qualifié de diplomate de génie, c’était un homme licencieux, cynique, amateur de postes prestigieux et de jolies femmes, qui a laissé l’image d’un opportuniste forcené n’hésitant pas à changer treize fois de bord politique : Napoléon le qualifiera de « merde dans un bas de soie », une allégation conservée dans le film. Le Diable boiteux peut se regarder comme un film historique pas très respectueux de la vérité des faits selon les historiens mais assumé par l’auteur (« quant aux erreurs de lieux ou de dates.. « elles sont voulues » ») ou comme une manière de plaidoyer pour justifier ses maladresses durant une période politiquement troublée comme le fut Talleyrand diplomate dans l’âme quel que soit le régime en place : l’opportunisme apparent ne faisait que masquer l’ambition d’un grand serviteur de l’État, quel qu’il fût. Trois quarts de siècle après sa sortie, Le Diable boiteux est film plutôt théâtral, entièrement filmé en studio et composé d’un enchaînement de scènes assez statiques, hormis les bals, dans lesquelles, au gré de la narration, une multitude de comédiens renommés viennent incarner diverses personnalités politiques. Pourtant le film n’est jamais ennuyeux grâce à la verve littéraire de son auteur qui ne cesse de placer dans la bouche de ses innombrables interprètes - plus que dans la pièce de théâtre - des répliques cinglantes et ses fameux mots d’esprit. Si l’on aime la virtuosité de la langue française, ce film est un régal, et malgré l’omniprésence d’un Sacha Guitry jouant, avec son persiflage coutumier et sa diction incomparable, les diplomates un brin acrimonieux, Le Diable boiteux splendidement restauré mérite d’être revu, sans négliger, par ailleurs, son moyen métrage, De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain (1944), donné en supplément.
Commentaire technique
Restauré en 4K par Hiventy en 2022 à partir du négatif image 35 mm et d’un négatif son français nitrate
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Image : copie HD, excellente définition et piqué sur tous les détails, texture argentique homogène et discrète (tournage en 35 mm, Master Format 4K restauré), copie stable et très propre, bonne gestion du contraste avec une belle restitution des éclairages de studio, noirs soutenus, blancs nuancés, échelle des gris très harmonieuse
Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues (nombreux) clairs et équilibrés, pas de distorsion ou de souffle perceptible, excellente dynamique sur les ambiances mais qui profite, surtout, à la partition de Louis Beydts
Notre avis
Image : (5/5)
Mixage sonore : (4/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0040288/
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