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Exposition : Bon Boullogne (Dijon)

Bon Boullogne-affiche

(1649-1717) Un chef d’école au Grand Siècle
commissariat général : Rémi Cariel
commissariat scientifique : François Marandet

LA SUITE APRÈS LA PUB

du 5 décembre 2014 au 5 mars 2015
Musée Magnin
4 rue des Bons-Enfants - 21000 Dijon
www.musee-magnin.fr
Cette exposition est organisée par la  Réunion des musées nationaux Grand-Palais et le musée Magnin
www.grandpalais.fr

Avec Jean Jouvenet, Louis de Boullogne, Antoine Coypel, Charles de La Fosse, le peintre Bon Boullogne demeure l’un des peintres d’histoire qui marqua durablement par son œuvre la fin du règne d’un grand monarque : Louis XIV.

Cette exposition a le mérite de sortir de l’anonymat et de l’oubli un peintre qui restait relativement inconnu par rapport à ses contemporains  et méritait amplement une redécouverte. Sans pourtant manquer d’originalité la peinture de Bon Boullogne n’en subit pas moins de multiples influences provenant tantôt des grands Bolonais, tantôt de certains maîtres hollandais. En dehors de son œuvre considérable, Bon Boullogne va exercer une influence notoire sur les jeunes disciples qui vont œuvrer au sein de son atelier. Joseph Christophe, Michel Serre, Jean-Baptiste Santerre, Claude Verdot, Daniel Sarrabat, Louis de Silvestre, Pierre Dullin, Robert Levrac-Tournières, Sébastien Leclerc, Jean Raoux, Alex Grimou,  Pierre Jacques Cazes et Nicolas Bertin seront d’ailleurs les plus brillants peintres issus de cet atelier de Bon Boullogne. Nombre d’entre eux occuperont des postes enviables et contribueront à travers leurs œuvres à perpétuer la mémoire et la manière de Bon Boullogne. Bien qu’ayant acquis sa renommée et sa célébrité en tant que peintre d’histoire, Bon Boullogne s’impose dans cette exposition comme un peintre abordant avec une très grande maîtrise un genre cher au XVIIe siècle : la mythologie.
Un tableau provenant du Musée du Louvre nous conforte dans cette opinion. Il s’agit en fait d’un tableau aux dimensions respectables intitulé « Hercule combattant les centaures ».On peut admirer la science de la composition, le sens du mouvement et l’utilisation d’une palette plutôt sobre favorisant les tonalités allant de l’ocre au brun. S’enfonçant encore davantage dans le royaume des dieux, Bon Boullogne nous propose sa vision de « Vénus à sa toilette et Mercure », un tableau aux proportions encore plus considérables puisqu’il s’agit d’un format de 287x175 cm. Bon Boullogne renonçant aux couleurs sombres s’orientant vers le brun ou les verts sombres va au contraire subir l’influence de l’Italie et de sa lumière. L’artiste, défiant les lois de la gravitation va nous révéler Mercure survolant Vénus entourée comme il se doit d’une foule de chérubins batifolant dans un environnement de rêve. Une section de l’exposition nommée La prospérité (1699-1717) revient à la veine historique de Bon Boullogne, anticipant d’une certaine façon sur l’œuvre de David qui lui aussi à l’instar de ce dernier, explorera le thème des héros grecs. L’œuvre illustrant ce thème « Les Adieux d’Hector et Andromaque » provient du Musée des Beaux-Arts de Troyes et atteint déjà d’extraordinaires dimensions de 250x283 cm .Elle semble avoir été conçue par l’artiste comme une sorte de preuve de ses capacités de peintre, permettant son accès au service de Philippe V roi d’Espagne. L’œuvre frappe par son aura tragique confrontant le héros aux supplications inutiles des femmes éplorées cherchant vainement à le retenir. Ici la palette redevient sombre et renonce définitivement à la lumière venue de l’Italie. Dans la troisième partie de l’exposition (La prospérité), qui concerne les œuvres ultimes de Bon Boullogne , un tableau d’assez grandes dimensions (132x163 cm) attire infailliblement le regard du visiteur. Il s’agit d’un tableau intitulé Pyrame et Thisbé contant la triste destinée de ces deux amants infortunés. Bon Boullogne traite ce délicat et tragique sujet en s’inspirant ouvertement de Nicolas Poussin. Le traitement du paysage peuplé d’arbres sinistres, la surprise épouvantée de Thisbé découvrant Pyrame mourant, contribuent à rapprocher ce tableau de celui de Nicolas Poussin « Tancrède et Herminie » que possède le musée de l’Hermitage à Saint-Petersbourg. Si les thèmes traités par Bon Boullogne(Histoire, mythologie) ont établi son renom de manière définitive, il faudrait aussi ajouter qu’un autre art triomphe également  à la cour de Louis XIV. Il s’agit bien sûr de l’opéra, qui lui aussi va s’emparer de thèmes tant historiques que mythologiques. Le plus célèbre des compositeurs d’opéras au service du roi Louis XIV sera bien entendu Jean-Baptiste Lully qui composera, sur le même sujet que Bon Boullogne, Acis et Galatée basé sur un livret de Jean-Galbert de Campistron  qui sera créé au château d’Anet en 1686.Un autre tableau  dû à Michel Serre, disciple de Bon Boullogne et intitulé Renaud et Armide fera lui aussi l’objet d’un opéra composé par Lully. Le livret sera de la main de Philippe Quinault et l’opéra sera en fait créé en 1703.Probablement fasciné par la légende d’Actéon, Bon Boullogne peint un tableau représentant la terrible rencontre entre Diane et Actéon. Rencontre funeste pour le téméraire Actéon qui sera transformé en cerf par la terrible Diane, courroucée d’avoir été découverte par un mortel. C’est à Marc-Antoine Charpentier que nous devons ce bref opéra en un acte(Actéon) qui verra sa création vers 1683/1685. Louis de Silvestre, autre disciple de Bon Boullogne sera l’auteur d’un tableau relatant la légende de Bacchus et Ariane. Sur ce même sujet, le compositeur Marin Marais composera un opéra (Ariane et Bacchus) basé sur un livret de Saint-Jean qui sera créé le 8 mars 1696. La toute dernière partie de l’exposition du Musée Magnin consacrée à Bon Boullogne concerne les disciples de celui-ci. Un fascinant tableau de Jean-Baptiste Santerre figure dans cette ultime section. Il s’agit d’un tableau circulaire intitulé « Une Parque », représentant la terrible Lachésis qui, avec cruauté, tranche à l’aide de ciseaux l’éphémère existence des malheureux humains.
Bien que manifestement influencé par la peinture hollandaise, « L’Automne »peint par Robert Levrac-Tournières, un autre disciple très doué de Bon Boullogne, séduit par une palette d’une grande richesse. Un autre disciple de Bon Boullogne, Joseph Christophe,  peint une scène terrible représentant Persée tranchant la tête de la Gorgone Méduse. Ce tableau n’est encore qu’une esquisse, ce qui ne l’empêche nullement de dégager une violence sans pareille. Au terme de cette exposition qui n’aurait jamais vu le jour sans l’action de  Rémi Cariel (commissariat général) et de François Marandet (commissariat scientifique) nous avons la conviction qu’une sorte de résurrection providentielle a été ainsi accordée à un peintre un peu trop hâtivement relégué aux oubliettes de l’Histoire de l’Art . Cette importante présentation d’œuvres permet de remettre  cet artiste à sa juste place et saura certainement séduire le public de Dijon et d’ailleurs.

Texte de Michel Jakubowicz 

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