La Nuit des Rois au Théâtre de la Tempête
La Nuit des Rois de William Shakespeare, adaptation Jude Lucas
Mise en scène : Clément Poirée
14 janvier - 14 février 2016, Théâtre de la Tempête
Cartoucherie, route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris
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Comme souvent chez Shakespeare chaque pièce est une sorte de voyage effectué au pays de l’illusion, du travestissement de la réalité, où chaque personnage semble impérativement soumis à subir des métamorphoses imposées par le déroulement d’une intrigue complexe aux rebondissements inattendus. La Nuit des Rois n’échappe pas à ce schéma et impose à ses personnages une folle course dans les ténèbres et dans le labyrinthe des passions humaines.
Si les vaines avances enamourées du Duc Orsino laissent de marbre La Comtesse Olivia, objet de cette brûlante passion, cette dernière subira de la part de celui qu’elle adore secrètement (Césario) de terribles rebuffades. Mais Shakespeare ne s’en tient pas seulement aux intrigues amoureuses se tissant entre les différents protagonistes. Il possède également le don d’imaginer des personnages ridicules, ce qu’il fait en créant Malvolio, sorte de majordome dévoué corps et âme à la maîtresse qu’il sert et qu’il adore éperdument en secret : Olivia la belle Comtesse. Ce prétentieux personnage va être victime d’une terrible machination destinée à le ridiculiser à jamais et faire de lui le plus pitoyable pitre de ce royaume. Cette machination sera l’œuvre de Maria, une suivante de La Comtesse et fera pratiquement sombrer dans la folie, Malvolio, victime d’une fausse lettre dans laquelle il croit découvrir une déclaration d’amour de La Comtesse, faite à l’égard de sa personne. D’autres personnages comme Le Fou sous leur apparence trompeuse de pauvre hère, n’en délivrent pas moins d’incroyables messages plein de vérités fulgurantes. Mais ce personnage un peu trop hâtivement qualifié de Fou aime se faire rétribuer pour ses révélations et empoche tout ce qu’il peut en récompense de ses confidences. Bien que pris dans un incessant tourbillon ce flot ininterrompu de passions et d’intrigues en tous genres va finalement atteindre des rives plus sereines, dénouant ainsi des conflits amoureux apparemment inextricables. La mise en scène de Clément Poirée s’attache d’abord au côté truculent de personnages tels que Sir Toby (parfaitement campé par Eddie Chignara), ainsi que Le Fou ( lui aussi interprété magnifiquement par Bruno Blairet).Mais habilement dirigés, Morgane Nairaud (Césario), Camille Bernon (Maria),Claire Sermonne (La Comtesse)Matthieu Marie(Le Comte),Laurent Menoret (Malvino),Julien Campani(Fabien/Antonio/Curio) et Mustafa Benaibout (Sir Andrew) savent aussi donner à leur personnages toute l’épaisseur nécessaire. Au total un spectacle dédié à une pièce de Shakespeare qui ne se contente pas de développer de multiples intrigues amoureuses mais qui effectue aussi fréquemment d’improbables détours dans le monde de la moquerie et de la dérision. Un élément non négligeable contribue à ancrer cette comédie de Shakespeare dans le monde britannique. Il s’agit de ces quelques Songs chantés par Le Fou, judicieusement accompagnés par un instrument très emblématique de la Grande Bretagne : la concertina.
Michel Jakubowicz
La Nuit des Rois de William Shakespeare, adaptation Jude Lucas
Mise en scène : Clément Poirée
Moustafa Benaïbout, Sir Andrew
Camille Bernon, Maria
Bruno Blairet, Feste (Le Fou)/ Le Capitaine
Julien Campani, Curio/Antonio/Fabien
Eddie Chignara, Sir Toby
Matthieu Marie, Orsino (Le Comte)/Un officier
Laurent Menoret, Malvolio/Un officier
Morgane Nairaud, Viola (Césario) / Sébastien
Claire Sermonne, Olivia (La Comtesse)Scénographie, Erwan Creff
Lumières ,Kévin Briard
Musique, Stéphanie Gibert
Costumes, Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy
Maquillage et coiffure, Pauline Bry
Collaboration artistique, Sacha Todorov
Régie générale, Farid Laroussi
Habillage, Emilie Lechevalier et Léa Delmas
Régie, Laurent Cupif et Michaël Bennoun
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