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Exposition Hubert Robert (1733-1808), Un peintre visionnaire (Le Louvre, Paris)

Hubert Robert peinture Louvre

Hubert Robert (1733-1808), Un peintre visionnaire
Exposition au Louvre, Hall Napoléon
9 mars - 30 mai 2016
Exposition organisée par le Musée du Louvre et la National Gallery of Art, Washington où l’exposition continuera du 26 juin au 2 octobre 2016.
www.louvre.fr

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Le nom d’Hubert Robert évoque avant tout, pour l’amateur de peinture, un artiste dont le talent ne se serait exercé que dans le domaine du paysage et de ruines antiques envahies d’inextricables végétations. Le commissaire d’exposition Guillaume Faroult, aussi conservateur en chef du Patrimoine au département des Peintures du musée du Louvre, a effectué avec cette exposition la mise en valeur du travail d’un peintre hors du commun, capable d’apporter un démenti formel à cette vision restrictive.

Si l’on observe d’un peu plus près la carrière d’Hubert Robert, on s’aperçoit que son rôle dans la période pré -révolutionnaire est essentiel. On lui doit notamment la réalisation d’extraordinaire décors pour la cour de France. Fasciné par l’architecture, il va inventer un nouveau concept qui va apparaître de façon récurrente dans bon nombre de ses tableaux : façonner d’improbables paysages structurés par d’incroyables édifices défiant parfois les lois de l’équilibre. Si les décors de palais princiers ou royaux se sont exprimés  d’abord  à la cour de France ils ont également été requis pour Rambouillet, Bagatelle et même jusque dans la lointaine Russie.
Hubert Robert a produit une œuvre colossale embrassant de nombreux genres puisque le musée des Beaux-Arts de Valence peut s’enorgueillir d’une vaste collection de ses dessins exécutés à la sanguine. Mais le peintre lègue aussi à la postérité des caprices architecturaux étonnants, des gravures, des esquisses peintes ainsi que des peintures monumentales. L’artiste exerce aussi ses immenses compétences dans le domaine des grands jardins paysagers ainsi que dans celui du mobilier puisqu’il réalise plusieurs pièces pour la reine Marie-Antoinette. Lorsque l’on arrive à la fin de l’exposition, il est bien évident que la stature du peintre Hubert Robert s’est quelque peu rehaussée dans notre esprit et que ce peintre, dont le génie semble tout embrasser, vient d’acquérir soudainement une dimension exceptionnelle. La visite de l’exposition s’ouvre sur son portrait exécuté avec énergie et force par Elisabeth-Vigée Le Brun.

hubert robert pont gard

De son séjour romain, Hubert Robert hérite d’une passion réelle pour tout ce qui touche à l’antique comme par exemple dans Le Port de Rome ou dans ce fascinant tableau Les Découvreurs d’antiques, dans lequel un personnage muni d’une torche providentielle fait découvrir d’étranges décors à un richissime touriste amateur de ruines antiques. Dessinateur prodigieux, Hubert Robert nous offre une superbe Etude de plantes exécutée à la sanguine vers 1762, opinion confirmée avec L’escalier tournant au palais Farnèse à Caprarola, dessin exécuté également à la sanguine vers 1764, en peine période italienne de l’artiste. Il aime aussi présenter de minuscules personnages semblant écrasés par d’énormes architectures menaçant ruine dans L’Ancien Portique de l’empereur Marc-Aurèle, un tableau imposant peint en 1784.
Dans cette même optique, Hubert Robert peint en 1783 Caprice architectural avec un canal surplombé par une arche en ruines et couverte d’une végétation envahissante qui semble menacer d’écrasement les barques chargées de promeneurs qui passent sous sa voûte. En 1787, Hubert Robert peint un tableau monumental : le Pont du Gard qui, bien que totalement en ruines, continue stoïquement à défier le temps. Spectateur de la Révolution française qui vient d’éclater à Paris, l’artiste peint La Bastille en cours de démolition, proposant aussi un Projet pour la transformation de la Grande Galerie (Louvre) dans un tableau peint en 1796. C’est vers 1762-1764, qu’il exécute  à l’huile sur bois Les Polichinelles musiciens qui irrésistiblement font songer à Tiepolo. Toujours inspiré par l’Italie et ses paysages fantasques pleins d’imprévus, Hubert Robert nous offre ce tableau gigantesque Paysage avec cascade inspiré de Tivoli dans lequel architectures et cascades en furie semblent menacer les personnages observant ce décor prodigieux. Enfin semblant provenir d’un rêve délirant, Hubert Robert peint en 1798 : Obélisque brisé autour duquel dansent des jeunes filles. Trois pyramides de la lointaine et antique Egypte se profilent à l’horizon, accentuant encore davantage l’impression que procure cet étrange tableau opposant la grâce des danseuses  à ce décor  oppressant.
Autre détail significatif revenant de manière presque obsessionnelle dans l’œuvre d’Hubert Robert : La présence au sein des gravures et tableaux d’un artiste travaillant sur le motif. S’agit-il d’Hubert Robert lui-même tentant ainsi de s’immortaliser, échappant à l’inexorable fuite du temps dévorant nos fragiles existences ? Le visiteur au terme de cette exposition sort ébloui de ces paysages grandioses, de ces architectures en ruines, convaincu d’avoir été en présence d’un peintre visionnaire soudainement redécouvert.
Michel Jakubowicz

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