Bâtiment 5 : les enjeux politiques et sociaux d’une barre d’immeuble (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Haby, jeune femme impliquée dans la vie de sa commune, découvre le nouveau plan de réaménagement du quartier mené par Pierre Forges, un pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l'immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.

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Titre original : Bâtiment 5
Support testé : Blu-ray
Genre : drame
Année : 2023
Réalisation : Ladj Ly
Casting : Anta Diaw, Alexis Manenti, Aristote Luyindula, Steve Tientcheu, Aurélia Petit, Jeanne Balibar, Bass Dhem, Judy Al Rashi
Durée : 1 h 44 mn 59
Format vidéo : 16/9
Format ciné : 2,39/1
Sous-titrage : français
Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 français
Bonus : Making of (22 mn 03) - scènes coupées : judo (1 mn 29), la coupe du monde (3 mn 49)
Éditeur : Le Pacte

Commentaire artistique

D’abord titré « Les indésirables », Bâtiment 5 est le second long métrage de Ladj Ly qui a acquis la renommée avec Les Misérables (2019) primé à Cannes et aux Césars. Originaire du bâtiment 5 du quartier des Bosquets de Montfermeil, au cœur de ses films, le cinéaste, a coécrit, en connaissance de cause, avec Giordano Gederini le scénario de Bâtiment 5 sur l’insalubrité d’une barre d’immeuble et de son évacuation sans ménagement pour motifs politico-économiques inavoués. Si le film est une fiction, il s’appuie sur une connaissance pragmatique de l’intérieur de la cité et expose les complexités du problème des copropriétés insalubres laissées à l’abandon par leurs propriétaires qui ne souhaitent qu’une chose : faire du profit. Situé dans la ville fictive de Montvilliers, Bâtiment 5 est basé sur les constructions en béton des années 60 à Clichy-sous-Bois, devenues possessions de groupes privés qui les ont laissé se dégrader et qui n’abritent plus que les déshérités du système. Mal entretenus, ces immeubles sont de véritables dangers voués à l’expulsion après des dédommagements dérisoires. Bâtiment 5 aborde les thématiques complexes que soulèvent ces habitats insalubres : insécurité, autoritarisme des élus, intérêts économique et politiques, interventions policières, etc. Le film se focalise sur les enjeux politico-économiques autour d’une évacuation d'urgence et sur les conséquences tragiques de ces expulsions et de ces relogements dans des espaces restreints qui suscitent désespoir et rébellion… Tourné sur place dans un bâtiment désaffecté, Bâtiment 5 réunit une partie du casting du film de 2019 : Jeanne Balibar incarne Agnès Millas, une politique sans état d’âme, Alexis Manenti est Pierre Forges le maire par intérim sans doute un peu naïf et Steve Tientcheu joue son premier adjoint Roger Roche, symbole de l’élu natif de la cité dont le passé trouble et les compromissions expliquent l’ambiguïté de son attitude. L’héroïne du film est une jeune femme d’origine malienne, Haby Kelta interprétée par Anta Diaw, qui s’oppose au projet de réaménagement avec expulsion de ses modestes habitants. Elle n’a d’autre soutient que son ami Biaz (Aristote Luyindula) qui n’aura pas sa force de caractère. Disposant de moyens plus confortables que pour son premier film, le réalisateur nous offre une vision plus spectaculaire avec usage de drones, de steadycam et de grue capables de saisir la dynamique des scènes d’action (mairie, expulsion) écrites pour le spectacle. Bâtiment 5 est un film engagé qui concrétise le combat contre la démission des autorités en matière de politique de la banlieue et de l’immigration, pointant avec virulence la prévarication du pouvoir. Démultipliant les caractères et les situations tendues, Ladj Ly dirige un film nourri d’une thématique complexe qui se veut aussi implacable que documentée : son intrigue fort bien amenée permet de découvrir les arcanes et les pièges du système tout en conservant le suspense dramatique nécessaire à la fiction. Riche idée que de développer l’émergence de deux novices en politique, Haby et Pierre, qui vont s’affronter par le biais du sort du bâtiment n° 5 : bien que le manichéisme évident de cette intrigue soit parfois un peu chargé, la justesse de l’évocation et son souhait d’aborder toutes les aspects en les nuançant sont plutôt bienvenus. Un poil plus mélo que Les Misérables, on pourra difficilement reprocher à Bâtiment 5 l’extrême authenticité de sa vision quasi documentaire ! Intéressant.

Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition et piqué sans faille sur les détails, texture argentique discrète (tournage en 35 mm avec caméras Arri Alexa 35), contraste naturaliste avec des images lumineuse aux noirs francs, étalonnage froid en extérieurs et chaud en intérieurs, colorimétrie nuancée aux teintes réalistes

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Son : mixage français 5.1, dialogues très clairs et équilibrés, très bonne dynamique sur les ambiances (meeting, manif, CRS…) et sur la musique, spatialisation ample et immersive aux effets surrounds très efficaces (mairie, expulsion), LFE ponctuel et énergique